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Dangel - Dengel - Dengelin - Dangeli

Toujours bien représenté en Haute-Alsace et particulièrement à Largitzen, le patronyme DANGEL doit sans doute son origine à l'action de marteler, en ancien dialecte "tengeln". On retrouve la même étymologie dans le patronyme dangeleisen, qui représente la petite enclume de la forge servant à marteler.

Certains auteurs, comme Joseph Karlmann BRECHENMACHER, voient dans DANGEL un diminutif du prénom Daniel, et donnent des références anciennes en Allemagne. Mais la plupart des DANGEL du Haut-Rhin viennent de la Suisse où le nom se rencontre également sous la forme DÄNGELI. Le nom DANGEL a par ailleurs donné naissance à des noms de lieu tels que Dangelsgarten et Dangelsmatten à Moernach ou Dengelhag à Muespach-le-Bas (STOFFEL).

Les armoiries des Dägeli de l'Entlebuch  

Illfurth et Thann

Grâce aux travaux du curé KAYSER, nous savons qu'une ancienne famille DANGEL habitait Illfurth. Dès 1589, une Chrischona DANGEL épousait au village Valentin ROSS. Plus tard, le couple Christian DANGEL et Eve HARNIST, uni en juin 1614, eut six enfants nés entre 1617 et 1630. Deux garçons, Jean Jacques et Jean Henri, assurèrent la descendance du nom à Illfurth.

Le premier épousa Anne MERCKLE en 1648, l'année où la Haute-Alsace fut rattachée à la couronne de France. Elle lui donna trois fils mais décéda après la naissance du dernier en 1655. Jean Jacques se remaria alors à Madeleine FECHTER qui lui donna encore sept enfants.

Le deuxième fils de Christian, Jean Henri, se maria avec Marie SCHLICKLER; veuf, il épousa en 1671 Odile KRUST. Lors du dénombrement de 1698 de la seigneurie d'Altkirch, dont dépendait alors Illfurth, deux DANGEL furent notés dans l'état réalisé par le greffier : Henri et Abraham, tous deux fils de Jean Jacques.

Autre souche antérieure à la guerre de Trente Ans, celle de Thann est connue depuis 1617, date où le curé enregistra le décès d'un Jean DENGELL. Le nom se rencontre encore quelques années plus tard puisque Jean DANGEL figure parmi les bangards de Thann en 1647.

Les différentes souches que nous allons maintenant identifier ont un point commun: leurs membres venaient tous de Suisse et exerçaient la profession de meunier. Depuis le XIVè siècle, les DANGEL sont implantés dans le canton de Lucerne (Dictionnaire Historique et Biographique de la Suisse). La première branche, qui donna naissance aux meuniers de Cernay, était originaire de Ruswil dans l'Entlebuch.

Deux frères, Melchior et Charles, vinrent en Alsace après le traité de Munster de 1648. Ils étaient fils de Jean DANGEL, également meunier. Charles s'implanta à Vieux-Thann et épousa Lucrèce KREITLER de Cernay. Son épouse décédée lui laissant trois enfants, il se remaria en 1684 à Anne Barbe FRIES. Sa maison ainsi que le moulin se trouvaient au Faubourg de Cernay.

Le moulin se nommait le "Michels Millen". En 1691, ce bien fut estimé 1500 livres, monnaie de Bâle, somme considérable. Il est stipulé dans l'inventaire de partage que ce moulin devait payer annuellement aux seigneurs de Ferrette une redevance en nature de huit quartauts de farine, ainsi que 16 quartauts à la ville de Cernay.

Plusieurs garçons issus des deux lits de Charles DANGEL firent souche à Cernay. Une fille, Anne Marie, épousa Joseph HERISSÉ. Melchior, le frère de Jacques, se maria en 1665 à Cernay avec Madeleine KELLER, veuve HASSENBURGER. Elle lui donna plusieurs enfants dont une fille Barbe qui épousa Jacques SCHULTZ, le meunier du Winckelmühle à Cernay, et une fille Eve qui se maria avec Balthazard SONTAG, l'aubergiste Au Cerf d'Uffholtz.

Après le décès de Madeleine, Melchior se remaria avec Marie Barbe GISSINGER qui lui donna deux filles. Le moulin de Melchior, dit "Nidere Millen", fut estimé en 1687 à la somme de 1100 livres avec le jardin et les dépendances. Ce bien versait une redevance annuelle de 12 quartauts de méteil aux nobles de Hungerstein, ainsi qu'une somme de huit sols au couvent de Schoenensteinbach et huit sols à la ville de Cernay.

De Cernay à Ensisheim

Originaire de "Senhemensis" comme l'indique le curé d'Ensisheim (c'est à dire Cernay), Simon DANGEL épousa en 1722 Françoise SCHAUB. Le couple eut plusieurs enfants.

Parmi eux, un fils François Ignace qui fut ordonné prêtre en 1749. Vicaire de Gueberschwihr puis de Réguisheim, il administra la paroisse de Galfingue jusqu'à la Révolution et décéda à Ensisheim en 1810 (KAMMERER). Lors de son ministère à Galfingue, il maria sa soeur et son frère. La première, prénommée Marie Hélène, épousa Ignace HOFFMANN de Ferrette, le second, Antoine, s'unit à Elisabeth MEYER.

Sans qu'il soit possible de la rattacher à la souche de Cernay, une autre famille DANGEL vivait à Ensisheim à la même époque. Elle descendait du tisserand Jacques DANGEL dont le fils, Jean Michel, épousa en 1721 Marie DERENDINGER, ressortissante soleuroise. Le fils de ces derniers, Jean Baptiste DANGEL, fut greffier de la prison d'Ensisheim après avoir épousé Marie Anne SAUTIER. Leur fils Louis, né en 1774, cordonnier de métier, assura une descendance locale.

Toujours la Suisse

D'autres DANGEL, alias DÄNGELI et DENGELER, firent souche dans le Haut-Rhin. Citons les enfants du couple Jean et Madeleine VOGEL demeurant à Schüpfheim, non loin de Ruswil dans le canton de Lucerne.

Un fils du couple, Joseph, vint s'établir à Mollau en y épousant en 1698 Ursule EHLINGER. Il signait les actes en dessinant une enclume très stylisée, sans doute en rapport avec son nom. Quelques années après son mariage, il se fixa derrière Storckensohn. Le couple s'établit ensuite à Saint-Maurice-sur-Moselle où naquirent une partie de leurs enfants. Ursule EHLINGER décéda en 1714, âgée de seulement quarante ans.

Pierre, également né à Schüpfheim comme son frère Joseph, épousa en 1715 à Saint-Amarin Catherine CHRISTEN. En 1745, il fit une demande afin d'être reçu bourgeois de Saint-Amarin auprès de la chancellerie de Murbach. Dans la vallée de Masevaux, le curé François Antoine BEHRA a dressé l'arbre des DÄGELIN issus de Pierre Antoine, originaire du canton de Lucerne.

Enfin, plus au nord, dans la ville de Soultz, nous trouvons trace de Jean Melchior DENGELIN originaire de Kriens, dans la canton de Lucerne. Il y épousa en avril 1657 Elisabeth BORER du canton de Soleure. Mentionnons encore une famille DANGEL à Willer-sur-Thur où Jacques est cité comme mineur dans les filons ferreux de la basse vallée au milieu du XVIIIè siècle. Il était l'époux de Catherine RINGENBACH.

La notice historique sur Schweighouse-près-Thann, réalisée au siècle dernier, indique qu'une famille DANGEL arriva au village en 1703, mais la perte des registres ne permet pas de connaître leur origine.

La grande famille de Moss

Jean DANGEL fut meunier à Moos où il est cité dès 1649, année du baptême de son fils Jean. De son union avec Anne METZGER, il eut plusieurs enfants. Certains naquirent avant 1646, date d'ouverture des registres paroissiaux de Durlinsdorf, dont dépendait Moos. Il décéda à Bonfol en décembre 1674 et fut inhumé le 21 du mois à Pfetterhouse. Le curé de Durlinsdorf nota le décès dans ses registres en précisant que le défunt était meunier à Moos.

Détail d'une maison ancienne à Mooslargue  

Parmi ses enfants, une fille Agnès épousa en 1669 Jacques JAEGLIN de Pfetterhouse. Trois fils se marièrent à Durlinsdorf : le premier, Jean Adam, avec Elisabeth ENDERLIN la fille du maire de Moernach, le second, Jean Jacques, avec Agnès LEMES de Koestlach, le troisième enfin, Christian, avec Madeleine MENWEG de Ferrette.

Parmi la descendance DANGEL, Jacques Joseph né en 1707 fut prêtre à Ferrette. Un autre Joseph DANGEL épousa à Koestlach en 1728 Ursule BOETSCH de Moernach. Des branches se fixèrent à Moernach, Waldighoffen etc. A Bendorf, Jean Georges DANGEL et son épouse Elisabeth eurent deux fils en 1733 et 1733 : Barthélémy et Pierre Joseph.

Quelques années plus tard, Marguerite FLEURY femme de Pierre DANGEL donna à son époux douze enfants (ALEXSYS). Cette souche de Bendorf est sans doute apparentée à celle de Moos. Le 19 avril 1689, Véréna DANGEL, fille de Henri DANGEL et Anne MEISTER vit le jour à Pfetterhouse.

A Durlinsdorf fut célébré en octobre 1749 le mariage de Henri DANGELl et Marguerite HÜBLER. Si le futur époux était de Moos, sa promise venait de Levoncourt. En 1762, elle mit au monde un fils que l'on prénomma Henri Xavier Benoit, comme son parrain Henri Benoit HÜBLER.

Ce fils fit une brillante carrière militaire et fut décoré de la Croix de Saint-Louis. Il décéda en 1848 à Saint-Nom-la-Bretêche. Son fils, Henri Alfred, né à Bayonne en 1798, fut général (NDBA). Henri Xavier Benoit avait modifié son patronyme. Il se fit appeler d'ANGELL DE KLEINFELD, sans doute en mémoire de son village natal, Moos, où un canton se nomme Kleinfeld.

André GANTER