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Latscha

Les familles LATSCHA sont toutes originaires du Jura Suisse.

Elles ont migrées vers la Haute Alsace à diverses périodes et en divers lieux, notamment dans la haute vallée du Florival et dans le vallon du Rimbach.

L'arbre généalogique des Latscha de Jungholtz  

Les familles LOETSCHER, qui, venant également de Suisse, ont souvent prospérées dans les mêmes endroits, feront l'objet d'une étude ultérieure.

Précisons simplement ici que ces deux noms de famille, phonétiquement proches, ont souvent migrés de l'un vers l'autre.

C'est ainsi que des LOETSCHER apparaissent parfois dans les registres sous la forme LASTCHA et vice-versa, ce qui bien entendu ne simplifie pas la recherche !

Le berceau suisse

Les LATSCHA viennent tous du Jura Suisse où ils sont plus connus sous la forme LACHAT et LOICHAT.

La graphie LATSCHA se retrouve dans le canton de Soleure, en particulier à Laupersdorf et Mümliswil.

La souche jurassienne de La Scheulte donna naissance à Monseigneur Eugène LACHAT, né à Réclère en 1819 qui fut, après un passage en Alsace, évêque du Tessin (Dictionnaire Historique et Biographique de la Suisse).

Cette famille a fait récemment l'objet d'une communication au sein du Cercle Généalogique de l'Ancien Evèché de Bâle à Moutier (4 juin 1997: Les descendants de Perrin LACHAT, de la Scheulte sur le Mont-Repas, par Gervais VON GUNTEN).

Des Latscha dans le Sundgau

Le trois Pluviôse de l'An XII de la République (24 janvier 1804) Joseph SCHULTZ, le maire de Blotzheim, scella l'union de Joseph LATSCHA et Marie Ursule HELL.

Si l'épouse était native de Ranspach près Altkirch, l'époux quant à lui venait du bailliage de Delémont où il était né en 1777 comme fils de Henri, prénom très prisé chez les LATSCHA comme nous le verrons.

A Leymen on cite, dans un contrat de 1735, un certain Louis LATSCHA "von dem Röbätsch" autrement dit du village du Repais près de Porrentruy.

Afin d'être admis comme habitant de Hindlingen, un autre LATSCHAT prénommé Jean Jacques prêta le samedi 26 avril 1681 le serment de manance. Il était originaire de La Scheulte, berceau cité plus haut.

Sans doute avait-t-il un lien de famille avec Antoine LOICHAT de Suarce et son épouse Madeleine FAIVRE, dont la fille Madeleine LOICHAT épousa en 1769 à Friesen Jacques BETTWILL (relevés de Denis WALDEJO).

Tous ces LATSCHA sont probablement en parenté avec les deux familles, l'une de Bisel et l'autre d'Oltingue, qui quittèrent en 1851 et 1854 le continent pour rejoindre les Etats Unis.

Dans la capitale sundgauvienne d'Altkirch nous avons noté en 1763 le mariage de Henri Joseph LACHAT et Reine BELTZ.

Si l'épouse était issue d'une ancienne famille notable de la ville, Henri Joseph venait de Saint-Ursanne.

Lors du baptême de leur fils Antoine, ce fut le frère de Henri Joseph, un certain Antoine LACHAT, qui tint le nouveau-né sur les fonts baptismaux.

Diverses souches

La haute vallée de Masevaux, d'après les travaux du curé François Antoine BEHRA, abrita plusieurs familles de ce nom.

Exerçant généralement le métier de charbonnier, ces LATSCHA ont souvent déménagé dans les forêts du secteur de Sewen.

Plus au nord, la cité de Rouffach a vu le mariage, en 1681, de Jacques LATSCHA et Madeleine STUTZ.

Jacques venait de "Mutzwil aus dem Dellsperger Thal", c'est-à-dire de Monsevelier dans la vallée de Delémont.

Le registre des baptêmes de la ville nous informe que plusieurs enfants sont nés à Roufffach de cette union.

N'ayant poussé plus avant les recherches à Rouffach, nous ignorons si cette souche a laissé descendance.

Le casse-tête des frères Henri Latscha

Comme nous l'avons déjà mentionné plus haut, le prénom Henri était très en vogue chez les LATSCHA.

Mais le comble, ce qui est un véritable casse-tête pour le généalogiste, c'est d'avoir donné ce prénom à deux frères ayant vécus à la même époque.

Seul élément distinctif, l'un se faisait appeler parfois Jean-Henri pour le différencier de son frère Henri.

Tous deux étaient fils de Pierre LATSCHA et natifs de Glovelier près de Delémont.

Le premier, Henri, épousa en 1700 à Saint-Amarin une GRUNENWALD de Mitzach, mais il semble que le couple n'eut pas d'enfant et que l'époux décéda avant mars 1702 date à laquelle son père en hérita.

C'est sans doute ce Henri qui obtint, en 1700, le droit de bourgeoisie pour Oderen après avoir acquit différentes terres à Kruth et Fellering.

Notons en passant que Henri demeurait à la cense du Lauchen dans le Florival, sans doute avec son frère Jean Henri.

Lors d'un achat de prés à Kruth pour la somme de cent une livres, monnaie de Bâle, Henri donna au vendeur Pierre ROGI comme pourboire un fromage de Delémont, preuve qu'il réalisait déjà ce type de fromage au Lauchen.

Le second, Jean-Henri, se maria en 1691 à Masevaux avec Barbe ILTISS.

Boucher de profession, son premier fils, Laurent, fut baptisé à Masevaux en 1691.

Puis nous retrouvons la famille à Lautenbach en 1696 après sans doute un passage dans la vallée de Thann.

Plusieurs enfants y naquirent, dont un fils Jean en 1699. Mais l'épouse, Barbe ILTISS, décéda en 1700 et son veuf se remaria avec Anne Marie SCHAENTZLER.

De cette seconde union il eut plusieurs enfants, tous baptisés à Lautenbach. A cette époque Jean-Henri demeurait au Lauchen, dépendance de Linthal.

En juillet 1707 il donna commission à sa belle-soeur, Anne Marie GRUNENWALD, pour vendre des biens à Mitzach, arguant du fait que son travail de marcaire ne lui permettait pas de s'éloigner si loin.

Il se déplaça néanmoins jusqu'au greffe de Guebwiller pour confirmer sa vente par l'intermédiaire du procureur fiscal du chapitre de Murbach, le nommé FLECKHAMMER.

Son fils aîné, Laurent, retourna convoler en justes noces à Masevaux où il s'établit et prit pour femme en 1714 Madeleine BETTWY.

La descendance de Laurent Latscha

Né vers 1670 et probablement frère des deux Henri, Laurent LATSCHA épousa Jeanne BOCHLER dont il eu plusieurs enfants.

Ce couple, qui demeurait au Lauchen chez les Henri LATSCHA, fut à l'origine d'une nombreuse descendance à Linthal.

Des filles s'allièrent aux familles HUEN, MINDER et ACKERMANN et un fils, Jean, fut cloutier de profession, métier qui se transmit durant plusieurs générations.

Ce fils avait épousé en 1727 Anne Marie SYREN.

Leurs filles se marièrent avec des CLAD et MEYER de Linthal, ainsi qu'un FROIDEVAUX de Murbach.

Il est amusant de noter que, dans le registre des familles de Murbach, le nom fut orthographié "LADECHAUD".

Un fils de Jean et d'Anne Marie SYREN, prénommé Jean Jacques, se maria en 1748 à Salomé ETTERLEN (relevés d'Antoine JENNY) dont il eu descendance Erni par ses filles Salomé et Marie-Anne.

La ferme au toit de chaume de Paul Latscha

Jean Jacques et sa femme Salomé ETTERLEN eurent également deux fils.

L'un d'eux, Joseph, épousa Anne Marie MARCK et le couple déménagea au hameau de Houppach près de Masevaux.

L'autre fils, Sébastien, fut cloutier à Linthal comme ses ancêtres.

Parmi sa descendance il faut citer son fils Paul, né en 1795, qui se maria par deux fois : en 1821 avec Anne Marie WICKI et en 1823 avec Marie Anne CLAD.

Cultivateur il eut une nombreuse descendance.

Dans le registre des familles de Linthal réalisé vers 1860, le curé de l'époque a ajouté, pour quelques familles, le dessin de leur ferme d'habitation.

Bien que ces dessins soient de petite taille et leur trait en partie effacé par le temps; on distingue parfaitement les bâtiments.

Pour la ferme de Paul LATSCHA le corps d'habitation est couvert de chaume alors que le bâtiment annexe, sans doute l'étable, semble protégé par des bardeaux.

Une présence étonnante à Munster

Hervé DIERSTEIN nous a communiqué récemment un intéressant document extrait des archives de l'abbaye de Munster.

Il s'agit du bail, rédigé en gothique, de la ferme abbatiale de Zufluss située à l'endroit où naîtra le village de Mitlach au delà de Metzeral.

Ce qui est étonnant c'est la date de ce bail: le trente octobre mil six cent onze, donc bien avant l'important mouvement migratoire suisse consécutif à la guerre de Trente Ans.

Sauf à penser qu'il s'agit d'un simple hasard, on est en droit de rechercher dans les implantations postérieures des LACHAT des liens familiaux et économiques ayant perduré au travers de la guerre.

Voilà un beau sujet d'étude en perspective.

Mais revenons en à ce bail octroyé par Jean Henri, abbé de Munster, aux frères Jean-Henri et Pierre LATSCHA.

Tous deux sont dit natifs de "Schalten unter der Vogthey Delsperg gelegen", autrement dit de Seleute, aussi nommé La Scheulte, dans le bailliage de Delémont, paroisse de Saint-Ursanne en Suisse.

Le bail d'une durée de dix ans, porte sur la ferme avec grange et étable, prés et jardins , ainsi que les paturages et chaumes avec marcairies d'altitude et un troupeau de cinquante vaches laitières.

Le canon est de 250 florins, à payer annuellement à la Saint Martin.

Les frères LATSCHA s'engagent également à livrer tous les ans en fromages l'équivalent d'une journée de traite de l'ensemble du troupeau.

Différentes clauses d'entretien des bâtiments et des terres sont spécifiées dans le contrat.

Il y est aussi précisé que les locataires devront agrandir les paturages et planter annuellement de 12 à 15 arbres fruitiers.

L'abbé quant à lui s'oblige à fournir aux locataires un nouveau chaudron, ce grand chaudron en cuivre servant à chauffer le lait de la journée comme on peut encore en voir dans certaines fermes-auberges.

Les industriels de Jungholtz

Un tableau généalogique, réalisé par le notaire WITTMER de Strasbourg, donne cinq générations de LATSCHA, à partir de Mathias né en 1782. Mathias et son fils Charles, surnommé "Le matador" furent les créateurs des usines LATSCHA & Cie implantées dans la vallée de Rimbach en amont de Jungholtz.

On y fabriquait des pièces de filature et de tissage, et le tout fut racheté en 1898 par les établissements A. LANG et Cie (Histoire Documentaire de l'Industrie de Mulhouse et environs).

Ajoutons que l'aïeul, Mathias, était né à Inzlingen dans le pays de Bade où son père, Ours LATSCHA était cocher.

Lors de son mariage en 1807 à Guebwiller Mathias exerçait la profession de passementier et habitait à Guebwiller depuis dix huit mois.

Son épouse, Marie Elisabeth BIECHLER, était nâtive de Guebwiller et fille du chirurgien Charles BIECHLER qui mourut près de Naples en Italie.

On peut supposer que cette branche LATSCHA n'a fait qu'un détour par l'allemagne et qu'elle était originaire de Suisse, probablement du canton de Soleure où le prénom Ours est particulièrement vénéré.

André GANTER