Encore aujourd'hui bien représentée dans toute la Vallée du Florival, la famille RIETHMULLER était déjà implantée à Soultz dès la fin du XVIè siècle.

Ce nom de famille est composé d'un préfixe "Rieth ou Riedt" et d'un suffixe "Muller ou Miller".

Lautenbach-Zell: plusieurs unions de Riethmuller sont inscrits dans les registres paroissiaux

Le préfixe "Ried" très utilisé dans les toponymes locaux, c'est-à-dire les noms de lieu, correspond en vieil allemand à un endroit marécageux. Le suffixe "Muller" représente quant à lui le "meunier".

On peut donc penser que le premier porteur du nom RIETHMULLER était un meunier qui habitait près d'un lieu marécageux ou encore le meunier d'un moulin nommé Rieth.

Le Dictionnaire Ethymologique Allemand fait état de nombreux "RIEDMÜHLEN" présent en Allemagne du Nord depuis la fin du XIIIè siècle. Le patronyme RIETHMULLER est d'ailleurs attesté en divers points d'Allemagne d'une manière fort ancienne.

L'inventaire analytique des registres protocoles du notariat de Saint-Amarin, publié par André GANTER, nous renseigne sur la présence d'un certain Gabriel RIEDMILLER. Ce dernier était bourgeois de Neuhouse (Neuhausen), hameau de Goldbach et lieu de naissance de la célèbre Madame Sans Gêne.

Le 16 juin de l'an 1630, ce dit Gabriel, de passage à Wattwiller donna procuration au sujet d'une rente en vin que lui devait annuellement un bourgeois d'Uffholtz, Martin WOLGROTH. Gabriel RIEDMILLER souhaitait à présent toucher cette rente en espèces sonnantes et trébuchantes.

Vers 1669, son fils Bernard sollicita des autorités de la Vallée de Saint-Amarin un "Mannrecht". Ce document, sorte de certificat de naissance légitime et de bonne conduite était généralement exigé pour pouvoir s'implanter dans une autre seigneurie. Le certificat précisait que Bernard était natif de Willer-sur-Thur et fils légitime de Gabriel et de son épouse Anne RUDLER.

Son parrain avait été Bernard DIETRICH, ce qui confirme une fois de plus l'habitude, alors courante, de la transmission du prénom du parrain à son filleul. La demande de ce document nous permet de penser que ce Bernard, qui comptait donc émigrer, est celui que l'on retrouve à Soultzmatt dès 1660 et dont nous parlerons plus loin.

Le Livre d'Or de Soultz d'Auguste GASSER mentionne la première apparition du nom dans la commune en 1600. Le 23 juillet de cette année là, le curé de l'époque baptisa en l'église Saint-Maurice, Odile, la fille de Jean RIEDTMILLER et de son épouse Christine FISCHER.

L'acte de mariage de ces derniers n'a pas pu être retrouvé, car les registres de cette fin du XVIè siècle comportent d'importantes lacunes. Le dépouillement des registres protocoles de Guebwiller publié dans le bulletin Bergha du CDHF permet de confirmer la présence de la famille RIETHMULLER à Lautenbach-Zell bien avant l'ouverture des registres paroissiaux en 1653.

C'est en 1627 que fut enregistrée la supplique de Marc RIETHMULLER, alors bourgeois de Lautenbach-Zell, au sujet d'une amende forestale que lui avait infligée le garde-forestier de Jungholtz. Marc n'est autre que le frère de Gabriel de Goldbach-Neuhouse.

En juin 1628, le premier fit rédiger une reconnaissance de dettes envers le second. Cette dette se montait à la somme de soixante-dix livres, plus les intérêts. En 1630 on rédigea un état des biens se trouvant au ban de la commune de Lautenbach-Zell, biens que Gabriel mis en vente.

Plusieurs unions RIETHMULLER sont inscrits dans les registres paroissiaux de Lautenbach et Lautenbach-Zell. Citons par exemple le mariage de Jean et d'Anne Marie AULER en 1669, celui d'André et d'Anne-Marie ANDRÈS en 1695 ou encore l'union de Marc et Marguerite SCHAFFHAUSER en 1712.

Pour le premier couple mentionné, il existe un inventaire au décès d'Anne-Marie, document rédigé le 30 décembre 1699. Le partage des biens fut réalisé entre les trois enfants du couple encore vivants à cette époque : Catherine, André et Marc RIETHMULLER. La maison fut estimée, par les charpentiers locaux commis à cet effet, à la coquette somme de cinq cent livres, monnaie de Bâle. Elle revint, comme le voulait la coutume de Haute Alsace, au plus jeune des fils, c'est-à-dire à Marc.

L'inventaire nous indique également, qu'après le décès de son mari, Anne-Marie AULER s'était remariée à Jean-Jacques MAURER. Le "Statu Animarum Lintelensis" ou registre des familles de Linthal, dont une copie est consultable au Centre Départemental d'Histoire des Familles de Guebwiller, donne un instantané de toutes les familles du village pour le XIXè siècle.

Citons la fiche familiale de Léopold RIETHMULLER et Marie Anne ERNY qui s'unirent religieusement le 28 juillet 1859. De cette union naquirent huit enfants dont deux moururent en bas âge. Grâce à cette fiche, nous savons que l'aîné des enfants prénommé Conrad fit sa première communion le 22 juin 1873.

En juillet 1660, Christophe MOLITOR, alors curé de Soultzmatt, bénit l'union du veuf Bernard RIETHMULLER, cité plus haut et de Catherine LETSCHER originaire du canton de Soleure en Suisse. De cette union naquirent au moins deux enfants : Marie et Jean Léonard.

Après le décès de Catherine survenu en novembre 1668, Bernard épousa l'année suivante Catherine MEYER, la même année de la rédaction du certificat de filiation. Bernard décéda à Soultzmatt en l'an 1676.

Son fils Jean Léonard se maria en premières noces avec Marguerite HEITZMANN et en secondes noces avec Catherine MICHLER. De sa seconde union, il eut au moins trois enfants : Marie Barbe, Léonard et Catherine baptisés respectivement en 1722, 1724 et 1727.

Notons également la présence de Marie RIETHMULLER, venant aussi de la Vallée de Saint-Amarin, citée dès 1654 à Soultzmatt où elle fit baptiser sa fille prénommée Ursule.

Son époux Germain MERCKLEN était originaire de cette même vallée et plus précisément de Ranspach, berceau de cette branche des MERCKLEN. Nous pouvons ainsi émettre l'hypothèse que Marie RIETHMULLER n'est autre que la soeur de Bernard.

Toujours par l'intermédiaire des registres paroissiaux, nous apprenons qu'une certaine Marguerite RIETHMULLER décéda en couches en l'an 1666. On pourrait penser que le curé se soit trompé quant au prénom de cette dernière et que Marguerite et Marie, épouse de Germain MERCKLEN soit une et même personne.

L'analyse des actes notariés du secteur de Rouffach par André GANTER permet d'apporter quelques précisions sur la famille RIETHMULLER installée à Soultzmatt. Nous apprenons ainsi qu'en 1772 Melchior RIEDMÜLLER, bourgeois de Soultzmatt, vendit sa part qu'il possédait d'une maison avec cour, étable, grange et jardin, située à Soultzmatt et à l'enseigne du Boeuf, au boucher Jean SCHLEGEL. Quelques années plus tard, un certain Léonard RIEDMÜLLER acheta des champs sis au lieu dit "auff der Haul au ban de Soultzmatt" à Jean EPPELIN.

Le 28 juillet 1867, Valentin RIETHMULLER, serrurier de profession fit sa demande de passeport pour aller s'établir à New-York. Alors âgé de 42 ans, il était natif de Guebwiller mais était domicilié à Mulhouse au 64, Passage du Déversoir. Né en 1825, il était le fils de Louis RIETHMULLER, cordonnier et de Catherine GROTZ qui avaient été uni par Jean-Baptiste STOLL, alors Maire de Guebwiller, le samedi 19 décembre 1807. Louis était originaire de Soultzmatt et étailt fils du tailleur d'habits Melchior et de son épouse Catherine BICKEL.

Signalons qu'un grand rassemblement de la famille RIETHMULLER aura lieu en septembre à Lautenbach-Zell. Cette cousinade ou réunion de famille est organisée par Nathalie COSTES une descendante RIETHMULLER demeurant dans la region parisienne, qui produira à cette occasion une généalogie complète de cette grande famille.