Notices de familles ( 1305 entrées )

Hechinger

Des terres des Hohenzollern à la plaine d'Alsace

Il est plutôt rare de pouvoir suivre l'histoire d'une famille alsacienne jusqu'au XIVe siècle ! Les Hechinger, pourtant, peuvent s'enorgueillir d'un tel privilège, eux dont les premières traces, dans notre région, remontent à cette époque fort reculée. Leur ancêtre commun pourrait bien être le dénommé Oberlin von Hechingen, « pelliflex », donc tanneur ou chamoiseur, admis à la bourgeoisie de Colmar en 1378, puis banni de la ville pour meurtre ! La particule « von » (notre « de ») n'est alors aucunement un signe de noblesse mais indique simplement l'origine géographique d'Oberlin : la ville de Hechingen, fief des Hohenzollern, dans le Bade-Wurtemberg.

Quelques années plus tard, en 1409, Hanman Hechinger devient bourgeois de Colmar, suivi, en 1411, de Clawelin Hechinger, admis sur la maison de son père (il fallait avoir un pied-à-terre pour accéder à la bourgeoisie de la ville), dite « Zem Löwenstein » et située à côté de celle de Hanman. Clawelin (Claude) et Hanman Hechinger étaient sans doute des frères et, peut-être, les fils d'Oberlin von Hechingen. La particule aura fait place à une forme contractée du nom avec une terminaison -er indiquant, là encore, la provenance et souvent préférée au XVe siècle au « von » du XIVe (voir ci-dessous d'autres familles concernées).

Andres Hechinger est admis à la bourgeoisie de Colmar en 1479, puis le nom semble y disparaître sous cette forme, à moins qu'il ne se confonde alors avec le patronyme Hehinger faisant son apparition au milieu du XVIe siècle à cet endroit mais cité déjà à Wihr-au-Val au XVe. Qu'il s'agisse ou non de la même famille, nous savons que les Hechinger ont déjà investi d'autres communes, au XVe siècle, preuve de la continuité de leur lignée sur le sol alsacien, même si le patronyme existe en Allemagne, le plus ancien porteur du nom connu se nommant, dès 1292 à Villingen, Heinrich dictus (dit) Hechinger.

Un miracle en 1466...

Après la dévastation, en 1466, des alentours de Kientzheim et surtout de Sigolsheim, un fait étrange se produit : dans l'église incendiée de Sigolsheim, on retrouve deux statues en bois intactes que l'on transfère à Kientzheim. Considérées comme miraculeuses, elles font dès lors l'objet d'un pèlerinage. Parmi les témoins du miracle, l'acte de constat public établi en 1466 mentionne un certain Heinrich Hechinger.

... et une sorcière

Au XVIe siècle, la famille est déjà largement représentée en Haute-Alsace. Grâce à Hans Hechinger, qui établit en 1581 une forge à Cernay, nous savons que son patronyme avait alors largement dépassé les limites de la région colmarienne, même s'il se retrouve essentiellement du côté de Sainte-Croix-en-Plaine où un autre Hans est cité comme donateur en 1590, par exemple. L'histoire ne dit pas s'il était un proche parent de Brid Hechinger, accusée vers 1560 de sorcellerie et pour qui figurait la mention « bannissement » dans le registre colmarien des mises au ban...

C'est bien aux alentours de Colmar que les Hechinger feront leurs plus florissantes branches : à Oberhergheim (vers 1608), à Logelheim et Niederhergheim (XVIIe siècle), à Turckheim (vers 1646), à Biltzheim (depuis environ 1662), à Niederentzen (1707, en provenance de Niederhergheim), à Oberentzen (vers 1738), sans compter les petites incursions à Rustenhart (1701), à Ungersheim (où meurt, en 1720, Joannes Hechinger membre de la confrérie du Saint-Rosaire), à Gundolsheim (pendant les années révolutionnaires).

À Merxheim, une branche venue de Niederhergheim s'installa en 1750, rejointe au XXe siècle par une nouvelle branche, issue de la même souche.

Famille Hechinger merxheimoise vers 1914-18, au-dessus du nom d'Oberlin von Hechingen, au XIVe siècle.
Photomontage Denis Dubich  

Il faudrait ajouter à cette liste Andolsheim, Kaysersberg, Rouffach, Wintzenheim, Soultz, Guebwiller, de même que plusieurs localités du Bas-Rhin ou de Moselle, au XVIIIe siècle. Près de chez nous, ce patronyme des plus anciens se défend aujourd'hui bien à Niederhergheim (une quinzaine de familles), Oberhergheim et Guebwiller (environ 5 familles). Loin de devoir s'éteindre, les probables descendants d'Oberlin von Hechingen, dont on ne saurait dire si son bannissement a été effectif ou non, peuvent donc faire des projets pour les siècles à venir.

N.B. : une version plus longue et plus richement illustrée de cette notice figure dans le volume II de Nos vieilles familles de Denis Dubich. Elle se prolonge par un chapitre sur les familles avec ou sans particule. Pour découvrir ce livre, suivez ce lien.

Denis Dubich