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Liebengut - Leibundgut

Contrairement à une idée reçue, le nom de famille LIEBENGUT ne signifie pas que son porteur était, à l'origine, une personne chérie et bonne (Lieb und Gut).

L'étymologie vient de Leib (le corps) et Gut (le bien).

Hagenbach a abrité des Liebengut aux XVIIè et XVIIIè siècles  

En vieil alsacien, la mainmorte se disait "Leibgueth".

Ce droit ancien provient de la condition servile de la personne.

Au Moyen Age, le mainmortable appartenait corps et biens (Leib und Gut) à son seigneur.

La personne corvéable ne pouvait transmettre son patrimoine qu'à ses enfants vivant avec elle.

Le servage s'étant adouci au fil du temps, la mainmorte se transforma en taxe que le seigneur percevait au décès du sujet; elle fut abolie par Louis XVI en 1779.

L'origine du mot, selon le Dictionnaire Universel de 1734, vient "de ce qu'après la mort d'un chef de famille sujet à ce droit, le Seigneur venoit prendre le plus beau meuble qui étoit dans sa maison, ou s'il n'en avoit point, on lui offroit la main droite du mort, pour marquer qu'il ne le serviroit plus".

En tant que nom de famille, des mentions très anciennes sont connues à Bâle en 1293 et Strasbourg en 1327.

Une origine Helvétique

Sous la forme LEIBUNDGUT, la famille était présente en Suisse essentiellement dans le canton de Berne, et plus particulièrement dans le district d'Arrwangen.

Au sud-est de Langenthal, est sise la localité de Melchnau, qui dépendait avant la Réforme de la paroisse de Grossdietwil se trouvant, elle, dans le canton de Lucerne.

Un certain Damian LEIBUNDGUT de Melchnau fut pendu à Langenthal en juin 1653 pour avoir participé à la guerre de Paysans (Dictionnaire Historique et Biographique de la Suisse).

Cette guerre des paysans suisses vit l'exode de nombreuses familles, du canton de Lucerne comme du canton de Berne.

L'Alsace, qui venait de subir la désastreuse guerre de Trente Ans et se trouvait provisoirement en paix, accueillit à son tour des candidats à l'émigration.

Généralement de confession réformée, les LIEBENGUT se dirigèrent alors vers la petite république de Mulhouse qui, alliée des cantons Suisses, pratiquait également le culte protestant.

Les Liebundgut d'Illzach

La tradition familiale fait venir de Berne la famille LIEBENGUT de Mulhouse, ce qui est assez juste, mais elle situe cette arrivée en 1700, ce qui est quelque peu erroné.

Nicolas EHRSAM, dans son "Bürgerbuch" de Mulhouse édité en 1850, indique que les LEIB UND GUTH furent admis à la manance à Mulhouse en 1661, avec Pierre LEIB UND GUTH, venu de Melchnau, et son épouse Eve DÄTWEYLER, originaire de Grossafoltern également dans le canton de Berne.

L'auteur, qui a commis de nombreuses erreurs, indique que les descendants se fixèrent à Illzach. En fait, dès 1656, un Pierre LEIB UND GUT de Melchnau épousa à Mulhouse Vérène STUDER d'Arrwangen.

A Illzach en 1648, donc avant la guerre des paysans suisses, le pasteur enregistra le baptême de Catherine, la fille de Pierre LEIB UND GUTT et de son épouse Catherine WEYERMANN.

Trois années plus tard, une petite soeur, prénommée Elisabeth, fut à son tour tenue sur les fonts baptismaux d'Illzach.

En janvier 1655, Jean LEIB UND GUTT d'Illzach épousa Barbe EYCH, ressortissante bernoise. Nous avons relevé six garçons issus de cette union entre 1660 et 1673.

Neuf ans après le mariage de Jean, un autre LEIB UND GUTT se maria à Illzach. Il s'agit de Frédéric, originaire de Melchnau, qui s'unit à Vérène IRIG issue d'une très ancienne famille d'Illzach.

L'année suivante, en 1665, ce fut au tour de Pierre LEIB UND GUTT, dit le jeune, de prendre femme en la personne d'Agnès WEBER. Là encore, plusieurs enfants firent la joie de leurs parents.

En cette fin du XVIIè siècle, mentionnons encore la présence d'Ulrich LEIB UND GUTT et de ses deux épouses, Marguerite HIRTZLER, native du canton de Soleure, et Vérène RIFF, venue elle du canton de Berne.

De Heimsbrunn à Hagenbach

Les relations étroites entre les villages de Heimsbrunn, Reiningue et Hagenbach peuvent être illustrées par les pérégrinations de la famille LIEBENGUT.

Valentin, originaire de Heimsbrunn, épousa en février 1678 à Reiningue Catherine DECK, en présence de Victor DECK et de Josse BALDECK.

Trois enfants naquirent à Reiningue, dont un fils Jacques en 1681.

Après le décès de son épouse, Valentin se remaria en 1685 à Hagenbach avec Catherine BURCKARD de ce village.

Il se fixa alors sur place et c'est à Hagenbach que furent baptisés les enfants de ce second lit.

A Heimsbrunn, Jean Adam LIEBGUT échangea le consentement mutuel avec Marie GLOTER, en présence du maire Jean SEITER. La cérémonie religieuse eut lieu le 22 juin 1670.

Deux garçons, Michel et Jean Adam, ainsi que deux filles, Anne Marie et Anne, vinrent concrétiser cette union et furent baptisés à Heimsbrunn entre 1672 et 1684.

Les conjoints Henri LIBENGUT et Walbourg STOCKER ont également vécu à Heimsbrunn et à Hagenbach.

Trois enfants virent le jour dans la première localité, dont une fille Marguerite qui épousa en 1709 Thiébaut TSCHIPON de Thann.

A Hagenbach, le couple eut encore deux autres enfants, Catherine en 1687 et Jacques en 1693.

Henri décéda en avril 1705 et fut inhumé dans le cimetière Saint-Pierre de Hagenbach.

Enfin, Jacques LIBEGUET, né à Reiningue en 1681, épousa en 1703 à Traubach-le-Haut Barbe RUSSWILL dont il eut quatre fils.

C'est sans doute le même Jacques qui se remaria en 1731 à Gildwiller avec Agathe BIETIGER de Falkwiller.

Notons encore la présence de LIEBENGUT à Soppe-le-Bas et à Schweighouse, et ce dès 1695.

Uli Leib und gutt

Le 24 novembre 1654, le curé de Schlierbach donna sa bénédiction nuptiale, dans sa filiale de Dietwiller, à Uli LEIB UND GUTT et à sa fiancée Adélaïde WAGNER.

L'époux, dont le prénom est un diminutif d'Ulrich, était originaire du canton de Berne, alors que son épouse venait du canton voisin de Lucerne.

En 1661, les conjoints vivaient à Habsheim où naquit leur fille Marie Véronique.

A cette époque, Ulrich exerçait la profession de vigneron pour le compte du grand bailli.

En 1665, Ulrich était "strawschneider", c'est-à-dire coupeur de paille.

Dans la paroisse voisine de Landser, Nicolas Joseph LIBENGUT, un autre émigrant bernois de Melchnau, était présent en 1711.

Son épouse Catherine MOHRER de Nugler, canton de Soleure, lui donna un fils prénommé Jean Adam et baptisé en avril de cette année à Landser.

Le curé prit bien soin de noter que le couple s'était converti au catholicisme.

Plus au nord, et peut-être en rapport avec celle d'Illzach, une souche vivait à Feldkirch.

Nous y trouvons Ulrich, son épouse Catherine HEPLER et leurs enfants nés à Feldkirch entre 1661 et 1672.

Parmi eux, citons Pierre qui épousa en 1689 Anne Marie WIDMER.

Un autre couple vivant à Feldkirch à la même époque est celui de Jean Jacques et Barbe BELTZ.

Le curé de Feldkirch, en 1664, précisa que l'époux était hérétique, c'est à dire non catholique.

Il est donc vraisemblable qu'il faille le rattacher aux LIEBENGUT protestants, soit à ceux d'Illzach, soit directement au berceau de la famille dans le canton de Berne.

André GANTER