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Dornstetter

Une très vieille famille du vignoble

S'il est d'anciens lignages établis dans notre région bien avant la guerre de Trente ans, les Dornstetter attestés dès le milieu du XVIe siècle à Gueberschwihr et sans doute aussi à Pfaffenheim sont de ceux-là. On ignore l'origine du premier membre de la famille installé en Alsace, mais son patronyme s'explique sans nul doute par la provenance de l'une des deux communes nommées Dornstetten, en Forêt Noire pour l'une et en Bavière pour la seconde.

Gueberschwihr, berceau des Dornstetter : maison E. Burn ou "Clos saint-Imer", dans la rue Basse. Le linteau du porche indique la date de 1554  

Dès 1550, les comptes de la paroisse de Gueberschwihr indiquent la présence de Jost Dornstetter. Trois ans plus tard, en 1553, on trouve à côté de Jost les dénommés Claus, Imer et Hans Dornstetter. La famille comptait donc déjà plusieurs membres, ce qui ne laisse subsister aucun doute sur sa présence à Gueberschwihr dès les premières décennies du XVIe siècle.

Dans le village voisin, Pfaffenheim, la famille était représentée dès 1580 par Bastion (Sébastien) Dornstetter qui tenait des terres appartenant à l'Ordre de Malte de Soultz auquel il reversait un cens de 7 schillings.

L'abbé Laurent Zind, auquel Gueberschwihr doit un monumental travail d'historien publié en 1989 (réf. plus loin), indique qu'Imer Dornstetter construisit l'une des maisons du coeur du village : son linteau indique la date de 1609, et bien plus tard, l'édifice vit naître celui qui deviendra l'archevêque de Besançon, Mgr Louis Humbrecht (+ 1927), issu lui aussi d'une famille locale.

Pour un pré qu'il tenait près du château aujourd'hui disparu des nobles de Hertenberg, Hans Dornstetter versait en 1612 un cens de 3 livres et 9 schillings. Quant à Marx (Marc) Dornstetter, il occupait entre 1631 et 1635 la haute charge de prévôt de Gueberschwihr.

La famille survécut à la guerre de Trente ans et figure dans les registres de la paroisse qui débutent en 1658, donc peu après la fin du conflit. À cette époque, Marc Dornstetter et son épouse baptisèrent leurs enfants Pantaléon, Valentin, Hymerius et Marc. Valentin Dornstetter et Anna Maria Deybach eurent une nombreuse postérité à partir de 1688. En 1748, le couple érigera encore la croix du Chemin-Neuf, marquant pour de bon de son empreinte la vie de Gueberschwihr.

Parmi les familles alliées, on compte les Römer (1685), Keller (1690, 1734), Weck (1701), puis les Köhl, Lichtlé, Ackermann, Wanger, Fries, Roesch, Weber, Bisantz, Binder, Bopp, Weiss...

Des mariages tout au long de la route des vins

Veuve du médecin Jean Georges Gschwind, Odile Dornstetter se remaria en 1709 avec Andreas Althauss, lui aussi «chyrurgus», à Gundolsheim ; le couple s'installa ensuite à Gueberschwihr. Au XVIIIe siècle, on trouve des Dornstetter convolant à Biesheim (Riber), Benwihr (Faulhaber), Westhalten (Riss, Strub, Muller, Reich, Braun, Beringer, Kibler, Riedemann, Jenni, Lichtlé...), Soultzmatt (Boesch, Heitzmann...), Osenbach, Rouffach (Eberhard, Kuegel), Orschwihr (Rich), pour ne citer que ces quelques exemples. Par la suite, la famille se rencontre également dans les registres de Ribeauvillé, Sainte-Croix-en-Plaine, Wihr-au-Val, Niederhergheim ou encore Beblenheim.

Gueberschwihr abritait en 1848 Louis Dornstetter qui, capitaine des pompiers, veillait sur le sommeil des villageois. Louis fils était quant à lui commandant de la Garde nationale à l'âge de 25 ans déjà, tandis que Joseph apparaît comme «gourmet» et excitait donc les papilles gustatives de ses hôtes.

Léonard François Joseph Dornstetter, baptisé en décembre 1852, fut ordonné prêtre en 1876. D'abord vicaire à Guebwiller, Carspach et Altkirch, il fut nommé curé de Fessenheim en 1891, de Habsheim en 1903 et de Masevaux en 1908.

Le rêve du Nouveau Monde

Ils étaient nombreux, à l'époque, à rêver d'une vie meilleure aux États-Unis. Parmi ces candidats à l'émigration, on relève en 1817 le nom du vigneron de Westhalten Martin Dornstetter qui formula une demande de passeport. Les quelques Dornstetter que l'on trouve dans l'Ohio sont-ils ses descendants ?

Quoi qu'il en soit, ce patronyme est aujourd'hui représenté dans nombre de villages alsaciens, y compris du Bas-Rhin, ainsi qu'en Lorraine et à Lyon, de manière isolée. Gageons que cette famille vieille chez nous de plus de 450 ans a encore de beaux jours devant elle.

Denis Dubich