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Bordmann - Portmann

Une famille venue de l'Entlebuch

La vraie Nathalie Bordmann vit à Merxheim. Jeune de 23 printemps, elle aime le sport et pratique en particulier le curling, s'intéresse aux voyages et à l'histoire de son village. C'est ainsi qu'elle s'est investie sans compter dans la rédaction du dernier livre sur son village, « Merxheim au fil du temps et des générations ». La vraie, disions-nous, car il existe une Natalie Portman hollywoodienne, star du cinéma, mais née Natalie Hershlag à Jérusalem. Portman est dans son cas un pseudonyme emprunté à sa grand-mère.

Avec Nathalie Bordmann, nous avons décidé de retourner dans le berceau de sa famille, dans l'Entlebuch. Cette dénomination vaut aussi bien pour le village d'Entlebuch que pour le district sur lequel il donne, soit la vallée abritant du nord au sud Hasle, Schüpfheim, Escholzmatt et Marbach. Les Portmann - voilà pour la graphie actuelle en Suisse - sont apparus au XVe siècle dans cette région située à quelques kilomètres au sud-ouest de Lucerne. Il se pourrait que la lignée tire son nom de la ferme Port située sur les hauteurs de Schüpfheim, un endroit exploité aujourd'hui par l'une des nombreuses familles Studer du coin. « Port » ou « Bort » signifie en dialecte local petite côte, pente, bord, talus. Le Portmann était donc celui qui vivait là, en haut de la côte ou, probablement, celui qui exploitait l'une des fermes du nom, peut-être celle de Schüpfheim.

Nathalie Bordmann pose devant la ferme Port de Schüpfheim, probable berceau de sa famille. En incrustation, l'un des douze blasons connus de la famille Portmann.
Photomontage Denis Dubich  

L'Entlebuch pour berceau

En 1456, on cite à Schüpfheim Jost Bortmann « und sins Kind » (et son enfant) ; la même année, à Entlebuch, c'est un Claus Portmann « und sin Wib » (et sa femme) qui sont imposés, comme leur « Knecht » ou ouvrier agricole. À la fin du XVe, la famille est déjà établie à Hasle, comme le montre Margret Portmann, de la ferme Bodnig, en 1494.

Au XVIe, Johannes Bortmann est cité à Schüpfheim (1550), mais la famille est déjà installée quelques kilomètres plus au sud, à Escholzmatt où Jacob Porttman est cité à la chandeleur de l'an 1583 sur sa propriété. Il n'est pas le seul membre de la famille connu dans ce village, puisque les registres paroissiaux assez anciens permettent de relever la présence, dès 1597, de Petrus, Jacob, Joannes Georgius, Margaretha et Anna Bortmann ou Bortma (les -n- étant parfois muets en dialecte). La famille, dont le nom se fixa en Portmann assez récemment, était une lignée respectée qui donna de 1692 à 1913 des sacristains et des organistes à la paroisse.

Après la guerre de Trente ans, l'Entlebuch connut une crise économique sans précédent : les paysans se révoltèrent et furent réprimés avec violence : beaucoup choisirent alors l'exil, profitant de l'appel que leur lançait Louis XIV pour repeupler l'Alsace meurtrie par trois décennies de guerre (voir colonne).

En Alsace

Chez nous, il n'existe pas vraiment de commune spécifique pour les Bordmann ou Portmann arrivés en Alsace après 1648. Plusieurs porteurs du nom arrivèrent ici de l'Entlebuch et firent souche. Parmi les plus anciennes branches de la famille, on compte en Alsace celle de Munwiller qui remonte au XVIIe siècle et dont sont issus les Bordmann merxheimois, puis celle de Ruelisheim, nommée Portmann et qui donna naissance, au milieu du XVIIIe, à la tige de Niederentzen dont est issu le généalogiste Georges Bordmann, de Wihr-au-Val.

De nombreuses autres familles Bordmann ou Portmann existent ou ont existé, même brièvement, près de chez nous : Osenbach en abritait une, de même que Bourbach-le-Haut, Battenheim, Rimbach-près-Guebwiller, Lautenbach (où la famille existe toujours et connut un maire du nom), Lautenbach-Zell, Oberentzen, Colmar, Lutterbach, Uffholtz ou encore à Soultz où Nicolaus Portmann, de Hasle, se maria en 1717 avec une Fallegger, un nom d'Escholzmatt qui devait lui être familier...

Et qui ne connaît pas le transporteur Portmann ? Avec Nathalie Bordmann, nous avons croisé l'un de ses camions à Schüpfheim ! Le temps de nous demander si le conducteur se doutait qu'il était en train de traverser le berceau de cette famille, il avait déjà disparu dans notre rétroviseur.

N.B. : une version plus longue et plus richement illustrée de cette notice figure dans le volume II de Nos vieilles familles de Denis Dubich. Elle se prolonge par un chapitre sur les vieilles familles de l'Entlebuch. Pour découvrir ce livre, suivez ce lien.

Denis Dubich