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Wetterwald

Une vieille famille du canton de Lucerne

Représentée aujourd'hui à Guebwiller, Bollwiller, Burnhaupt-le-Haut, Buhl, Lauw, Lautenbach, Masevaux, Wintzenheim et Colmar, ainsi que dans plusieurs communes du Bas-Rhin (Bindernheim, Erstein, Friesenheim, Lipsheim, Osthouse, Schaeffersheim, Strasbourg, Truchtersheim, Valff et Westhouse), la famille Wetterwald est très typique du canton de Lucerne.

Plusieurs Wetterwald quittèrent la Confédération Helvétique après la fin de la guerre de Trente ans, motivés sans doute comme d'autres compatriotes par les difficultés économiques que la fin du conflit engendra en Suisse, poussant même en 1653 de nombreux paysans à la révolte. La répression par les autorités fut sanglante, et le flux des émigrants ne s'en vit que grossi.

Dans les districts suisses de Sursee, Lucerne et Willisau, les Wetterwald sont attestés dès le XVe siècle. Kunz, du village de Luthern, est cité dès 1456, précise le Dictionnaire Historique et Biographique de la Suisse, et Benedikt fut puni pour avoir pris part au premier soulèvement paysan, celui de 1513. Le même ouvrage précise que Franz-Xaver Wetterwald, curé de Beromünster, institua en 1738 un fonds en faveur des descendants de son frère.

L'étymologie du patronyme n'est pas claire : s'il ne s'agit pas d'un toponyme aujourd'hui introuvable, ce nom pourrait reposer sur le sens ancien de Wetter (de nos jours, le temps qu'il fait), à savoir jadis le terme « wehen » qui renvoie au souffle du vent. Ainsi, Wetterwald pourrait peut-être avoir désigné au Moyen Âge celui qui vivait près de la forêt dont le vent animait les cimes des arbres.. Tout un poème !

Dans les registres paroissiaux de Luthern, nous trouvons plusieurs sacrements intéressant la famille, dès le 15 mai 1588 - c'est-à-dire dès l'année d'ouverture de ces livres - avec le baptême d'un petit Wätterwald. En 1589, une Wätterwalt devint la marraine de Jodocus, fils de Wilhelm Dubach qui était arrivé quelques années plus tôt de Rougemont, en Haute-Gruyère (actuellement, canton de Vaud). Hans Wetterwald et Rosina Setz baptisèrent Maria en 1590, puis un autre bébé en 1593. Sous le nom de Wätterwaldt, ils portèrent leur petite Elisabeth sur les fonts baptismaux le 15 novembre 1599. Le même mois, d'ailleurs, nous relevons également le baptême d'Elisabeth, la fille de Hans Christman et de sa femme Verena, enfant dont le parrain est Hans Wätterwald.

En 1607, un Joannes Wäterwaldt et son épouse Anna Huber deviennent les parents d'une petite Christina, et en 1608, c'est un Caspar Wäterwald qui est cité comme parrain, toujours à Luthern, cette paroisse où jaillit une fontaine que l'on dit miraculeuse depuis qu'elle rendit la santé à un villageois condamné par la maladie, voilà quatre siècle, mais qui dut donner à la Vierge la vie de ses enfants en échange de la sienne...

À Luthern et dans les alentours, les Wetterwald étaient les voisins des Rinderknecht, Ritz (le fondateur du palace parisien était lui aussi originaire de Suisse), Studer, Meybach ou Maibach, des Christen, Reber ou Räber, des Hillbrunner ou Hiltbrunner, des Ernst, des Dubach (chez nous, Dubich) et des Waldispurger qui sont les cousins de nos Waldisperger alsaciens.

Les Wetterwald de Dagmarsellen, Ettiswil, Geuensee, Hasle, Rothenburg, Schötz et Sursee (canton de Lucerne) portent les armes parlantes de Hans Jörg Wetterwald, qui fut juge à Wolhusen de 1724 à 1739 : « de gueules (champ rouge), à trois sapins de sinople (verts) arrachés et fûtés de sable (troncs noirs) ».

De la Suisse vers l'Alsace

Nous disposons malheureusement de très peu d'indications sur les origines précises des membres de la famille qui émigrèrent de Suisse à partir de 1648 environ. Tout au plus sait-on qu'un Hans Wetterwald est connu vers 1680 dans l'épiscopat de Bâle, qu'un Peter, du district de Willisau, gagna Ebringen dans le Brisgau, qu'un Simon, lui aussi de ce district suisse où se situe Luthern, partit à Pfaffenheim en 1660 et qu'un Johann se maria à Guebwiller en juillet 1687 où il fonda une branche importante de la famille sur laquelle nous reviendrons plus loin.

Nous trouvons en effet dans les différents registres de notre région des unions telles que celle d'Ulrich Wetterwaldt et de Maria Berger, à Habsheim, dès le 28 février 1648. Est-ce le même Ulrich qui sera évoqué à Spechbach et dont le fils Michaël se maria à Feldkirch, en juin 1685, avec Reinarda Baderscher, de Bollwiller mais également originaire de Suisse où la famille se nomme Badertscher ? À Brunstatt, Joannes Fischer convola en 1655 déjà avec Anna Wetterwald.

Joachim Wetterwald épousa, le 18 janvier 1666, à Pfaffenheim, Catharina Bär, couple qui eut un petit Josephus en mars 1671 et ne semble ensuite pas être resté dans la paroisse.

Lautenbach-Zell abritait la famille d'Antoni Andrès qui avait épousé en février 1694 Anna Maria Wetterwald de Westhalten. Le couple confirma plusieurs enfants en 1705, lesquels héritèrent bientôt d'une maison avec potager et verger au bas du village, entre la route et la Lauch, de prés et de champs, de deux vaches, trois chèvres et d'un porcelet. Cette Anna Maria était sans doute apparentée à Barbara Wederwald, également de Westhalten, qui s'était mariée à cet endroit Joannes Raschweyler en 1697.

Melchior Wetterwalt vivait quant à lui à Bergholtz-Zell avec son épouse Catharina Mascha ; leur fille Anna Maria convola en 1745 avec Theobalt Bickhell, bourgeois d'Orschwihr, et la douaire se composa alors d'un schatz de vignes.

Une autre branche encore émergea vers 1700 à Wittelsheim avec Frantz Wetterwald, époux de Marie Frey, puis de Catharina Huober en janvier 1730. Cette branche gagna en 1792 Ensisheim où Georges Wetterwald, père et fils, furent boulangers.

Signalons enfin la branche bas-rhinoise issue de Benfeld qui fleurit actuellement à Westhouse, Erstein et Strasbourg, notamment. Là encore, l'origine précise de l'ancêtre, Michel Wetterwald, n'est pas connue, mais il ne fait aucun doute qu'il était lui aussi venu de Suisse.

Les Wetterwald de Guebwiller

Nul habitant de la cité du Florival ne saurait ignorer le patronyme Wetterwald qui, s'il n'y est plus que peu représenté, n'en fut pas moins celui d'une famille illustre il y a quelques décennies encore. L'histoire de cette souche débute donc à la fin du XVIIe siècle avec Adam et son fils Jean qui était le cocher du baron de Wangen. Leur descendance, présente au conseil de la ville tout au long du XVIIIe siècle, s'unit à de nombreuses familles de la ville ou des environs, essaimant aussi dans d'autres régions françaises.

Charles Wetterwald
Conservateur honoraire
du musée du Florival  

Le plus éminent Wetterwald, famille dont on aura encore en mémoire la scierie remplacée récemment par un magasin de bricolage, aujourd'hui fermé, non loin du parc de la Marseillaise, est sans nul doute Charles : historien et conservateur du musée de Guebwiller, ville qui le vit naître en 1871 de Joseph Wetterwald, menuisier, et de Joséphine née Karrer. On doit à Charles Wetterwald, qui bénéficia d'une formation internationale, de nombreux écrits historiques sur la ville et la région, ainsi que des restaurations de monuments tels que l'hôtel de la famille d'Angraet (XIVe siècle) ou la consolidation du château du Hugstein, en 1929. Mais c'est surtout comme conservateur bénévole du Musée du Florival que Charles reste connu, lui qui fut décoré, centenaire, des insignes de chevalier des Arts et Lettres et qui se vit attribuer une rue au coeur de la ville. C'est à l'âge de 101 ans que Charles Wetterwald rendit l'âme, rejoignant au cimetière de Guebwiller ses ancêtres et son épouse Marie, née Gay, qui l'avait précédé dans son trépas dès 1965.

Denis Dubich