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Tschirret - Tschieret - Tschirrart - Tschirhart - Girard

Voilà un ancien nom de famille caractéristique des altérations phonétiques dues au dialecte local.

En effet, le nom TSCHIRRET et ses variantes proviennent du prénom Gérard.

L'altération se produit par le langage: Girard et Gérard donnnant Zschirhart et Tschirart.

Cette transformation du "g" en "zsch" puis "tsch" est très localisée dans le secteur sud de Thann où l'on connaît d'autres exemples (TSCHEN, TSCHEILLER, TSCHAMBER...).

Les GIRARD et GÉRARD sont très nombreux en France.

A Masevaux, une famille GÉRARD venu du ban de Vagney s'allia aux HAAS et donna naissance à Conrad-Alexandre GÉRARD, premier ambassadeur de France aux Etats-Unis.

Citons, en exemple inverse, la francisation de la famille de Thiébaut TSCHIRHART de Guewenheim qui partit s'installer à Bessoncourt dans le Territoire de Belfort et dont les descendants se firent appeler dès lors GIRARD.

Grâce aux importants travaux de Patrice TSCHIRRET de Husseren-Wesserling, nous sommes aujourd'hui bien renseignés sur les TSCHIRRET.

 

Dès 1505, un certain Marc SCHIRHART habitait Sausheim et en 1573 Jean SCHÜRHART demeurait à Riedisheim (BERGHA).

En 1515, un dénombrement de la vallée de Masevaux indique, parmi les chefs de famille de Guewenheim, la présence de Thiébaut ZSCHYRHART. Ce Thiébaut pourrait être l'ancêtre des TSCHIRRET du secteur.

Vers 1615, Monsche Schirhart possédait des terres au ban de Rammersmatt, biens pour lesquels il versa tous les ans, le jour de la Saint-Martin, une redevance de deux livres au chapitre de Thann.

Quelques années plus tard, vers 1621, Ulrich SCHÜRHART, charron à Cernay, était créancier du peintre André GEGIZ.

A Roderen, Conrad TSCHIRHARDT de Guewenheim épousa en octobre 1610 Marguerite FUSCHERON qui décéda en 1616.

Conrad se remaria la même année avec Vérène ZWENGER qui lui donna sept enfants.

L'inventaire après décès de Conrad fut rédigé le 18 mai 1634 en présence de Bourcard TSCHEILLER, maire de Roderen, et des jurés Thiébaut SOLTNER et Jean DIETRICH.

A Bourbach-le-Bas, Nicolas ZSCHIRET vivait au milieu du XVIIè siècle avec son épouse Madeleine SUNLER de Ribeauvillé. Le couple eut sept enfants qui s'allièrent aux WASEN, GASSER, BOSSLER ET MEYER.

En 1681, lorsque Conrad DE ROSEN, maître de camp, prit possession des seigneuries de Bollwiller et Masevaux, il fit rédiger un état dans lequel figurait, pour Bourbach-le-Bas, Nicolas ZSCHIRARTH en tant que possesseur d'un champ.

A cette époque, le système décimal n'était pas encore en vigueur et la surface de son champ était estimée en quantité de semence de seigle nécéssaire pour l'ensemencer, en l'occurence un boisseau.

L'inventaire des biens réalisé au décès de Nicolas en 1694 indique qu'il possédait une maison avec cour, grange, étable, le tout sis au village de Bourbach-le-Bas contre le mur d'enceinte de l'église.

Suivant la coutume de Haute Alsace, le fils benjamin hérita de la maison paternelle.

Le même document apprend que le défunt possédait des vignes derrière l'église de Bourbach.

De Bourbach est issu Melchior TSCHIRRET, fils de Nicolas, qui eut une descendance à Thann suite à son mariage avec Anne-Marie LUTTENBACH.

Parmi ses enfants, Michel eut à son tour un fils prénommé Martin.

Ce dernier épousa à Thann en 1746 Marie-Madeleine BRUCKERT.

En 1751 il assuma, avec trois autres Thannois, la fonction convoitée de garde-vigne. Il passa l'automne à surveiller les vignes depuis la cabane des bangards. Pour tuer le temps, il réalisa avec ses trois compagnons un panneau commémoratif peint, représentant le couronnement de la vierge. Aux angles de ce panneau, conservé maintenant au musée historique de Thann, figurent leurs armoiries. Celles de Martin TSCHIRRET représentent un cep de vigne surmonté d'une serpette.

Vers 1632 décéda Jean TSCHIRHART qui laissa neuf enfants. Il était problablement l'ancêtre des TSCHIRHART du secteur de Soppe.

Dès le milieu du XVIIè siècle, ils étaient déjà très nombreux à Soppe.

La plupart du temps, ils étaient artisans, charrons et forgerons.

Ils s'allièrent durant ce siècle aux AFFHOLDER, MANIGOLD, WADEL, KIEFFER, KUENEMANN.

A l'époque révolutionnaire, et surtout avec la création de l'état civil, les patronymes ont été stabilisés et les branches TSCHIRRET et TSCHIRHART se sont définitivement scindées.

Originaire de Soppe, Jean-Georges TSCHIRHART épousa en 1668 Marie-Anne WADEL, veuve RIFF, de Mortzwiller. Ils eurent cinq enfants.

Jean-Georges épousa en secondes noces à Sewen, sous le nom francisé de GIRARD, Marthe WEISS d'Oberbruck qui lui donna une fille Agnès.

Après le décès de cette seconde épouse, il convola en troisièmes noces avec Suzanne WALGENWITZ de Lauw.

Dès 1689, Jean-Georges était propriétaire d'un moulin à foulon à Mortzwiller. En 1703, il donna en location son moulin, alors moulin à farine, pour une durée de deux années à Ours HOFFSCHIRER de Bourbach. La redevance était de deux boisseaux de blé.

Jean-Georges apposa sa marque au bas de cet acte: une charrue stylisée.

Le moulin de Mortzwiller n'existe plus mais le souvenir en est aujourd'hui conservé par la rue du Moulin dans le prolongement de laquelle subsistent les étangs qui servaient à réguler l'eau du canal d'alimentation de la roue à aube.

A l'époque révolutionnaire, plusieurs membres de la famille furent soldats dans différents régiments. Citons François-Joseph TSCHIRHART, dit GÉRARD, natif de Mortzwiller, engagé en 1791 au 5ème Régiment de Hussards. Gravement blessé et mutilé, il demanda en 1799 une pension militaire (recherches de Hervé DIERSTEIN aux archives de l'armée à Vincennes).

Comme beaucoup de familles de la région, les TSCHIRHART ont participé à l'aventure américaine.

En 1844, Nicolas quitta l'Alsace pour le Nouveau Monde.

Ses descendants vivent à Castroville au Texas où la maison de son fils, Sébastien, est pieusement conservée.

La famille, nombreuse, est revenue sur la terre de ses ancêtres en 1990 (voir la notice sur cette famille dans l'ouvrage "Medina County History" paru en 1991).

André GANTER