Les FAIVRE sont très répandus sur le territoire national. Nous avons déjà évoqué l'étymologie de ce nom issu de la profession de forgeron, en latin faber ferrarius, l'artisan du fer, en étudiant la famille SCHMITT ("Les vieilles familles du Sundgau", tome 1).

Les FAIVRE, particulièrement bien représentés en Franche-Comté, constituent également une ancienne famille de Valdieu-Lutran, étudiée par Gérard HIMMELBERGER.

La maison Faivre de Valdieu-Lutran a été contruite au siècle dernier. Cette famille - l'une des plus vieilles de Valdieu - y vit encore

Un ancien registre-terrier des biens de l'abbaye de Valdieu mentionne, en 1569, Claude FÉBURE.

Un siècle plus tard, ce patronyme était porté par quatre chefs de famille de Valdieu : Antoine époux d'Henriette CLAUDE, Gérard marié à Agathe GAIJEAN, Nicolas époux d'Alice CHERAY et Ulrich marié à Hélène KERN.

Un des fils d'Antoine, prénommé Henri, fut religieux dans l'ordre des Bernardins.

Au début du XVIIIè siècle, les époux Jean-Pierre FAIVRE et Jeanne-Marie GAUTHERAT eurent douze enfants, dont six seulement atteignirent l'âge adulte (ce taux de mortalité infantile de l'ordre de 50 % était malheureusement chose courante à cette époque).

Deux fils s'engagèrent au service de l'Eglise, deux autres au service de la Patrie. L'aîné, Jean-Thiébaud, né en 1710, fut vicaire de Bisel, aumônier des seigneurs de Montjoie à Hirsingue, puis curé de Luemschwiller, village où il décéda en 1762. Le second fils, Jean Baptiste, né en 1718, fut chapelain à Seppois et Chavannes-les-Grands où il acheva sa vie en 1782.

Les deux autres fils, Maurice et Louis, furent officiers dans l'armée. Louis FAIVRE fit une belle carrière militaire : capitaine au Régiment Provincial d'Alsace, il fut promu chevalier de l'ordre militaire de Saint-Louis.

Ses deux épouses, Catherine BOURQUARDEZ de Reppe et Jeanne-Eve FROSSARD de Vauthiermont lui donnèrent neuf enfants. Louis FAIVRE est l'ancêtre de tous les FAIVRE qui ont habité Valdieu au cours des deux derniers siècles. Sa première épouse, Catherine BOURQUARDEZ, fut la marraine de la petite cloche de l'église paroissiale de Lutran. Bénite en 1773, cette cloche appelle toujours les paroissiens aux offices.

A la Révolution, Jean-Baptiste FAIVRE, fils de Louis, eut l'occasion d'acquérir une part importante de terrains agricoles ayant appartenu à l'ancienne abbaye de Valdieu. Jean-Pierre FAIVRE acheta quant à lui deux carpières qui servaient d'abreuvoirs au bétail des habitants et de réservoir d'eau pour la communauté en cas d'incendie. Cet achat lui valut quelques démêlés avec la municipalité (Archives Départementales du Haut-Rhin, fonds révolutionnaire, série L).

Vers 1830, Jean-Baptiste FAIVRE fit ériger une chapelle pour y déposer une statue de la Vierge douloureuse, statue provenant de l'ancienne abbaye démolie à la Révolution. Les prêtres des alentours vinrent y célébrer des messes et les fidèles s'y rendirent en grand nombre.

Bien vite, les murs de la chapelle se couvrirent d'ex-voto, béquilles, cannes ... Cet oratoire, propriété privée, fit l'objet d'une donation à la paroisse de Lutran en 1911 par les propriétaires qui avaient quitté Valdieu. Il fut remplacé après la première guerre mondiale par la chapelle actuelle. Une loge en maçonnerie abritant une statuette indique aujourd'hui encore son emplacement au promeneur.

Les FAIVRE furent attirés par le Nouveau Monde au milieu du siècle dernier. Marie-Sophie et Marie-Anne FAIVRE, deux soeurs âgées respectivement de 27 et 26 ans, partirent en 1847 pour les Etats-Unis d'Amérique. Elles furent suivies en 1849 par Louis-Joseph FAIVRE, puis, après la guerre de 1870-1871, par Joseph-Charles et Charles-Emile FAIVRE.

Plusieurs membres de la famille FAIVRE ont assumé la charge de maire de Valdieu, fonction seigneuriale avant la Révolution et fonction publique après : Gérard (1672, 1696), Jean-Pierre (1699, 1714), Jean-Pierre (1784-1790 et 1793-1795), Jean-Joseph qui fut capitaine comme son père Louis (1816-1844), Célestin (1876-1886), Alfred (1896-1919) et Joseph (1964-1971).

Certains FAIVRE, dont Jean-Joseph (fin XVIIè - début XVIIIè siècle), ont tenu cabaret à Valdieu. L'actuel restaurant "A l'Etoile" a été construit à la fin du siècle dernier puis a été exploité par Albert FAIVRE. Aujourd'hui encore, la famille FAIVRE est toujours présente à Valdieu-Lutran, après plus de quatre siècles de présence.