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Merian - Mérian

Des Bâlois célèbres dans le monde entier

Affirmer que les Merian sont à Bâle depuis le XVe siècle revient à dire qu'il s'agit de l'une des plus anciennes familles du lieu. Néanmoins, on sait que le fondateur de la lignée, Humbert de Muriaux, mort en 1467, tenait son nom du village de Muriaux et vivait à Courroux près de Delémont (Jura) où il exerçait le métier de cordonnier. Son descendant (ou neveu ?) Theobald Muria (1415-1505), maire de Courroux et batelier, eut un fils également nommé Theobald Muria (1465-1544) qui obtint la bourgeoisie de Bâle en 1498 et un autre fils appelé Johann Peter Merean (1468-mort après 1519) : c'est d'eux, dont le nom Muriaux devint Muria et Merean, que descendent les Merian de Bâle !

Une famille d'abord modeste

Les premières générations bâloises s'adonnaient aux métiers de batelier, de pêcheur et déjà, au XVIe siècle, de scieur : la « Meriansche Säge » ou scierie Merian créée en 1553 par Burkhard, le grand-père de Matthäus existait encore en 1900. La famille n'avait alors de prestige guère que celui d'appartenir, pour certains membres, au Grand conseil et de compter un orfèvre, en la personne de Theodor, né en 1514. Ainsi, peu à peu, la lignée s'éleva au rang de famille patricienne, entrant dans le « Basler Stadtadel ».

Dans la branche cadette, celle des scieurs, devait naître en 1593 Matthäus Merian. Si son père le destinait au métier de peintre sur verre, Matthäus se distingua rapidement par son talent de graveur sur cuivre. Vers 1610, pour ses années de compagnonnage, il séjourna à Nancy et Strasbourg, puis à Paris (1612-1614), regagna ensuite Bâle, puis Oppenheim am Rhein (Allemagne) où il travailla comme graveur pour son beau-père Johann Theodor de Bry dont il reprit l'affaire quelques années plus tard. De ses deux mariages, il eut de nombreux enfants. Matthäus le jeune (1621-1687), Caspar (1627-1686) et Maria Sibylla (1647-1717) assureront la relève artistique après la mort de leur père, en 1650 in Langenschwalbach (Allemagne). Matthäus l'ancien laissa une oeuvre considérable que les collectionneurs du monde entier se disputent aujourd'hui à prix d'or.

Les premières armoiries des Merian bâlois.  

En Alsace

Il existe aujourd'hui plusieurs familles Merian en Alsace. Nous ne connaissons pas l'origine de chacune d'entre elles, mais il est bien possible qu'elles soient, au moins pour certaines, issues de la famille bâloise qui nous intéresse ici. L'une des premières apparitions du nom eut lieu à Reiningue où, dès juillet 1666, on célébra le mariage de Claudius Merian et de Catharina Isslerin, « ille de Heimsbrunn, illa Rheiningensis » : si la mariée était de Reiningue, Claude Merian était dit, quant à lui, de Heimsbrunn où, hélas, nous n'avons pas retrouvé sa trace. Appartenait-il à la famille Merian de Bâle ? En tout cas, il s'installa à Reiningue et y éleva sa fille Catharina, future épouse, en 1687, de Morandus Papirer.

C'est dans des conditions tout aussi énigmatiques qu'émergea en 1708 une souche du nom à Dessenheim : Joannes Theobaldus Merian « ex Brisgoia », donc du Brisgau, convola alors avec Maria Summerhalderin (Sommerhalter), une fille du lieu. On peut imaginer qu'une branche des Merian passa de Bâle à la Souabe, puis à l'Alsace, notre homme ayant travaillé à l'époque comme gardien à Neuf-Brisach. Mais rien n'est certain. Le couple eut en tout cas de nombreux enfants et une descendance qui gagna notamment Colmar.

Ce n'est guère qu'à Rouffach, où l'on peut noter en 1661 la présence d'Onophrion Merion, conseiller de Rouffach et receveur du couvent de Gnadental à Bâle, que nous avons l'assurance que, en dépit de la différence de graphie du nom, nous sommes bien en présence d'un Merian bâlois. Onophrion Merion signait alors un bail au profit de maître Christian Erhardt, tonnelier de Pfaffenheim, qui s'engageait à verser une redevance annuelle en vin pour la location des biens situés à Rouffach dudit couvent.

L'apparition du nom à Guémar, ville où il était courant au XIXe siècle, est entourée du même mystère, même si Matthäus Merian nous avait laissé, au XVIIe siècle, une gravure toujours très prisée de cette superbe ville fortifiée.

N.B. : une version plus longue et plus richement illustrée de cette notice figure dans le volume II de Nos vieilles familles de Denis Dubich. Elle se prolonge par un chapitre sur les familles alsaciennes accueillies à Bâle au cours des derniers siècles. Pour découvrir ce livre, suivez ce lien.

Denis Dubich