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Centlivre

La tombe de Jean-Jacques de Montreux (1610) en la chapelle des seigneurs de Montreux-Château  

Le nom de famille CENTLIVRE correspond au niveau étymologique à une personne fortement imposée (payant 100 livres, une somme assez élevée). La livre, unité de compte, était divisée en 20 sols, chaque sol valant 12 deniers. En Haute-Alsace, on utilisait la livre bâloise (Pfundt STEBLER) puis, progressivement à partir du rattachement à la France en 1648, la livre tournois qui était de moindre valeur. Le nom CENTLIVRE s'apparente aux CENTSOLS et CENTDENIERS. Il est très certainement une traduction du patronyme germanique HUNDERTPFUND, déjà connu en Allemagne au XIIIè siècle.

La seigneurie de Montreux, dont les villages se répartissent aujourd'hui entre le Haut-Rhin et le Territoire de Belfort, est un secteur francophone qui appartenait aux nobles de Reinach avant la Révolution. Là se développèrent les CENTLIVRE. Une famille habitait Lutran vers le milieu du XVIIè siècle, ainsi que le montrent les travaux de Gérard HIMMELBERGER.

Ce chercheur a suivi la descendance d'Abraham CENTLIVRE et de son épouse Jeanne FOUDROT, fille d'Abraham et d'Eve GROSJEAN de cette même localité. Le chef de famille mourut en 1671 laissant une épouse enceinte et de très jeunes enfants. La veuve se remaria dix ans plus tard avec Jean GIRARDO

Henri CENTLIVRE, un fils d'Abraham, épousa Jeanne BOURQUARDEZ de Frais qui lui donna cinq enfants au moins. Il tint cabaret à Lutran pendant de longues années et y exerça la profession de cordonnier. L'un de ses fils, qui portait le même prénom que lui, épousa Marguerite DONZÉ de Chavannes-les-Grands puis Marie BIDAU de Chavannes-sur-l'Etang. Il s'établit dans cette dernière localité après son second mariage célébré le 28 août 1730 et y devint maître du poste de relais routier. Henri conserva cette fonction pendant près d'un demi-siècle avant de décéder en 1783 à l'âge de 81 ans.

Sa première épouse lui donna deux fils. Le premier contracta mariage avec Catherine BEUGLET, fille de Thiébaut et de Barbe FRELIN de Lutran. Laboureur et cabaretier, il fut le père d'au moins neuf enfants. Les garçons ont exercé différentes professions en divers endroits de la région : François et Jean-Louis ont été cordonniers, Jacques menuisier et Henri cultivateur à Lutran, Louis laboureur à Chavannes-sur-l'Etang, Denis maréchal-ferrant à Dannemarie, Jean Pierre enfin cultivateur à Bethonvilliers.

Ce dernier fut enrôlé dans l'armée révolutionnaire et mourut en 1795 à l'hôpital de Givet dans les Ardennes. Le deuxième fils d'Henri et de Marguerite DONZÉ devint prêtre. Curé de Froidefontaine, il accepta de prêter les serments exigés par les autorités révolutionnaires pour garder sa paroisse jusqu'à sa mort survenue en 1812.

L'église et le cimétière de Valdieu-Lutran ont été construits sur un terrain appartenant à la famille Centlivre  

Louis CENTLIVRE, un fils de Henri et Marie BIDAU, épousa en 1765 Madeleine VOILLAT, fille de Christophe et d'Agathe MONNIER de Foussemagne. Il se fixa à Lutran et y fut maire seigneurial de 1779 à 1790. C'est la famille CENTLIVRE qui vendit aux communautés de Lutran et de Valdieu le terrain sur lequel furent érigés l'église et le presbytère et aménagé le cimetière de la paroisse de Lutran au cours de la seconde moitié du XVIIIè siècle.

Gérard HIMMELBERGER a également identifié une branche établie à Valdieu au milieu du XIXè siècle par le mariage en 1850 de Jean Pierre CENTLIVRE, fils de Henri et de Marie Jeanne VIGNOS de Lutran, avec Marie-Sophie FAIVRE, fille de Joseph et Marie Sophie PATAT. Vers le milieu du XIXè siècle, plusieurs membres de la famille émigrèrent en Amérique. Marie et Madeleine CENTLIVRE quittèrent Lutran pour New York en 1842 et 1852.

Charles Louis CENTLIVRE et sa soeur partirent en 1856 pour la Nouvelle-Orléans. Leur père Louis et sa deuxième épouse les suivirent peu après. Célestin CENTLIVRE, tailleur à Chavannes-sur-l'Etang, son épouse Marie PETITJEAN et leurs trois enfants s'embarquèrent eux aussi à destination de New York en 1863.

Mentionnons enfin la présence à Dannemarie de deux notaires Thiébaut et Albert CENTLIVRE. Ils ont exercé de la fin du XIXè siècle au début du suivant.

Gérard HIMMELBERGER