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Deybach

Retraçons l'histoire de la famille Deybach dont l'origine, avant 1655, demeure un mystère entier.

Lorsque débutent les registres paroissiaux de Gueberschwihr, en 1658, on y relève bientôt des membres d'une famille qui n'existait pas encore dans ce village avant la guerre de Trente ans : les Deybach. L'origine de cette famille, arrivée comme plusieurs autres après la fin du conflit, demeure pour l'heure mystérieuse. Certains évoquent la Suisse, d'autres l'Autriche, mais les registres de Gueberschwihr sont muets sur la question, et le premier Deybach du village conservera donc le secret de ses racines. Ajoutons la piste allemande avec le village de Mahlberg près d'Offenburg où des familles Deybach sont attestées dès les premières années du XVIIIe siècle.

En Alsace, les Deybach sont plus anciens que cela. Alain Eckes a relevé la présence de Jacob Deubach, de Gueberschwihr, dans un terrier de Gundolsheim où il tient des terres dès 1655. Ce Jacob Deybach, figure dès 1661 dans les registres paroissiaux de Gueberschwihr avec son épouse Anna Maria Moeglen. Or, les Moeglen sont une très ancienne famille de Gundolsheim.

Les anciens Daubach

Curieusement, une ancienne famille Daubach, Deuber ou Deber, déjà essoufflée au début du XVIIe siècle et éteinte à la guerre de Trente ans, vivait à Gundolsheim : sa première mention connue date de 1598 et sa dernière de 1626. Y aurait-il un rapport entre Jacob Deybach de Gueberschwihr qui, rappelons-le, possède des terres à Gundolsheim en 1655, et cette vieille famille ? Jacob Deybach est-il le dernier membre de cette lignée ancienne qui existait aussi à Merxheim à la fin du XVIe siècle ? Des Daubach sont également connus vers 1580 à Wuenheim et en 1620 à Soultz. Mystère...

À Gueberschwihr, on peut relever en 1680 le mariage de Caspar, fils de Jacob Deibach, avec Magdalena, fille de Jost Burckhart ; cette famille, comme plusieurs autres du village, est venue du canton de Lucerne quelques années auparavant. Leur fils Hans Jacob, né en 1681, sera ordonné prêtre en 1707. En 1685, le célibataire Lorentz Deybach convole avec Regina, la fille de Hanß Jacob Seiller. Ces deux unions sont les premières de la famille Deybach à figurer dans le registre des mariages de Gueberschwihr débutant en 1658. Nulle trace, donc, du mariage de Jacob Deybach l'ancien, qui tient en 1689 encore un Schatz (ancienne mesure) de vignes appartenant à l'évêché de Strasbourg. Antony Deybach, cité lui aussi dans cet urbaire de 1689, tient également 1 Schatz .

Les registres paroissiaux du village permettent de constater que la famille s'est unie aux XVIIe et XVIIIe siècles aux familles Burckhart, Seiller, Hitzberger, Schimmel, Weck, Düringer, Beck, Burr, Moos, Würth, Lichtlen ou Lichtlé, Bernhard, Donat, veuve Lichtlin, Sutter, Scherb, Brendlé de Colmar, Wagner, Mächtlin, Soland, Ramser, Bitzberger, Lang, Plaignat, Hunckler, Welcker, Issner, Haury, Meyer, Weiss, Bovière, Schultz, Müller, Bopp, Binder... En 1739 et 1758, Jacobus Deybach, époux d'Anastasia Weck, est dit « sutor », cordonnier. En 1770, nous apprenons que Jean Deybach est tailleur de pierres et maçon, lorsqu'il épouse Anna Maria Birr (Burr) : voilà les rares indications de profession avant la Révolution !

Un très grand nombre d'habitants de Gueberschwihr signe en mars 1789 un cahier de doléances, ce qui nous permet aujourd'hui de voir en un coup d'oeil que la famille Deybach compte alors au moins sept hommes adultes prénommés Jean, Mathis, Valentin, Antoine, Thomas, Nicolas et Jacques.

De nombreuses vocations

Né à Gueberschwihr en juin 1806, Mgr Joseph Deybach devient évêque en Bavière et revient s'établir en 1861 à Ingersheim où il meurt en 1889, après avoir consacré sa vie à encourager l'éducation de jeunes gens et de jeunes filles en fondant des écoles à Lautrach et à Memmingen (Bavière). Loin d'être l'unique membre de sa famille à entrer dans les ordres, Mgr Joseph Deybach est né au presbytère de Gueberschwihr qui, Révolution oblige, a été vendu en 1798 comme bien national à Michel Cronenberger, descendant d'un immigré du canton de Lucerne. Sa fille est l'épouse d'un Deybach qui vit alors également là avec sa famille ! François-Joseph Deybach et Marie Madeleine Cronenberger ont quatre enfants : Marie-Madeleine (née en 1801) et Marie Rose Deybach (née en 1804) qui deviennent toutes deux soeurs de Ribeauvillé. On peut compter d'autres Deybach encore parmi les hommes et les femmes entrés dans les ordres.

Une vaste répartition

Léon Deybach a vécu à Gundolsheim de 1859 à 1931  

Venue sans doute de Gueberschwihr, la famille se retrouve à Pfaffenheim avec Erasmus Deibach, dès les années 1680. Plus tard, on trouvera les Deybach à Rouffach, Riedwihr, Colmar, Guebwiller, Soultz, Lautenbach-Zell, Nidermorschwihr, à Ribeauvillé, mais aussi à Thann et même à Bernardswiller... Mais c'est surtout à Gundolsheim et à Wasserbourg que deux grandes branches vont émerger.

Les Deybach de Gundolsheim arrivent (ou reviennent ?) dans ce village vers 1753 avec François Joseph, époux d'Elisabeth Ravell. Une nouvelle fois, le mystère est total : rien n'indique l'origine de ce Deybach, mais on peut affirmer que, contrairement à une tradition familiale, il n'est pas venu de la vallée de Munster où les Deybach ne se sont installés que plus tard, en provenance de Gueberschwihr (voir plus bas). Il ne fait en réalité pas de doute que cette branche est issue, comme les autres, du berceau que constitue Gueberschwihr, soit directement, soit via un village des alentours. À Gundolsheim, les Deybach s'uniront entre autres aux familles Mössmer, Gassmann, Biehler, Thuet, Gross, plus récemment aux Stoecklé, Dresch, Hannauer et Hanauer.

Plusieurs candidats à l'émigration

Comme plusieurs autres villageois ayant le désir de construire une autre vie dans le Nouveau Monde, Dominique Deybach de Gundolsheim émigre le 17 mars 1853 à la Nouvelle-Orléans. En 1817, le maréchal-ferrant Xavier Deybach de Gueberschwihr a déjà demandé un passeport aux mêmes fins, mais selon les recherches de son arrière-arrière-petit-fils Paul Isel, il s'est établi finalement à Saint-Amarin, puis à Voegtlingshoffen. En revanche, son fils Xavier a émigré en Algérie en 1872 mais y est décédé trois mois plus tard. Ses enfants font néanmoins souche dans ce lointain pays. Cette même année, lorsque notre région devient allemande, un Deybach de Gueberschwihr et un « cousin » de Wasserbourg (voir plus bas) choisissent tous deux de rester français et de quitter l'Alsace.

D'r Deybach Schang

Alice Hanauer, née Deybach, nous fait part de cette drôle d'anecdote : son grand-oncle Jean Deybach, qui vit fin XIXe, début XXe, ne désire pas découvrir le Nouveau Monde. Ce boucher de Gundolsheim préfère se rendre régulièrement à Pfaffenheim avec son attelage pour y vendre sa viande. Chemin faisant, Jean chante alors à tue-tête : « Isch das net d'r Deybach Schang mit sinem altà Schàr-à-Bang ?! » Autrement dit : « N'est-ce pas là le Deybach Jean, avec son vieux char à bancs ?! »

De Gueberschwihr aux fermes-auberges

Par le col, ce n'est qu'un saut de puce que d'autres ont déjà réalisé avant eux, à pied ou à dos de bête : la route de montagne qui mène de Gueberschwihr ou d'Osenbach à Wasserbourg est de longue date empruntée par nos ancêtres. Parti s'installer de Gueberschwihr à Wasserbourg, François-Joseph Deybach, fils de Joseph Deybach et de Marguerite Dornstetter, épouse en 1821 Anne Marie Florentz. Leurs fils Sébastien et Camille se marieront respectivement avec Catherine Bobenriether (famille originaire de Kruth) en 1860 et avec Eugénie Resch, de Wasserbourg, en 1897. Une nouvelle souche est donc née dans la vallée de Munster, souche qui perdure jusqu'à ce jour et constitue une véritable dynastie de fermiers-aubergistes qui nous accueillent sur les chaumes (Kahlenwasen, Steinlebach, Schnepfenried, Gaschney, Steinwasen, Molkenrain et Breitzhouse). Il devient ici clair que ce n'est pas dans la vallée de Munster - où ils ont moins de deux siècles d'existence - que se trouve le berceau des Deybach, un endroit qui garde, pour l'heure, son mystère...

Denis Dubich