Notices de familles ( 1305 entrées )

Horn

Les Horn sont présents à Meyenheim depuis plusieurs siècles  

Le nom de famille HORN vient du mot germanique HORN, la corne, porté par de nombreux lieux-dit, et très fréquent au Moyen Age dans les régions germaniques.

Une localité Suisse du canton de Zurich, district d'Arbon, se nomme toujours HORN. Ce toponyme peut désigner une proche montagne en forme de corne. Il représente aussi le nom d'une maison à l'enseigne de la Corne.

On trouve le nom HORN avec toutes sortes de préfixes, donnant AM HORN, BEIM HORN, IM HORN, ZU DEM HORN etc..

La forme latine HORNUS ou HORNIUS est fréquente tout comme la forme germanique HORNER indiquant une origine, venant du lieu-dit HORN.

Le diminutif HORN y est très porté en Suisse et nous lui consacrerons une notice spécifique.

La forme française est généralement CORNARD, dérivant de la Corne, en allemand HORN, et ayant le sens de niais ou sot.

En dehors de l'Alsace : Suisse, Allemagne, Belgique et Suède

En Suisse les HORN constituent une ancienne famille patricienne de la ville de Berne.

Parmi ses membres citons Rodolphe HORN qui fut bailli de Romainmôtier en 1598 (Dictionnaire Historique et Biographique de la Suisse).

D'autres souches importantes et anciennes se localisent aussi, toujours dans ce même canton de Berne, à Schüpfen et Sigriswill (Répertoire des noms de Familles Suisses).

En Allemagne pas moins d'une dizaine de localités se nomment HORN. L'une d'elles, sise près de Gaienhofen, se trouve dans le pays de Bade.

Au niveau patronymique, les familles HORN sont assez courantes. Citons une souche qui, venant de Saxe, se fixa à Mulhouse en 1762. Mentionnons aussi quelques personnalités comme l'historien Georges HORN né en 1620 dans la principauté de Schwarzburg et qui publia plusieurs ouvrages à La Haye .

Une famille noble des comtes de HORN venant du Brabant est rendue célèbre par la décapitation en 1568 à Bruxelles de l'un de ses membres, Philippe II de Montmorency-Nivelle, comte de HORN.

Enfin, la grande famille suédoise des HORN à donné de nombreux hommes illustres, particulièrement dans le métier des armes.

L'un d'eux a un rapport particulier avec l'Alsace : c'est le général suédois Gustaf HORN qui joua un rôle essentiel dans la guerre de Trente Ans. Traversant le Rhin en 1632 à Strasbourg il remonta vers le sud, prenant tour à tour les villes dans des conditions souvent atroces.

Ces exploits ont laissé jusqu'à nos jours une vive empreinte dans la mémoire populaire qui attribue le nom de "guerre des suédois" à cette tragique période de notre histoire (NDBA p.1668).

Diverses implantations dans le Haut-Rhin

A Sigolsheim vivaient dans la seconde moitié du XVIIè siècle plusieurs HORN dont nous ignorons l'origine.

En 1678 décéda dans cette ville Jean Michel HORN, alors âgé de 57 ans.

En 1684 un autre Jean Michel HORN, peut-être fils du précédent, y épousait Suzanne REB. Neuf ans plus tard le jeune Jean HORN, peut-être aussi fils du premier Jean Michel, se maria à la jeune Ursule TEMPÉ.

La souche de Sigolsheim donna naissance à celle d'Ammerschwihr et sans doute aussi à celle de Bennwihr.

De cette souche de Sigolsheim est issu Jean Baptiste HORN. Mlle Dominique DREYER a retrouvé aux Archives Départementales une lettre des Archives de la Chancellerie adressée au Préfet du Haut-Rhin en 1867.

Ce document indique que "le sieur HORN Jean Baptiste est mort en mer à bord du navire américain Cella au mois d'août dernier .... Le défunt avait avec lui une malle avec quelques effets, deux bouteilles de liqueurs et une somme d'argent représentant un cinquantaine de dollars..".

A Habsheim les relevés de Pierre ANTONY mentionnent deux HORN. Le premier se nomme Conrad HORN. Epoux de Barbe FRICKER le couple a eu deux enfants, Jean et Thiébaut, baptisés respectivement en juin 1668 et juin 1670.

A Heiteren Jean Louis KLEINDIENST a relevé une famille HORN. Issue du village de Rustenhart, elle aura des liens avec les familles de Dessenheim et Weckolsheim.

L'ancienne souche de Meyenheim

Les HORN, toujours nombreux dans le village, sont présents à Meyenheim depuis plusieurs siècles.

L'absence de registres de mariages avant 1663 pour la paroisse Saints Pierre et Paul ne permet pas de tracer une généalogie suivie de cette famille pour le début du XVIIè siècle.

Toutefois certains indices font supposer sa présence avant les grands mouvements migratoires consécutifs à la guerre de Trente Ans.

Né vers 1633, Bernard HORN avait épousé Suzanne KUNTZ. Bernard devait être assez aisé car il fut cité en 1677 comme créancier de la succession WERNER, boulanger à Cernay.

Au couple HORN - KUNTZ nous connaissons huit enfants, tous baptisés à Meyenheim entre 1663 et 1683. Parmi eux les cinq fils Jean, Bernard, François-Sébastien et Jean-Georges.

C'est sans doute le fils aîné, Jean, qui épousa en 1686 Anne KARLER dont il eu une fille Marie en 1688. C'est probablement ce Jean qui figure en 1689 dans la liste des membres de la confrérie Saint Sébastien de Niederentzen.

Cette institution, étudiée par Georges BORDMANN, donnait à ses membres des indulgences plénières et leur assurait des funérailles religieuses.

Un François HORN, sans doute aussi frère de Bernard, se maria en janvier 1673 avec Véronique ENTZ.

Le premier enfant du couple naquit fin octobre de la même année à Oberhergheim. Les deux enfants suivants furent baptisés en 1676 et 1677 à Rouffach où la famille avait probablement trouvé une relative sécurité derrière les murailles de la ville lors de la guerre de Hollande.

En 1680 le couple était de retour à Oberhergheim, puis nous le trouvons à Meyenheim où naquît un fils Bernard en 1686 et un autre fils Jacques en 1690.

Quant aux indices qui font penser à une présence très ancienne dans le secteur, ils sont au nombre de deux. Le premier est l'acte de mariage de Jean HORN, dit originaire de Meyenheim, acte passé en 1647 à Ensisheim. Le second, plus ancien, est l'acte de mariage noté dans le registre paroissial d'Oberhergheim en l'an 1613. Il concerne Jean HORN bourgeois d'Oberentzen et Claire MANN issue d'une très ancienne famille d'Oberhergheim.

Une vue du Heydentempel à Soultz: le bâtiment a été acquis en 1710 par Melchior Horn  

Des branches américaines

Sébastien HORN, né vers 1760 à Meyenheim, eu de son épouse Marie Anne RIEGEL plusieurs enfants. L'un d'eux, prénommé Dominique, né en 1806 épousa à Meyenheim en 1828 Marie Anne WOTTLIN. Berger de profession il quitta l'Alsace en 1851 avec sa famille pour rejoindre le Texas d'après son passeport établit en décembre 1851.

Egalement originaire de Meyenheim où il avait vu le jour en 1830, Paul HORN sollicita son passeport pour le Texas en 1851. Il était le fils du laboureur Sébastien HORN et petit-fils de François Joseph HORN.

Un frère de Paul, prénommé Pierre, fut menuisier à Meyenheim où il épousa en 1833 Marie Anne WALTZER. De leur union naquit plusieurs enfants. La famille quitta l'Alsace après l'annexion et se fixa dans les Vosges à Epinal.

Une fille Emérance, née à Meyenheim en 1869, épousa Joseph Camille CROUÉ à Lupcourt près de Nancy. Le couple se fixa à Saint Nicolas de Port, ville qui vit la naissance de leurs enfants.

En 1890 naquit la fille Eugénie Camille. Sa mère, Emérance HORN, entretenait des relations avec ses frères et soeurs partis en Amérique.

C'est sans doute par ce biais que la jeune Eugénie Camille rejoignit les Etats Unis en 1907. Elle épousa en 1939 un industriel américain, du nom de FRIEDMANN. Décédée en 1980 elle fit un legs fabuleux de cinq millions de dollars au diocèse de Nancy dans le but de restaurer la basilique Saint Nicolas de Port.

Norman LAYBOURN raconte toute cette aventure dans son ouvrage "l'Emigration des Alsaciens et des Lorrains du XVIIIè au XXè siècle".

Il rapporte que lors d'un naufrage Eugénie Camille CROUÉ avait invoqué Saint Nicolas, patron des marins, et fait le voeux d'un don si elle s'en sortait. Un vitrail de la basilique retrace ce naufrage.

Les HORN de Soultz et du Val de Rimbach semblent issus de Jean Gaspard HORN et de son épouse Elisabeth HILLMEYER. A ce couple, habitant Soultz, nous connaissons avec certitude une seule fille, Marguerite, baptisée en 1635, en pleine guerre de Trente Ans.

Sans doute faut-il voir également en Ulrich HORN un fils de Jean Gaspard et donc un frère de Marguerite.

L'absence d'inscriptions dans les registres durant de longues années de guerre nous empêche de confirmer cette hypothèse. Toujours est-il que ce Ulrich fut la tige des HORN du secteur.

Ulrich Horn, le fermier de Thierenbach

Né vers 1640, Ulrich HORN, dont le nom est tantôt orthographié HORN tantôt HORNI, se maria avec Marguerite RUCKLER. Le couple habitait Thierenbach où il avait la responsabilité du domaine agricole. Ulrich possédait également le droit de bourgeoisie pour le village de Rimbach-Zell.

Avant son décès, que l'on peut situer vers 1691, il eut la joie de voir naître et grandir une douzaine d'enfants. Sa veuve, Marguerite, se remaria à Jean WEISS et habitat par la suite à Ruelisheim.

Un acte notarié rédigé après son décès en mai 1711 nous montre à quel point la famille s'était déjà bien implantée à cette époque aux alentours de Thierenbach.

La fille Elisabeth habitait Soultz avec son mari Jean HERRMANN. Sa soeur Anne Marie demeurait à Hartmannswiller avec son conjoint Henri VOLMER. Une autre fille, prénommée Eve, s'était unie à Mathias FUX et le couple résidait à Jungholtz. Il en était de même de sa soeur Madeleine, la compagne de Pierre FUX.

Mais intéressons nous davantage aux garçons qui ont laissé postérités et ont ainsi fait perdurer le patronyme qui finalement s'est stabilisé en HORN.

Le premier fils, Jean Adam HORNI, fut baptisé à Soultz en août 1664. Avec son épouse Agathe SCHLATTER il se fixa à Wuenheim. Huit filles y naquirent entre 1693 et 1708.

Trois d'entre elles s'unirent à des familles locales : PETER, MEYER et FINGERLE.

Frère de Jean Adam, Gaspard HORNI se maria en 1703 à Ruelisheim avec une DANTZER. Le couple résida à Soultz où leurs enfants virent le jour.

Autre frère de Jean Adam et fils d'Ulrich, Martin HORNI le cuvetier fonda un foyer en 1691 avec Madeleine REITZER, la veuve de Gaspard BECK. Les époux vécurent à Wuenheim où vinrent au monde six enfants dont un fils prénommé Béat qui épousa successivement une SUTTER, une OSWALD puis une DENINGER.

Né en 1668 Pierre HORN, de la même fratrie que les précédents, eut lui aussi de nombreux enfants. Nous en avons compté neuf, dont certains s'allièrent aux SIPP, GRIMM, ERISMANN et autres familles de Wuenheim.

Enfin, toujours issu de Ulrich et Marguerite RUCKLER, le fils Melchior HORNI et sa femme Ursule KELLER vécurent à Soultz. Bourgeois de la ville Melchior acquit en 1710 la propriété nommée "Heydentempel". Ses filles s'unirent aux familles WOLFARTH d'Eschentzwillere et ROTH de Soultz.

Toutes ces familles ayant beaucoup d'enfants, on comprend qu'au XVIIIè siècle les HORN étaient très nombreux de Soultz à Rimbach en passant par Wuenheim et Jungholtz.

De Wuenheim à Buhl

Le dépouillement des actes de mariage de l'Ancien Régime de Buhl nous apprend que deux fils de Béat HORN, un bourgeois de Wuenheim, firent souche dans la commune du Florival.

Le premier, Joseph, y épousa en février 1759 la fille de Pierre STADELMANN. Veuf Joseph se remaria, toujours à Buhl, avec Marie Anne CLAD la veuve d'un tisserand.

Le second fils, prénommé Béat comme son père, fit bénir son union à Buhl en janvier 1773. Il prenait pour femme la fille de Jean AMBIEL le tonnelier de Buhl.

A noter, pour de futures recherches, que ce village abritait déjà à la fin du siècle précédent une souche HORNI. Il s'agit de celle de Michel, fils de Christian, originaire de Suisse. Marié une premiè!re fois en 1688 à Buhl, il épousa en secondes noces à Guebwiller Jacobée FRECH.

Un décès à Colma

En mai 1777 décéda à l'hôpital de Colmar François Antoine HORN . Malade, il y était hospitalisé depuis plusieurs années. Originaire de Soultz où il avait vu le jour vers 1711, il était l'époux d'Anne Marie BURY d'Ensisheim et exerçait la profession de musicien à Colmar.

Nous avons bien retrouvé le mariage d'Anne Marie BURI en 1730 à Soultz, mais avec un Jean HORN. L'incertitude quant au prénom est renforcée par le fait que l'épouse est dite originaire de Bisel et non d'Ensisheim comme cela est mentionné au décès du mari.

Toutefois, près d'un demi-siècle plus tard, il est possible qu'à l'hôpital de Colmar on ne souvenait plus très bien de l'identité exacte du défunt.

Saint Gilles

Patron des forêts, Saint Gilles était originaire de Grèce. Abbé près d'Arles il décéda en l'an 722 et ses reliques sont aujourd'hui conservées à Toulouse.

L'ancien prieuré près de Wintzenheim, au départ de la route des cinq châteaux, lui doit son nom. Deux paroisses haut-rhinoises lui sont dédiées : Rumersheim-le-Haut et Wuenheim. Il était donc normal de trouver à Wuenheim de nombreux enfants portant ce prénom.

Autrefois le village de Wuenheim ne formait qu'un seul ban avec la ville de Soultz, et la séparation ne se fit qu'en 1832. L'ancienne église paroissiale, devenue vétuste, fut démolie en 1780. C'est très certainement dans cette église que l'on baptisa le nouveau né Gilles HORN.

Un document conservé aux Archives Nationales nous apprend qu'en mai 1817, alors célibataire, Gilles HORN fit une demande de passeport pour émigrer en Amérique. Il était alors vigneron et habitait dans son village natal.

Est-il bien arrivé outre Atlantique et y a-t-il fait souche ? Voilà une énigme sur laquelle se penchera bien un jour ou l'autre un généalogiste amateur.

André GANTER