Ce patronyme est peu répandu dans notre région et il est surtout bien représenté en la cité médiévale de Rouffach.

L'éthymologie de ce nom de famille provient peut-être du poisson d'eau douce à la chair très estimée, le brochet. Ce dernier se dit, tant en dialecte qu'en allemand, Hecht et était un poisson courant en Alsace.

D'autre part des familles HECHT du canton de Lucerne dès le XIVè siècle portaient comme armoiries : "d'azur au brochet d'argent accompagné de deux étoiles à six rais d'or en chef et de trois coupeaux de sinople en pointe" (Dictionnaire Historique et Biograhique de la Suisse).

Détail d'une porte ancienne à Rouffach, ville d'origine des Hecht

Grâce aux recherches qu'effectue actuellement Frédérique HECHT de Rouffach, nous pouvons retracer l'histoire de cette famille depuis le XVIIè siècle jusqu'à nos jours.

Le vingt trois février 1673, Pierre HECHT, boucher de profession, s'unit en l'église Notre Dame à Rouffach avec Anne Marie SEITZ issue d'une très ancienne famille locale. Mais aucune indication n'est mentionnée quant à sa filiation et son origine. Dans l'état actuel des recherches, l'hypothèse d'une origine Suisse n'est pas à exclure.

De son union naquirent au moins trois enfants : Ursule en 1681, Anne Marie en 1683 et Jean Jacques en 1685.

Ce dernier épousa Catherine FRIDERICH le 26 avril 1706. Ce mariage fut célébré dans la chapelle Notre Dame du Schaeferthal, se trouvant au ban de Soultzmatt, encore aujourd'hui lieu de pélerinage très fréquenté.

Après le décès de son épouse, Anne Marie SEITZ survenu en l'année 1693, Pierre HECHT convola en secondes noces. Il épousa à Pfaffenheim Appoline RISS qui lui donna encore quatre enfants.

L'un des fils, prénommé Erasme, baptisé en 1702 à Rouffach, épousa Ursule BISANTZ dont il eu au moins huit enfants.

L'un d'entre eux, Jean, né au mois de février 1739 fera souche et aura une nombreuse descendance à Rouffach avec Anne Marie HABERER.

Un mois après le décès de Pierre HECHT survenu le 12 novembre 1721, on procéda au partage de sa succession. Un inventaire détaillé fut rédigé le 10 décembre de cette année-là.

Ce document conservé aux Archives Départementales du Haut-Rhin dans l'important fonds du notariat de Rouffach, nous donne une radiographie très détaillée de la famille à un moment donné de son existence.

Nous apprenons ainsi que le partage des biens est réalisé entre la veuve, et les enfants issus des deux unions. Parmi les témoins figure André HEBERLIN, veuf d'Anne Marie HECHT, fille du défunt, qui assiste son fils Nicolas HEBERLIN pour ce qui concerne sa part d'héritage.

Tous les biens sont ensuite énumérés avec précision. Ainsi nous apprenons que la famille possédait une maison avec cour, grange, étable et jardin potager. L'ensemble des bâtiments est alors estimé à la somme de mille livres, somme assez rondelette pour l'époque.

Après les constructions viennent alors les ustensiles de cuisine, la literie, les meubles, la réserve de vin etc... On découvre même que le cheptel familial se composait d'un petit cheval, de deux cochons, cinq vieux moutons, deux brebis et deux poules.

Grâce à cet inventaire, nous avons pu localiser le lieu où est allé habiter l'un des fils, organiste et maître d'école.

En effet, nous avons retrouvé la trace de François Antoine HECHT à Altkirch où il avait épousé le 11 mai 1720 Anne GRANTZ. Cette dernière venait de Moyenvic près de Château Salins en Lorraine. Son nom GRANCE avait été germanisé en GRANTZ.

Trois enfants du couple seront baptisés à Altkirch : Jean Pierre Joseph en 1721, François Christophe en 1722 et Marie Ursule en 1736. Aucune mention du patronyme HECHT n'a été relevée entre 1722 et 1736. Il est très possible, du fait de sa profession, qu'Antoine HECHT se soit déplacé pendant quelques années.

Seule l'analyse de sa descendance permettrait de le confirmer.

Les armoiries des Hecht Suisses

Le Nouveau Dictionnaire de Biographie Alsacienne mentionne une famille HECHT originaire de Tennstedt en Thuringe.

Chrétien HECHT baptisé en l'année 1610 et décédé en 1676 y était potier d'étain. Sa descendance s'est illustrée durant de nombreuses générations dans le domaine de la pharmacie à Strasbourg.

La consultation des registres paroissiaux de Feldkirch a quant à elle permis de trouver trace d'une autre famille HECHT.

En l'année 1686, Daniel HECHT de Bollwiller, fils de Pierre, épousa Marie Elisabeth NICKLER. Leur fils, Jean prit pour épouse Anne Marie SALOMON le premier février 1712. La même année, Catherine, soeur de Jean, unit sa destinée avec Guillaume Fortuné BUCHER.

De même les registres de Westhalten nous permettent de connaître une autre souche HECHT. C'est celle de Frédéric HECHT, veuf d'Anne Marie Elisabeth SENNEN, originaire d'Ingersheim. Il se maria en septembre 1743 avec une jeune fille également native d'Ingersheim, Madeleine SCHNEIDER.

Enfin, mentionnons une ancienne famille HECHT à Carspach où elle est attestée dès la fin du XVIIè siècle. Elle nous est connue grâce à l'analyse du notariat ancien de Bendorf (par André GANTER et publié dans le BERGHA) qui fait état d'un inventaire au décès de Pierre HECHT, bourgeois de Carspach, daté d'août 1688. On y apprend que sa maison avec les dépendances était située dans la rue dite "Kirchgassen" et qu'elle valait 240 livres, monnaie de Bâle.

Quelques années après, Jean HECHT, bourgeois de Carspach, acquit lors d'une adjudication des champs "am creützweg" au ban de Saint-Léger.

A l'instar d'autres familles alsaciennes, les HECHT se sont aventurés Outre Atlantique, espérant y trouver une vie meilleure.

Plusieurs familles rouffachoises se sont installées dans le Kentucky, important centre commercial et industriel.

Parmi celles-ci, on relève les SOMMEREISEN, les PROBST, les IHLER, les HOFFMEYER. La famille HECHT est réprésentée par Joseph, fils de Xavier et de Catherine STORCH. Il quittera sa ville natale de Rouffach en l'année 1843 pour aller exercer sa profession de charpentier à Jeffersontwon.

Quelques années plus tard, en 1896, Héribert HECHT également de Rouffach fit une demande de passeport pour les Etats Unis.