Très représentée à Lautenbach, la famille est issue d'un Lorrain nommé DIDIER dont le nom a été transformé.

Tout le monde connaît le best-seller de Jean EGEN dont l'action se passe à Lautenbach et en partie au café Herrgott. Si les ancêtres paternels de Jean EGEN, alias EGENSPERGER sont originaires de Biesheim, ses ancêtres maternels sont quant à eux originaires de Lautenbach. La mère de Jean EGEN, Babette HERRGOTT était la fille de l'aubergiste du café de la place, Edouard HERRGOTT.

Son ascendance a été étudiée par Jean-Louis KLEINDIENST en 1980. Elle butait à un certain Daniel HERRGOTT vivant dans la première moitié du XVIIIè siècle à Lautenbach-Zell.

Le 18 Janvier 1735, le curé de Lautenbach-Zell inscrit dans ses registres paroissiaux le mariage célébré entre un certain Déicole DIDIER et Madeleine RIETHMULLER. Le prénom Déicole, complètement inconnu dans la vallée de la Lauch, est alors transformé par le curé en Daniel.

Saint Déicole est vénéré dans les Vosges saônoises. Abbé de Lure, il est fêté le 18 janvier. Dans l'acte de mariage de 1735, le curé précise que Déicole est le fils de Paul DIDIER et d'Anne-Marie BONTEMPS venant de Lorraine et plus exactement de Saulxures sur Moselotte, lieu qui ne fut identifié que grâce à la perspicacité de Christian WOLFF, conservateur aux Archives du Bas-Rhin, tant il avait été déformé par le curé.

A Lautenbach, le café Herrgott, du nom de la famille lorraine installée dans le Florival au XVIIIè siècle.

Daniel DIDIER et son épouse Madeleine auront plusieurs enfants. Malheureusement, en 1745, Madeleine décéda alors âgée de 28 ans, laissant trois enfants en bas âge. Daniel DIDIER se remaria alors la même année à Anne-Marie WERMELINGER. Le curé note à cette occasion: "Deicola DIDIER vulgo Danielis HERRGOTT". Le changement de nom était donc opéré et complet.

Dès 1736, lors du baptême de son premier enfant (une fille Anne-Marie), le curé avait déjà noté Daniel HERRGOTT. La transformation du nom de famille à consonance française dans une région où l'on pratiquait le dialecte germanique était chose courante.

On aurait, ce qui semble plus logique, pu traduire le nom de DIDIER en DIETRICH, mais le curé qui a opéré la transformation du nom n'était autre qu'un dénommé HERRGOTT ! De là à passer de DIDIER (de Dieu) à HERRGOTT, il n'y avait qu'un pas que notre curé n'hésita pas à franchir.

Et c'est ainsi que Déicole DIDIER s'est retrouvé être Daniel HERRGOTT, ancêtre des HERRGOTT de Lautenbach, sans rapport avec ceux de Guebwiller si ce n'est le "parrainage du nom".

Cette transformation de patronyme assez particulière a éveillé la curiosité de plusieurs chercheurs qui ont mis en commun leurs travaux (citons Louis HERRGOTT de Feldkirch, Colette THIRIET de Chaville ainsi qu'André GANTER). La recherche de l'origine de Déicole DIDIER, dont le curé de Lautenbach indiquait qu'il était le fils de Paul DIDIER, a permis de découvrir un autre changement de prénom.

En effet, Paul DIDIER se nommait en fait Prix, prénom vénéré à Saulxures mais inconnu dans le Florival. Prix DIDIER avait épousé en 1697 à Saulxures Marie NONTEMPS et ils eurent plusieurs enfants à Saulxures. Toutefois la date de naissance de Déicole était introuvable. Avait-on fait fausse route ?

Découverte par André GANTER dans les protocoles de la chancellerie de Murbach, la demande d'admission à la bourgeoisie faite en juillet 1738 par Daniel HERRGOTT indique qu'il était natif de Château-Lambert. Madame THIRIET a alors pu retrouver l'acte de baptême de Déicole DIDIER, daté du 28 mai 1705, dans les registres de Château-Lambert. Le parrain de l'enfant fut Déicole BISCHOFF qui, comme le voulait la coutume, donna son prénom.

Par son second mariage, Daniel HERRGOTT épousa une fille de Linthal, Anne-Marie WERMELINGER issue d'une ancienne famille locale. Le couple s'installa alors au Remspach.

Des descendants habitèrent au Bas-Lauchen et certains émigrèrent aux Etats-Unis au milieu du XIXè siècle.