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Dienger

De Tiengen à Munchhouse

Soudain, ils sont là, en 1715, dans le village de la Hardt où ils sont toujours établis à ce jour, Munchhouse, sans que nul ne sache plus d'où est venu le premier d'entre eux : Joseph Dienger. Précisons que si les registres des baptêmes et des sépultures de la paroisse Sainte-Agathe débutent en 1690, ceux des mariages ne remontent hélas qu'à 1788. Et lorsque Joseph Dienger est cité pour la première fois comme père de François Joseph, le 3 juin 1715, il était bien entendu déjà marié à Marie Gengler (ou Gander, selon les actes). Nous pouvons donc estimer que Joseph était bien le premier Dienger de Munchhouse et, pour sûr, l'ancêtre de toute la famille actuelle du nom.

Une famille d'origine allemande

Il existe cependant des mentions plus anciennes de la famille Dienger, non loin de Munchhouse : à Balgau. Une liste de conscription datant de 1629 fait état de Lorenz Dienger, bourgeois de Balgau âgé de 34 ans, et une autre liste, citant sept hommes employés au village, indique Melchior Dienger « von Nottstetten », toponyme à ce jour non localisé.

Si Lorenz Dienger est encore cité à Balgau en 1632 dans le dénombrement des habitants du bailliage de Heiteren, Lorenz ne semble quant à lui plus être présent au village. Merci à Jean-Marie Schelcher pour ce dépouillement déposé au CDHF et dans lequel nous puisons ici.

En Allemagne, il existe plusieurs patronymes proches, voire identiques. Les Dienger bavarois sont, selon le Prof. J. K. Brechenmacher, originaires d'Oberding ou d'Unterding, tandis que les porteurs souabes du nom tirent leur patronyme de l'actuel Hohentengen qui se nommait en 1247 Diengen. Enfin, les Dienger du Rhin supérieur doivent de s'appeler ainsi car leur ancêtre venait de l'un des deux Tiengen (Tuingen, au Moyen Âge), l'un se situant à côté de Waldshut, donc près de Lörrach, l'autre non loin de Fribourg en Brisgau.

Dès 1280, un homme « dictus Dienger » est évoqué près de Tuttlingen, et en 1492, c'est un Gregor Dienger, d'Urach, qui est mentionné. Les Thienger sont plus anciennement cités encore, puisque l'on connaît dès 1239 un Hermannus de Tuongen établi à Zurich. Bien plus tard, en 1601, un Johann Thienger, de Stühlingen (Waldshut), appartient pour sa part sans l'ombre d'un doute à la famille qui nous intéresse ici.

Et de fait, nous trouvons dès le XVIIe siècle des Dinger à Feuerbach - où l'on baptise dès 1605 Anna Dinger -, à Haiterbach, Holzgerlingen, Oberschwandorf, Eichstetten, Solingen et à Lauf, en pays de Bade, où ils seront nombreux. Au XIXe siècle, les Dienger sont à Donaueschingen et ailleurs dans le secteur de Fribourg. Quant aux Thienger, ils se concentrent autour de Waldshut (Degernau, Erzingen, Weisweil) et autour de Lörrach, essentiellement à Brizingen. Casimir Thienger est baptisé à... Tiengen (Waldshut) en 1814 ! Aujourd'hui, quelques Dienger vivent du côté de Bâle et de Berne, mais tous sont venus d'Allemagne au début du XXe siècle.

En Alsace

Présente dès le milieu de la guerre de Trente ans à Balgau, comme nous l'avons vu plus haut, la famille est également établie à Bennwihr, où Paul Dienger baptise une fille en 1732. Là encore, les registres, peu anciens, ne révèlent pas son origine.

L'industrialisation de Mulhouse attirait par centaines les gens de la campagne vers la ville, au XIXe siècle.  

Mais c'est surtout à Munchhouse qu'elle a connu une histoire ininterrompue du début du XVIIIe siècle à nos jours. Les descendants de Joseph Dienger et de son épouse Maria, décédée en mars 1758, se sont en effet unis à de nombreuses familles, dont les Baumann (vers 1741), Kindbeiter (vers 1749), Mangold (vers 1750), Schöpfer (vers 1759), Ast (vers 1762), Meyer (vers 1769), Leiby (vers 1779), Waltzer et Waltisperger (vers 1787), Blum (1789), Kauffmann (1793), Leimacher (Hirtzfelden, 1794), Munschy (1798), Brender (Hirtzfelden, 1819), Gantner (1830 et 1838), Mueser (1840), Baumgartner (1863). Par la suite, les Dienger ont établi des alliances avec des membres des familles Thuet ou Reymann, par exemple.

Une branche a également émergé à Mulhouse au XIXe siècle, probablement conduite là, comme de nombreuses autres familles rurales, par un essor industriel galopant. Signalons enfin qu'en novembre 1889, Jean Dienger, 29 ans, de Heimsbrunn (où la famille n'était pourtant pas établie), émigra « en Amérique ».

Les vieilles familles de Munchhouse

Attestées dès la fin du XVIIe siècle, les plus anciennes familles du village sont les Meyer (Peter Meyer, décédé vers 1698, habitait près de la cure et possédait notamment 7 chevaux et 75 moutons), les Furling (Hans Firling est cité comme parrain en 1690), les Hurter (Johannes Hurter baptise un fils Leonhardus dès 1694, mais les Hurter de Munchhouse sont cités à Hirtzfelden dès 1666). Les Kauffmann étaient déjà nombreux et anciens en 1690, et les Waltisperger, sans aucun doute venus de Suisse, apparaissent en 1695, les Frey en 1696, les Burglin et 1698, les Ketterer en 1699. Les Gantner, qui se confondent parfois à tort avec les Ganter de Réguisheim, sont cités en 1704, les Ehry en 1713, les Hueber en 1719. Thomas Hausherr devient père en 1712. Le XVIIIe siècle voit l'arrivée des Arnold, Heckendorn, Jenny, Kindbeiter, Lack, Marx, Wipf et Rietsch ; quant aux Fimbel, ils proviennent en 1801 de Bantzenheim, suivis de nombreuses autres lignées aujourd'hui représentées au village... Quant aux familles Scherzinger, Leiby, Lutz, Munschi, Schmoll, Schreck, Wahl, Waltzer et Zumbiel, pour certaines très anciennes à Munchhouse, elles y sont aujourd'hui éteintes.

Sous l'autorité des Reymann

Ce sont incontestablement les Reymann qui constituaient la famille la plus en vue dans le village, à commencer par Hans Bernhard Reymann, époux d'Apollonia Ernst (en 1684 à Hirtzfelden), riche prévôt du village vers la fin du XVIIe siècle et ancêtre des nombreux porteurs du nom actuels du village. Après son décès survenu en 1729 alors qu'il avait 66 ans, il possédait, comme le montrent les dépouillements d'actes notariés que nous devons à André Ganter, plus de soixante-dix parcelles de terres, une maison avec dépendances sise au coeur de Munchhouse et estimée à 1450 livres bâloises, une autre maison, là encore avec dépendances, également située au village, d'une valeur de quelque 680 livres, et une troisième maison se trouvant en dehors de Munchhouse. Les héritiers étaient ses enfants Bartholomé Reymann, prévôt, Bernhart, « garde des Eaux et forrestes de la Maistrisse d'Ensisheim », Margaretha et Anna Maria ; Apollonia Ernst était décédée en 1706 déjà. Actuellement, les Reymann (qui font d'ailleurs partie, avec les Dienger, des ancêtres de l'auteur de ces lignes) se comptent toujours parmi les familles les plus fortement représentées à Munchhouse.

Denis Dubich