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Ackermann - Acreman

Voici une famille dont l'étymologie ne pose aucun problème. ACKERMANN est un nom de métier : celui de laboureur, alors fort répandu. Dans la "hiérarchie" sociale du monde agricole, le laboureur est en principe plus aisé que le simple cultivateur.

Il possède un attelage (charrue et bêtes de trait) lui permettant de labourer la terre. Le nom est fréquent en Suisse d'où de nombreuses souches se sont implantées en Alsace. Mais, comme tous les noms courants, il est clair que tous les ACKERMANN ne sont pas forcément en famille.

Une vieille famille de Soultz

Les Ackermann fortement enracinés à Soultz depuis longtemps  

GASSER, dans son précieux "Livre d'Or de la ville de Soultz", donne la généalogie de plusieurs familles ACKERMANN de Soultz. L'une est issue de Caspar ACKERMANN, originaire de Raedersheim, qui épousa à Soultz en 1600 Catherine WESCHLER.

C'est de sa lignée que sera issu Bernard ACKERMANN, aubergiste "au Lion" et meunier de Soultz à la fin du XVIIIè siècle. En 1766, alors âgé de 24 ans, il mesure "5 pieds et 1 pouce" et est, à ce titre, susceptible d'être enrôlé comme milicien.

Près de Raedersheim, le village d'Ungersheim abritait aussi des ACKERMANN, dont Henri , maître d'école. Son fils, Jean, épousa en 1690 à Steinsoultz une fille de Muespach le Haut. De Moyen-Muespach, Christian ACKERMANN ira jusqu'à Hirtzfelden pour se marier à Reine SIMON en 1766.

Une quinzaine d'années auparavant, Georges ACKERMANN avait quitté MuespachMoyen pour épouser, à Folgensbourg, Anne Marie DIRRINGER.

Mais revenons à Ungersheim où, en 1758, André ACKERMANN prend pour femme Catherine LOSSIER. André n'est autre que le fils du meunier Jacques ACKERMANN originaire de ... Soultz !

Une autre famille ACKERMANN, originaire de Geisswasser, vint s'implanter à Soultz en 1739 par le mariage du veuf Caspar ACKERMANN avec Anne Marie ENGEL issue d'une ancienne famille de verriers de la Glashutte sur les hauteurs de Rimbach.

Une troisième famille du même nom arriva de Suisse après la guerre de Trente ans.

Les Ackermann helvétiques

Le Dictionnaire Historique et Biographique de la Suisse comporte un importante notice sur les ACKERMANN. Nombreux et ayant donné naissance à des personnages illustres, ces familles sont bien représentées dans les cantons d'Argovie, de Fribourg, de St Gall et Zurich, de Schaffhouse et de Thurgovie.

Celui d'Argovie, avec comme foyer la commune de Wegenstetten, donna naissance à plusieurs souches alsaciennes. Citons celle de Luemschwiller avec l'arrivée, en 1712, de Jean ACKERMANN qui y épousa une KELLER. Mentionnons aussi celle de Koetzingue avec le mariage, en 1703, d'un autre Jean ACKERMANN et d'une Anne ZEIGER. Notons enfin à Bantzenheim la célébration, en 1724, du mariage d'Otto ACKERMANN et de Cléophé LUIDWIG.

Mais d'autres cantons donnèrent naissance à des ACKERMANN qui émigreront vers l'Alsace. Comme par exemple celui de Soleure où est née Anne ACKERMANN (à Mümliswil). Elle épousera en 1690 à Froeningue Jean BEHE . Du même canton, Anne Marie ACKERMANN (née à Hägendorf) vint s'unir en 1702 à Thann à Thiébaut WAGNER.

Autre canton Suisse, celui de Lucerne qui donna naissance à plusieurs souches alsaciennes. Un des centre de l'émigration de ce canton fut la ville de Wangen d'où est originaire une famille ACKERMANN de Soultz. De Wangen vint également Jean ACKERMANN qui, dès 1664, s'unit en l'église paroissiale de Koetzingue à Anne ZOLIGER native de la même ville.

Les ACKERMANN meuniers de Soultz porteront les armoiries des ACKERMANN de Lucerne: "d'argent à un mont de trois coupeaux de sinople surmonté de trois épis d'or issant du mont". Ceux de l'Entlebuch (région près de Lucerne) auront dans leurs armoiries la roue à aube du meunier. Un travail réalisé à partir des sources lucernoises montre l'ampleur du phénomène.

Plus de vingt personnes ou familles ACKERMANN venant due ce canton sont parties pour l'Alsace. Et encore, ce travail n'est-il pas, loin s'en faut, exhaustif. Nous avons, par exemple, relevé à Gundolsheim en 1660 le mariage de Jean ACKERMANN, originaire de Menznau (canton de Lucerne), avec Elisabeth BANNWARTH. Jean se trouvait déjà depuis quelques temps à Westhalten.

Armes: les Ackermann portent d'argent à un mont de sinople surmonté de trois épis d'or issant du mont (Dessin Pierre GANTER)  

La guerre à Guebwiller

Malgré le traité de Munster en Westphalie (1648) qui mit fin à la guerre de Trente Ans, la paix ne fut que de courte durée. Le problème de la succession de Hollande ramenna en Alsace les troupes et leur cortège d'attrocités.

En 1675, le 23 mai, Bernard ACKERMANN fut tué par la soldatesque à Guebwiller. Membre de la confrérie de Saint Sébastien, il fut inhumé dans le cimetière de Soultzmatt. Son fils, Jean Paul, se maria en 1689 à Rouffach avec Elisabeth BECK. Quelques années plus tard, Catherine ACKERMANN , également de Soultzmatt, épousa à Rouffach Jean Caspar ROMAN d'Ungersheim.

A la fin du XVIIIè siècle les ACKERMANN étaient aussi présents à Wettolsheim, Berrwiller, Zimmerbach, Blodelsheim, Baldersheim, Oberentzen, Biltzheim etc.. ainsi que dans toutes les grandes localités de Haute Alsace.

En route pour l'Amérique

Comme la plupart des grandes familles d'Alsace, les ACKERMANN fourniront leur contingent d'émigrants vers le Nouveau Monde au début du XIXè siècle. Allant vers New York ou la Nouvelle Orléan, ils viendront de Guebwiller, Linthal, Jungholtz, Cernay, Berrwiller etc.. (souches des passeports, listing paru dans "The Alsace Emigration Book".

André GANTER