Le miel

L'apiculture, Emmazucht, (die Bienenzucht) telle qu'on l'entend aujourd'hui, c'est-à-dire l'élevage organisé des abeilles, date du 19ème siècle. Elle constitue une branche à part entière de l'agriculture.

Auparavant, l'apiculteur, dr Emmavàtter, dr Emmalakenig, (der Imker, « aparius »), se contentait de capturer l'essaim sauvage, dr Schwàrm , dr Emmaschtos, (der Schwarm), de le loger dans une ruche, dr Emmakorb (en osier, en bois, ou en terre cuite), d'installer le rucher, s'Emmahüs (das Bienenhaus) à l'abri des intempéries et dans un enclos pour le protéger des animaux sauvages (particulièrement des ours, très friands de miel), de le surveiller et de récolter le miel, dr Hunig (der Honig) et la cire, dr Wàcks (das Bienenwachs).

Au Moyen-Âge, dans nos régions, le miel était tout d'abord « cueilli » dans la forêt. Puis, on capturait les essaims sauvages et on les installait dans des enclos à proximité des châteaux et des abbayes sous la responsabilité d'agents seigneuriaux spécialisés, les « apicularii ». En l'an 800, sous le règne de Charlemagne, le capitulaire « De villis » a réglementé, pour la première fois, l'activité apicole. Les produits des abeilles, les « mouches à miel », avaient une valeur non négligeable. Nombreuses furent, à cette époque, les redevances en miel. La cire, quant à elle, servait à la fabrication des cierges et des chandelles, ce qui peut expliquer l'installation de ruches à proximité des abbayes.

Dans l'Antiquité, l'utilisation du miel s'était généralisée dans tout le bassin méditerranéen. Ses usages étaient multiples : en cuisine, pour la conservation des fruits, la fabrication de friandises (sirops et pâtes de fruits), la préparation de sauces aigres-douces et de boissons (hydromel, Hunigwàsser) ; en médecine pour le traitement des affections des voies respiratoires et du tube digestif. On peut citer les ouvrages du gastronome romain APICIUS (« De re coquinaria »), de l'agronome COLUMELLE (« De re rustica ») et des médecins grecs DIOSCORIDE et GALIEN.
Ses propriétés conservatrices étaient également utilisées, notamment pour l'embaumement des cadavres : le corps d'Alexandre le Grand fut ainsi recouvert de miel.
Il entrait aussi dans la composition de nombreux cosmétiques.
La cire, quant à elle, fut utilisée pour assurer la fermeture étanche des récipients. Elle servait aussi à la confection de tablettes d'écriture.

Les hommes avaient commencé à récolter le miel dès la Préhistoire, vraisemblablement à partir de la fin du Paléolithique.

L'abeille, s'Emmala, (die Biene) est présente sur la planète depuis fort longtemps : une abeille fossilisée datant de 60 millions d'années a été découverte dans de l'ambre de la Baltique.

BIBLIOGRAPHIE ET SOURCES
Paul VANNIER : « L'ABCdaire du Miel »
Flammarion 1999
Liliane PLOUVIER : « Quand le miel coulait à flots dans la confiserie »
« L'Histoire » N° 109 - mars 1988

ILLUSTRATIONS
Gravure rupestre (grotte de l'araignée -Espagne : 8 000 à 12 000 ans av. JC) détail
Pierre BRUEGEL l'Ancien : « Les apiculteurs » détail

Bernard Grunenwald