Notices de familles ( 1305 entrées )

Sommereisen

D'une forge à l'autre

En dépit de la présence du mot « Sommer », l'été, la famille dont nous survolons ici l'histoire n'a sans doute rien à voir avec les saisons : Sommereisen est certainement l'une des désignations du forgeron, métier représenté dans chaque village, au moment de la formation de nos patronymes, et l'on ne voit guère la pertinence d'un « forgeron d'été ». Peut-être s'agit-il du « surnom » de l'artisan réalisant les pièces métalliques entourant les « summer » ou « sumber », donc les mesures de capacité (de grains, etc.) utilisées jadis, tant il est vrai que les formes anciennes du nom de cette famille étaient Summerysen et Summereisen. Mais « sumber », et par amuïssement (fait de ne plus être prononcé) « summer », voulait également dire, au Moyen Âge, « celui qui tambourine ». Le nom Sommereisen (« sumber das isen ») signifierait-il simplement « celui qui frappe le fer » ? Rien de plus logique, pour un forgeron, en tout cas ! Surtout s'il s'agit, comme nous le pensons, d'un « nom de compagnon », c'est-à-dire un nom choisi par un forgeron à la fin de son compagnonnage et remplaçant le patronyme qu'il portait précédemment.

Un patronyme connu dès 1516

Quoi qu'il en soit, le plus ancien membre de la famille connu de nous sur le sol alsacien était le dénommé Petter Sumerysen, cité en 1516 déjà à Colmar, ville où il acquiert le droit de bourgeoisie. Si nulle explication sur son origine n'accompagne cette admission, il est en tout cas le premier Sommereisen connu à Colmar où nous trouverons un autre membre de la famille - son probable descendant - plusieurs fois au cours du siècle : Blesi (Blaise) Sumerisen qui est cité en 1541, se voit nommé en 1546 Summerysen, en 1563 Sumereysen, en 1566 Somereysen et en 1573 Sommereysen !

En-dehors d'un... forgeron du nom cité en 1520 à Bâle et d'une Catharina Summereysen baptisée dans cette ville en 1529, le nom ne semble pas davantage représenté en Suisse ; il l'est cependant en Allemagne.

Voilà qui rend délicate la détermination de l'origine de la souche rouffachoise apparue là en 1584 avec un certain Claus Sommereisen qui épouse dans cette ville Margaretha Härlerin, le 15 août 1591. Ce mariage étant suivi de plusieurs autres, les années suivantes, il devient manifeste que la famille est déjà fort bien représentée dans la capitale du Haut-Mundat, suffisamment même pour que Claus (1584 et 1591), Ottilia (1592) et Johann Sommereysen (1597) constituent déjà, sans doute, la seconde génération rouffachoise.

La famille connaît en tout cas un grand essor à Rouffach. Les familles apparentées sont innombrables en quatre siècles, et pour la seconde moitié du XVIIIe siècle, on ne note pas moins d'une vingtaine de mariages. Au XIXe siècle, les Sommereisen s'allient notamment aux familles Isner (1868), Schall (1869), Eck (1870), Baar (de Hettenschlag, 1871). Là encore, les mariages se succèdent à raison d'un par an, quasiment, témoignant une nouvelle fois de l'importance de la famille Sommereisen à Rouffach.

En 1783 et 1792, deux Sommereisen rouffachois gagnent Westhalten où ils fondent une nouvelle branche qui s'allie dans un premier temps aux familles Beringer et Waller. Cette souche existe toujours à Westhalten, ainsi qu'à Merxheim où elle a rejoint au XXe siècle une famille Sommereisen directement venue du berceau rouffachois : de même, la famille s'est déplacée à Ungersheim (là encore, il existe deux branches : l'une venue directement de Rouffach et l'autre de Rouffach via Merxheim). Les Sommereisen ont également gagné Colmar, la Suisse, plusieurs régions de France, l'Île de la Réunion, les USA, ou encore Oran puis Mostaganem (Algérie), par exemple...

Des hommes d'Église

Le 25 mai 1829, de Jean Sommereisen, boucher, et d'Anne-Marie Steinbrucker, naît à Rouffach le petit Valentin. Son parrain est Thibaut Sommereisen, cloutier de son état et cousin de l'heureux papa qui ne peut alors pas savoir que, devenu grand, Valentin ira au Séminaire, émigrera aux États-Unis en 1854 et y sera ordonné prêtre le 8 mars 1856. Il officiera à Hays City de 1876 jusqu'à sa mort en 1897. Entre-temps est venu au monde, à Rouffach, Joseph, le fils du boulanger Joseph Sommereisen et de son épouse Marie-Anne Allonas : né le 2 septembre 1868, le petit Joseph sera lui aussi prêtre, en 1892, puis prélat de Sa Sainteté, doyen du chapitre de la cathédrale de Strasbourg et supérieur des Soeurs de Saint-Joseph Saint-Marc. C'est d'ailleurs au couvent de Saint-Marc qu'il est inhumé depuis son décès survenu en 1955 dans la capitale alsacienne.

Issu du berceau rouffachois par son père Ernest installé à Merxheim, Gérard Sommereisen épouse en 1941 Mélanie Dubich (collection Marie-Paule Subiali-Sommereisen).  

Nous disions au début de notre notice que Sommereisen était une appellation de forgeron. Xavier Sommereisen, par ailleurs chef de corps des Sapeurs Pompiers de Rouffach, exerçait cette profession-là au XXe siècle. D'aucuns y verront la preuve que l'histoire, bien souvent, se répète.

Denis Dubich

N.B. : une version plus longue et plus richement illustrée de cette notice figure dans le volume II de Nos vieilles familles de Denis Dubich. Elle se prolonge par un chapitre sur les anciennes familles de Rouffach. Pour découvrir ce livre, suivez ce lien.