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Ruetsch - Rusch - Ruotsch

Bien représentée dans le Sundgau, la famille compte plusieurs souches anciennes à Bouxwiller, Altenach et Hausgauen notamment.

A Bouxwiller, la maison de Joseph RUETSCH et Madelene REY (1768)  

Le patronyme RUETSCH peux avoir plusieurs origines distinctes.

La première étymologie, la plus généralement acceptée, fait dériver le nom du prénom Rudolf dont il serait diminutif tout comme RIETSCH.

Pour former ce nom de famille, l'utilisation d'un sobriquet comme RUECH, signifiant rustre, impertinent, ne nous semble pas être la meilleure hypothèse.

Une autre, plus originale, y voit la traduction phonétique de ROUCHE ou ROUÈCHE, patronyme francophone que l'on rencontre depuis plusieurs siècles dans le Territoire de Belfort limitrophe du Haut-Rhin.

Ainsi, le rôle d'armes de la seigneurie de Belfort de 1604, qui recense tous les habitants en état de porter les armes pour défendre la province, mentionne plusieurs RUETSCH.

Oeuvre de l'administration autrichienne, et plus particulièrement du commissaire Melchior DE REINACH, ce document est rédigé en allemand et traduit les noms de famille romans en noms germaniques.

On y découvre des RUETSCH dans la mairie de Chèvremont (Hennemann, âgé de 61 ans, Humbert, 31 ans, Jean, fils de Pierre, 31 ans, également un autre Jean, 36 ans) et dans celle d'Angeot (Etienne, 26 ans, et Jean, 31 ans).

Or, dans d'autres documents rédigés en français, ces personnages se nomment ROUÈCHE et ROUCHE.

L'origine de ce nom roman est la couleur rouge: le patronyme a été attribué à une personne rousse ou dont la figure était rougeoyante.

Confirmation est donnée par la traduction d'un nom de village, toujours dans la seigneurie de Belfort: les fonctionnaires autrichiens appelaient Rougegoutte "Ruetschgut".

Peut-être issu de ces ROUÈCHE, un Maurice RUETSCH de Montreux-Château, se maria avec Anne Marie DANGEL en février 1747 à Illfurth (ALEXSYS).

Fondeurs de cloches

La Suisse a abrité très tôt des RUETSCH à Durringen (canton de Berne), Bibern et Rûttenen (canton de Soleure).

La forme RUETSCHI, plus fréquente, était particulièrement développée dans le canton d'Argovie.

Venue de Suhr, la famille exerça dès 1367 la profession de fondeur de cloches à Aarau.

L'un de ses membres, Marx, devint bourgeois de Berne en 1591 et y eut descendance.

Les armoiries de sa branche étaient "de gueules à une bécasse d'or posée sur trois coupeaux de sinople, accompagnée à dextre et à senestre de deux étoiles d'or et en chef d'un croissant de même" (Dictionnaire Historique et Biographique de la Suisse.

La vallée de Masevaux abritait des RUOTSCH au XVIè siècle.

En 1567, l'on rencontre parmi les tenanciers de l'abbaye de Masevaux Bastien et Hans RUOTSCH à Sentheim, Claus RUOTSCH à Bourbach-le-Bas et la veuve de Jacques RUETSCHLIN (BERGHA 71).

A Oderen, Joseph RUETSCH, veuf, épousa en 1733 Anne Marie FANGER.

De leur union naquirent cinq enfants dont Joseph qui se maria en 1775 avec Reine HUMBRECHT. Il figurait en 1766 sur la liste des miliciables du village. D'une taille de cinq pieds et deux pouces, il était âgé de 24 ans et boulanger de profession.

La famille était encore bien présente à Oderen au XIXè siècle, ainsi que l'a relevé l'abbé BEHRA dans un arbre généalogique.

Plusieurs lieux-dits sundgauviens rappellent la famille RUETSCH: Ruetschbrunnen à Manspach, Ruetschenbruck à Brunstatt, cité en 1555 et 1743, Ruetschberg à Bartenheim et Stetten en 1597 et 1622 (STOFFEL).

Certainement en rapport avec le lieu-dit de Manspach, les RUETSCH étaient bien présents au XVIIè siècle à Altenach.

En mai 1694, Jean Thiébaud RUSCH, bourgeois d'Altenach, prit pour épouse Anne Marie PIRR de Friesen. L'acte paroissial n'en dit pas plus sur l'ascendance du couple mais un contrat de mariage rédigé deux ans plus tard, le 22 juin 1696, précise que le marié était fils de feu Polleron RUETSCH d'Altenach.

L'époux promit un morgengaab de 50 livres à sa femme. Assez aisé, ce personnage possédait au recensement de 1698 une charrue, un cheval et deux boeufs.

Un Apollinaire RUETSCH d'Altenach, peut-être frère du précédent, possédait également une charrue, deux chevaux et deux boeufs.

Calvaire à Hausgauen

La vallée de Thalbach abrite également des RUETSCH depuis plusieurs siècles.

Dès 1504, Hans RUSCH est cité à Walheim (BERGHA 49). En 1698 vivaient plusieurs RUETSCH dans le secteur: Ulin à Hundsbach, Adam à Schwoben, Jean le Jeune et l'Aîné à Hausgauen, Nicolas et Christian à Franken.

A Schwoben, Adam était l'époux d'Eve MEYER. Le couple eut quatre enfants entre 1686 et 1695.

Le dernier, Andreas, épousa en 1720 Madeleine BUR, fille de Morand BUR de Tagsdorf et mourut en 1769.

Peut-être soeur d'Adam, une Jacobée RIETSCH, fille de Hans RIETSCH, bourgeois de Schwoben, épousa en 1673 Apollinaire SCHMIDLIN de Schwoben également (Notariat d'Altkirch).

L'importante famille RUETSCH de Hausgauen a été étudiée par le curé BEHRA au début du siècle. Ce chercheur a identifié les deux Jean, cités dans le recensement de 1698.

Jean l'Aîné était époux d'Elisabeth GRUENENBERGER (deux enfants nés en 1687 et 1692) et Jean le Jeune celui d'Agnès MEYER (six enfants, nés entre 1686 et 1696).

Les deux étaient peut-être issus de Jean RUOTSCH, bourgeois de Hausgauen. Ce dernier s'était remarié en juillet 1674 avec Marie BRAND de Willer.

Au XVIIIè siècle, 26 mariages de garçons RUETSCH et plus de 130 baptêmes furent célébrés à Hausgauen, preuve du dynamisme démographique de la famille.

Fils de Morand RUETSCH et Anne Marie BOHRER, Morand vit le jour en mai 1791 à Hausgauen et se maria en 1820.

En 1839, il serait tombé de son attelage en revenant des champs et aurait péri écrasé par les roues. En 1870, sa famille a érigé une croix en son souvenir avec l'inscription suivante: "Maria 1870. En souvenir de celui qui est mort à cet endroit le 5 juin 1839. Morand RUETSCH, à l'âge de 48 ans. RIP".

En avril 1991, un tireur fou à détruit ce monument de trente coups de fusil (voir "l'Alsace" des 11 avril et 12 mai 1991). A l'initiative de bénévoles, la croix est aujourd'hui restaurée.

A Illfurth vivaient des RUETSCH, très souvent orthographiés RIETSCH.

En janvier 1611 s'unirent dans cette paroisse Jean Thiébaud RIETSCH et Anne SCHWERTZIG, suivis en janvier 1612 de Henri RIETSCH et Adélaïde HARNIST.

Originaire d'Illfurth, Blaise RIETSCH s'installa à Ammertzwiller avec son épouse Thérèse MORGER. Leurs enfants Jean Ferdinand et François Joseph y virent le jour en 1738 et 1740.

Né en 1758 à Froeningen, Jean Thiébaud RUETSCH, qui exerçait la profession de menuisier et cultivateur, fut maire de Froeningen de mai 1808 à mars 1814 (Patrick MADENSPACHER, "Les maires de l'arrondissement d'Altkirch").

400 ans à Bouxwiller

Au pied du Jura alsacien, Bouxwiller abrite des RUETSCH depuis au moins le XVIè sicèle.

Cette famille est bien connue grâce aux travaux d'Emile RUETSCH, l'un des descendants qui a entièrement dépouillé les registres anciens de la paroisse (ALEXSYS 25).

Ce chercheur a dénombré 113 naissance de RUETSCH entre octobre 1587 (baptême d'Elisabeth, fille de Nicolas RUTSCH et Margret WALDBOTT) et février 1792 (baptêmes de Marie Anne , fille de Jean RUETSCH et de Madeleine DOPPLER).

Une maison portant le millésime 1768 et le nom du couple Joseph RUSCH et Madeleine REY, est toujours visible au centre de Bouxwiller. Il peut s'agir de Joseph RUETSCH, qui épousa Madeleine REY en 1742, ou de son fils Joseph, qui épousa une homonyme de sa mère en 1773.

Dans ce dernier cas, l'inscription 1768 sur la maison serait antérieure à celle des deux noms.

Maire et curé

Né en 1765 à Bouxwiller, Jean Baptiste RUETSCH fut ordonné prêtre en décembre 1790.

Vicaire de Bouxiller, il émigra pour ne pas prêter le sement civique du clergé. Il reprit son poste en 1800 et devint successivement curé de Wentzwiller, Vieux-Ferrette, Bouxwiller, puis Werentzhouse. Il mourut en juillet 1834 à Bouxwiller (KAMMERER).

Un autre religieux, Joseph RUTESCH, fut parrain en janvier 1792 d'une enfant de Jean WEIBEL de Bouxwiller. Engagé dans la Révolution, il était alors aumônier d'une cohorte de la milice nationale.

De juin 1829 à août 1830, Joseph RUETSCH, fils de Bernard, fut maire de Bouxwiller. Il démissionna parce que "les soins de son labourage et la charge de sa famille ne lui permettent plus de vaquer aux fonctions de maire, sans négliger ses propres affaires et par conséquent sans se nuire à lui même" (Patrick MADENSPACHER, "Les maires de l'arrondissement d'Altkirch").

Issu d'une branche non identifiée, un Pierre RUIETSCH vivait en 1766 à Durlinsdorf. Scieur de profession, âgé de 20 ans, il fut tiré au sort pour faire partie de la milice provinciale. Il affichait une taille de cinq pieds et trois pouces.

Altkirch et l'Amérique

En juin 1784 vit le jour à Altkirch Marie Salomé RUETSCH, fille de Joseph, tailleur de pierre, et d'Anne Marie ELBING.

Epouse d'Erasme FRICK, en 1822, elle décéda en mars 1848. Sa pierre tombale est toujours visible au cimetière Saint-Morand d'Altkirch.

Egalement natif d'Altkirch, Rodolphe RUETSCH, cutivateur de 31 ans, se présenta le 12 mai 1869 au consulat de France à Bâle afin d'obtenir un passeport pour se rendre à New York. Il était accompagné de sa femme Elise, 26 ans, et de ses enfants Adolphe, deux ans et Robert, neuf mois (DREYER).

Rodolphe eut certainement une descendance outre-Atlantique puisqu'aujourd'hui encore des RUETSCH vivent en nombre dans le New Jersey et l'Ohio.

André GANTER