L'ours
L'ours occupait probablement déjà une place importante dès les temps préhistoriques, dans les rites magiques liés à la chasse notamment. Des gravures pariétales datant du magdalénien (il y a 15 000 ans environ) en témoignent.
A l'époque celtique, les Helvètes des environs de Berne adoraient la déesse ARTIO ( = l'ourse en langue celte), une divinité guerrière. L'ARTEMIS primitive d'Arcadie (ARGOTERA), déesse de la chasse et de la forêt dans la mythologie grecque, avait également une ourse pour symbole.
L'ours était l'animal emblématique des peuples germaniques qui se sont installés dans toute l'Europe après la chute de l'Empire romain. Porteur des valeurs des civilisations orales, « barbares », du nord, le mythe primitif de l'ours s'est trouvé confronté, au cours du Moyen-Age, à l'Eglise qui l'a combattu sans relâche. La légende de SAINTE RICHARDE, à Andlau, est un témoignage de la rencontre entre la symbolique païenne et les conceptions chrétiennes, qui finiront par l'emporter.
Considéré comme le « roi des animaux » jusque là, l'ours fut peu à peu détrôné par le lion, symbole des civilisations écrites du sud de l'Europe, fondements de l'Eglise chrétienne.
A la fin du Moyen-Age, il n'est plus qu'un animal déchu, une bête de foire, symbole de paresse, de luxure et de gloutonnerie.
De nombreuses traces rappellent la présence de l'ours dans la région.
Ainsi, dans la forêt de la Hardt, on relève le Bärenrain entre Munchhouse et Blodelsheim. Dans le Sundgau subsistent également quelques lieux-dits : le Baeracker à Obermorschwiller et le Baeressengraben près de Dannemarie, par exemple.
Mais c'est surtout dans la montagne vosgienne que les réminiscences sont les plus nombreuses. Ainsi, et pour ne citer que des lieux situés dans le Haut-Rhin, on connait encore aujourd'hui : le Baerenkopf et le Baerenloch au-dessus de Kirchberg, le Baerenthal près de Bitschwiller, le Baerenacker à Breitenbach, le Baerengarten à Wintzfelden, le Baerenstall non loin du Collet du Linge et la Baerenhütte dans la région de Ribeauvillé. Il convient d'ajouter à cette liste plusieurs ruisseaux appelés Baerenbach.
Plusieurs prénoms font directement référence à l'ours.
Certains comportent la racine « Art » (= ours en langue celtique), tels Arthur.
D'autres sont d'origine latine. Il s'agit d'abord d'Urs (en latin « Ursus » = ours), encore usité à l'heure actuelle en Suisse, et ses dérivés : Ursule (d'Ursula = petite ourse gentille), Ursuline,...
D'autres enfin, dont la racine est « Bär » (ours en allemand), ont une origine germanique : Bernhard (littéralement : ours robuste ; robuste comme un ours), Bernard,...
Parmi les patronymes qui font référence à l'ours, on peut citer (la liste n'est pas exhaustive) : BAEHR -
BAER - BAEHREL - BAEREL - BAERENZUNG - BEHR - BERN - BERNARD - BERNARDIN - BERNARDON - BERNHARDT - ...
Un « ours mal léché » (péjoratif) est un personnage grossier qui ne peut s'accommoder de personne.
BIBLIOGRAPHIE ET SOURCES
Felix GUIRAND : « Mythologie générale » (Larousse 1994)
Michel PASTOUREAU : « Ours, lion, aigle, enquête sur le roi des animaux »
(in « L'histoire » n° 114)
Michel PASTOUREAU : « L'ours, histoire d'un roi déchu » (Seuil 2007)
Jean-Marie NICK : « Des prénoms et des noms anciens devenus noms de famille » (BERGHA N°97 pp 3085 ss)
Cartes IGN
ILLUSTRATIONS
ours lapidé et percé de flèches : gravure pariétale des Trois-Frères dans l'Ariège)
(« Mythologie générale »)
la déesse ARTIO (« Mythologie générale »)
l'ancien roi des animaux (« L'Histoire » N° 114)
Bernard Grunenwald
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