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Heimburger

Les Heimburger : des racines alsaciennes d'une rare profondeur

Après les Holder, une famille fort ancienne de Haute-Alsace, Denis Dubich se propose de nous présenter aujourd'hui le très ancien lignage des Heimburger.

Admis à la bourgeoisie de Colmar dès 1391

Les premières mentions de la famille Heimburger, qui est aujourd'hui représentée du nord au sud de l'Alsace, peuvent être repérées dans la liste des admissions à la bourgeoisie de Colmar et dans celle des échevins de la ville, dès le Moyen-Âge. La fonction d'échevin correspond alors peu ou prou à celle de nos conseillers municipaux modernes, et la Ville de Colmar a conservé les noms de ces élus grâce au Vieux Livre du Conseil ou «Altes Rotbuch», dès environ 1360. Le plus ancien membre connu de la famille fut admis à la bourgeoisie de Colmar en 1391 et se nommait Clawlin Heinburge.

C'est en 1414 que nous relevons ainsi le nom de Clawlin Heimburg qui siégeait au Conseil parmi les bouchers, en tant que représentant de cette corporation. D'ailleurs, indique H. Bahlow, le terme de Heimbürge(r) désignait, à l'époque, celui qui se trouvait à la tête de son village, le prévôt, du moins en Franconie. D'où les nombreuses familles Heimburger, mais aussi Heimberger, que l'on trouve dans la région de Lahr, en Allemagne. Il existe donc plusieurs souches indépendantes pour ce patronyme, certaines familles alsaciennes pouvant même avoir leurs racines outre-Rhin.

À Colmar, on rencontre en tout cas Clawlin Heimburg en 1414, suivi de plusieurs autres membres de la famille dont le nom évoluera en Heymburge et Heinburge (1423), Heimburg (1431-59), Heymburg (1490), Haimburger et Heimburger (1546), puis à nouveau Heimburger en 1587. Les intéressés appartenaient aux corporation des cultivateurs, des bouchers, des tisserands ou encore des blanchisseurs.

De Colmar et Eguisheim, la famille essaime largement

Dès 1594, nous trouvons des couples du nom baptisant à Colmar des enfants. Jusqu'à ce jour, les Heimburger foisonnent à Colmar ; ils sont assurément les descendants de Hans et de sa femme Barbara Bas (1607), de Martin et de Margaretha Schneider (1608), de Lienhard et d'Apollonia Bueb (1617), de Claus et de Maria Fues (1618)... La liste des lignages apparentés serait longue, mais ajoutons néanmoins ces quelques noms : Breger (1607), Ehret (1610), Abt (1633), Juncker (1636), Rosenkranz (1664) et Baur (1685).

Non loin de Colmar, le joyau du vignoble Eguisheim abritait lui aussi des membres de la famille. Parmi les premiers Heimburger connus à cet endroit, citons Mathias et son épouse Christina Thomann qui baptisèrent leur fils Isaïe en mai 1621. Bien avant cela, en 1588, Anna Heimburger avait épousé à Wintzenheim Jacob Klein. D'ailleurs, Margaretha Heimburger s'était déjà mariée dans la vallée de Munster en 1584 avec Claus Speele. Une famille Heimburger figure également dans les registres paroissiaux de Barr dès 1577.

Peu à peu, la famille essaima autour de son berceau, s'avançant aussi vers le sud et l'est du département - parfois juste le temps d'un mariage dans le village de l'épouse -, et apparaissant ainsi à Zimmerbach (1773), Ingersheim (1685), Bennwihr (1758), Mittelwihr (1793), Fessenheim (1685), Oberhergheim (1773), Oberentzen (1856), Blodelsheim (1731), Niederentzen (v.1729), Hirtzfelden (1718), Hartmannswiller (1735), Ottmarsheim (1767), et même Pfastatt (1850) et Sierentz (1737)...

Dans bien des cas, on ignore d'où venait le premier porteur du nom, par exemple à Niederentzen où François Joseph Heimburger devait bénéficier d'une haute estime pour apparaître aussi fréquemment comme parrain de nombreux enfants du village à partir de janvier 1729. Il ne tardera d'ailleurs pas à devenir le «Schultheiß» ou prévôt du village. Lui-même baptisa une fillette avec son épouse Agnès Seitz en août de la même année, puis d'autres enfants encore, dont Jean-Baptiste en 1736 et François-Joseph en 1741. La postérité fut ainsi assurée à Niederentzen.

Des Heimburger éminents à Fessenheim

La dalle funéraire, précautionneusement conservée au cimetière de Fessenheim, de Jean Baptiste Heimburger (1748-1787).  

À Fessenheim, où la famille était autrefois bien représentée, Jean Jacques Heimburger poussa son dernier souffle le 2 octobre 1741, à 53 ans ; il avait été le prévôt du village et maître de poste. Jean Baptiste Heimburger, né en 1724, avait lui aussi été bourgeois de Fessenheim et «Postmeister». Son homonyme Jean Baptiste, décédé en 1787, avait endossé la charge de prêteur royal et de fiscal, avant que la mort ne le frappe dans la fleur de l'âge, à 38 ans seulement... Certaines pierres tombales familiales anciennes, comme la sienne (photo ci-contre), étaient décorées d'armoiries représentant un cor de postillon.

Autant de contemporains d'un autre enfant de Fessenheim, François Antoine Heimburger, qui naquit en 1722 au foyer de Jacques et de son épouse Véronique Ebelin et fut ordonné prêtre en 1747. Sa carrière le mena de Guebwiller à Obermorschwiller où il décéda en 1789.

Évoquons encore un dernier membre de la famille, né à Fessenheim en 1819 : François Xavier, fils de Jean Baptiste, propriétaire, et de Marie Rose Thuet. En 1847, François Xavier épousa à Rouffach Marie Amélie Callinet et fut élu au conseil municipal en 1848. Notaire, il devint plus tard le maire de sa ville d'adoption (1871-85) avant d'être chargé de diverses fonctions par l'administration allemande.

De nombreux Heimburger vivent aux États-Unis, provenant majoritairement d'Allemagne, mais certains sont bien d'origine alsacienne, particulièrement de Marlenheim (67). Plus mystérieuse est cependant l'origine de ce Robert Heimburger qui vint au monde le 18 mai 1809 à... Saint-Pétersbourg, en Russie !

Au Nouveau Monde

En 1880, on trouve dans l'Illinois, près de Chicago, le fermier John Heimburger et son épouse Theresia, nés tous deux en Alsace en 1826. Dans l'Indiana vivait alors Frank Heimburger, né en France en 1822, tandis que Jacob Heimburger, natif lui aussi de notre pays en 1840, avait choisi de vivre dans l'État du Missouri.

Denis Dubich