Voici un nom dont l'étymologie est facile à comprendre. En effet, les "WACHTER" tirent leur patronyme du métier de gardien, veilleur.

Le veilleur, et surtout le veilleur de nuit, était une fonction-clef de la sécurité des populations au Moyen-Age.

Généralement juché au sommet de la tour coiffant une porte d'entrée, il pouvait surveiller aussi bien les extérieurs que l'intérieur de la ville.

C'est donc lui qui signalait les éventuels mouvements de troupes à l'extérieur, et qui détectait les foyers d'incendie, risque majeur pour la cité à une époque où les maisons étaient souvent en bois et les toits recouverts de chaume.

Altkirch sous l'Ancien Régime. Au centre, à droite le Vieille porte, le corps de garde où logeait le "Wachter"

Le Wachter faisait donc partie des fonctionnaires municipaux, et il a ainsi pu donner naissance à diverses familles sans rapport les unes avec les autres.

Dès 1493, GASSER nous apprend, dans son "Livre d'Or de la ville de Soultz", l'existence de Stephan WECHTER. Il nous indique également que Jean WECHTER sera blessé mortellement en 1487 par le noble Reinhard de Schauenburg.

La piste des gardes-ban de la cité de Saint-Thiébaut, relevée informatiquement par André ROHMER, cite quant-à-elle Hans WACHTER. Hans assumera en 1553 cette fonction prisée et incontournable pour qui voulait accéder au magistrat de la ville.

Le "Livre des Bourgeois" de Colmar de la période 1512-1690, analysé par Roland WERTZ, nous informe de l'admission à la bourgeoisie en 1567 de Mathis WACHTER.

Mathis possédait sa maison qui se trouvait dans la ville de Colmar, près du mur d'enceinte.

En l'an 1602, Wilhelm WACHTER de Galfingue règle par voie de justice un différend qui l'oppose à Stephan KONIG du même village.

Le tribunal hebdomdaire de la seigneurie de Thann convoquera par trois fois les deux parties afin de les entendre et de prononcer son jugement de manière équitable.

Le dénombrement de 1698, réalisé afin de pouvoir comptabiliser les corvées dues au seigneur (en l'occurence le Duc Mazarin, neveu du Cardinal, qui possédait ses appartements au château d'Altkirch), ne compte pas moins de cinq familles WACHTER: deux à Altkirch (celles de Jean et Marc) et trois à Walheim (celles d'Antoine, de Jacques et de Thiébaut).

Marc WACHTER se mariera le premier septembre 1691 en l'église d'Altkirch avec Anne Marie KIENE. Il était alors, comme l'indique le curé dans l'acte de mariage rédigé en latin, "pistor", c'est-à-dire boulanger.

La Vieille porte à Altkirch. Le "Wachter" - veilleur - se trouvait à proximité pour garder les entrées et sorties de la ville

Né vers 1670, il décédera le 2 avril 1733 et sera inhumé au cimetière Saint-Morand d'Altkirch.

Son épouse lui donnera plusieurs enfants dont trois fils: Marc, né en 1694, Jean-Pierre, né en 1696 et François Ignace né en 1701.

Comme le voulait la coutume de l'époque, c'est le parrain de l'enfant qui lui transmettait son prénom. Ainsi, celui de Marc WACHTER fut Marc MILLER, celui de Jean-Pierre, Jean-Pierre PFANNER, et celui de François Ignace, François Ignace BEGLIN.

Un fils de Marc, François WACHTER, habite Vesoul lors du décès de son père en 1733. Bourgeois de la ville, il est teinturier de métier.

Vu son éloignement, il donne procuration par acte notarié pour la réalisation de l'inventaire des biens de feu son père à Altkirch.

Un autre fils de Marc, prénommé Marc, comme son père, sera lui aussi teinturier, mais à Rougemont-le-Château. Il épousera Elisabeth GASSER.

Comme nombre de familles alsaciennes, les WACHTER possèdent probablement des "oncles d'Amérique". En effet, le listing des demandes de passeports pour les USA réalisé par Mme SCHRADER (The Alsace Emigration Book) ne comporte pas moins de sept demandes émanant des WACHTER entre 1845 et 1848, tant à destination de New-York qu'à celle de la Nouvelle-Orléans ou de l'état de l'Iowa au centre du continent.

Ajoutons enfin que les époux SPETZ, à l'origine de l'association Alsace-Ontario, ont relevé sur le plan cadastral de Waterloo (localité de la province de l'Ontario au Canada) la présence d'une famille WACHTER en 1861.