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Wegbecher - Weckbecher

Le sens du nom WEGBECHER reste une énigme.

Le suffixe BECHER indique probablement le pot à boire, c'est du moins comme cela qu'il fut identifié lors de la création d'armoiries à la fin du XVIIè siècle.

Ce pot à boire représentait souvent un des attributs des membres du conseil de la ville ("Rathsbecher").

Il était alors en argent.

 

A Eguisheim depuis le XVIè siècle

La cité du pape Léon IX a fait l'objet d'un important travail d'histoire réalisé et publié par Auguste SCHERLEN en 1929.

L'auteur y parle de la cour domaniale que le monastère de Moutier-Grandval en Suisse possédait dans le village.

Cette cour était administrée par un maire. Après Balthazard LEHEMAN et Martin FESTER ce fut Jacques WEGBECHER qui, en tant que maire, géra cette cour domaniale de 1589 à 1619.

A cette date le monastère vendit ce bien au maire en exercice, Jacques WEGBECHER, pour la somme assez importante de

400 florins.

Les registres paroissiaux de la ville, forts anciens, ont été analysés par Jean LORENTZ d'Uffholtz. Ils débutent en l'an 1585, peu de temps après le Concile de Trente (1563). Ce Concile fixa la tenue des actes paroissiaux et le synode de Délémont (1581) en fit application dans le diocèse de Bâle dont dépendait la majeure partie de la Haute Alsace (Chr. WOLFF, Guide des recherches généalogiques en Alsace).

Dès la fin du XVIè siècle apparaissent deux familles WEGBECHER: celle de Jacques et de don épouse Dorothée HEIMBURGER, et celle de Georges et sa conjointe Appolinie GERBER.

En 1606 un Jacques WEGBECHER, dit le jeune, épousa à Eguisheim Marguerite MEYER. Bourgeois de la ville et membre du conseil, il eu plusieurs enfants dont une fille Rosine qui épousa en 1630 Jean LICHTLÈ, famille dont nous aurons l'occasion de reparler.

En septembre 1608, Thiébaut WEGBECHER se maria à Eguisheim avec Catherine SAUR. Elle lui donna huit enfants nés entre 1610 et 1621.

Parmi eux une fille Appolinie qui s'unit en 1635 à Jean FISCHER, et un fils Jean qui épousa en 1658 Appolinie WÖLFLIN.

Un fils, prénommé Jacques, vit le jour en novembre 1613. C'est probablement lui qui sera la tige des WEGBECHER qui suivent.

Un couple important: Jacques Wegbecher et Marguerite Burtzer

Maître d'école à Eguisheim, Jacques avait épousé pendant la guerre de Trente Ans Marguerite BURTZER.

Elle lui donna plusieurs enfants dont Catherine, qui deviendra la femme de Jean BRAUN, et les fils Pierre, Jean et Jacques.

Pierre se maria en janvier 1670 avec Barbe FISCHER, mais il mourra quelques années plus tard après avoir eu quatre enfants.

Jean deviendra membre du conseil de la ville et épousera Anne STOFFLER. Le couple aura une dizaine d'enfants. Les quatre garçons seront à l'origine de la descendance d'Eguisheim en s'unissant aux familles IMMELE, STEFFAN, BRUCKER et NISSEL. Les filles épouseront des MANDERLIN, BÄSSLIN, BRUCKER, SIFFERT, HARTMANN et STEFFAN.

Ce Jean WEGBECHER se verra attribué, en tant que membre du Conseil, les armoiries suivantes: " de gueules à une bande d'argent accompagnée de deux molettes d'or, l'une en chef et l'autre en pointe" (Armorial de la Généralité d'Alsace).

Enfin, troisième fils de Jacques et Marguerite BURTZER, Jacques WEGBECHER sera l'auteur de la descendance de Blodelsheim.

D'Eguisheim à Blodelsheim

Né fin 1644 à Eguisheim, Jacques WEGBECHER épousera en juin 1665 à Dessenheim Catherine MEYER de Blodelsheim.

Une transcription de l'acte de mariage fut alors insérée dans le registre paroissial d'Eguisheim.

Le couple aura de nombreux enfants dont une fille Marie qui naîtra encore à Eguisheim en 1667.

Aubergiste à Blodelsheim, Jacques se réfugia, avec de nombreux alsaciens, à Bâle pendant la guerre de Succession de Hollande.

En octobre 1676 on le retrouve au quartier "Steinen" et en novembre de la même année il habite au quartier"Stadt Quartier" de Bâle (liste de réfugués publiée par la Société d'Histoire de Huningue).

Cet important personnage sera l'auteur de la branche de Blodelsheim qui fut florissante.

Prévôt du village, on lui attribua à la fin du XVIIè siècle des armoiries parlantes dans lesquelles on retrouve le gobelet "BECHER".

La description des armoiries figure dans l'Armorial de la Généralité d'Alsace dressé sur ordre de Louis XIV, armoiries qui se lisent ainsi "d'azur à un gobelt d'argent, soutenu d'un coeur d'or".

En 1705 Jacques WEGBECHER, agissant en tant que prévôt, pris à bail au nom de la communauté villageoise de Blodelsheim plusieurs "les du Rhin.

A cette époque le cour du fleuve n'était pas canalisé et de nombreuses "les parsemaient son lit. Elles portraient toutes un nom mais parfois étaient emportées par les crues.

Celles louées par les habitants suite à ce bail de 1705 se nomment "la vieille Auw", "le Charbonnier" et "Münstergrien" (BERGHA 1990).

La famille WEGBECHER de Blodelsheim a été étudiée par l'historien du village, Monsieur Emile DECKER, qui a bien voulu mettre ses notes et ses connaissances à notre disposition.

Le prévôt Jean Wegbecher

Fils de Jacques et de Marguerite MEYER, Jean WEGBECHER épousa Anne Barbe ABT de Habsheim.

Faisant suite à son père, il fut prévôt de Blodelsheim de 1710 à 1735.

Le couple a eu six enfants.

L'aîné, prénommé Jean Jacques comme son grand père, repris la charge familiale de prévôt en succédant à son père. Nous évoquerons sa carrière plus loin.

Le second fils, Jean-Baptiste, fut prêtre et resta sa vie durant attaché à la paroisse de Guémar dont il eu la charge de 1720 à son décès survenu en 1766 (KAMMERER).

Le troisième fils, François Joseph, épousa à Habsheim Eve ENGELMANN et fut aubergiste de l'hostellerie de l'Etoile. Egalement prévôt du lieu, il était apparenté à la puissante famille BERNABEL (travaux de Patrick MADENSPACHER). C'est de lui que seront issus les WEGBECHER qui habitent le secteur.

La première fille de Jean et Anne Barbe ABT, Marie Catherine, épousa Jean Georges WEISS qui n'était aurre que ... le prévôt de Biesheim !

Sa soeur, Marie Anne, s'uni à André HUEBER aubergiste Au Soleil à Blodelsheim.

Enfin, Anne Barbe, dernière fille du couple, se maria à l'aubergiste de Fessenheim, Jean Jacques WEISS. C'est sous la responsabilité du prévôt Jean WEGBECHER que furent entrepris les travaux de restauration de l'église paroissiale de Blodelsheim qui menaçait ruine.

Un accord de financement fut conclus en 1731 avec les chanoinesses d'Ottmarsheim qui percevaient les trois quarts de la dîme.

Jean Jacques Wegbecher et son monument funéraire

Fils du prévot Jean WEGBECHER, Jean Jacques pris à son tour cette responsabilité de 1735 à 1755.

Il exerça aussi la fonction d'inspecteur des redoutes et îles du Rhin.

Marié en 1719 à Catherine JEHL de Bergheim, le contrat passé à cette occasion a été retrouvé par Monsieur DECKER dans le fonds du greffe de Guémar.

Le douaire que le futur époux promis suivant la coutume à sa future est révélateur du niveau d'aisance de la famille: mille livres en argent liquide plus diverses terres cultivables, alors qu'en moyenne à cette époque le douaire se monte à cinquante lives !

Ses moyens financiers lui permettront de prêter de l'argent à la ville de Neuenburg sur la rive droite du Rhin.

Ses relations avec le Brisgau seront confortées par le mariage de sa fille avec Jean Michel EDEL conseiller de la ville de Staufen et par l'implantation à Wollfach d'un de ses fils, docteur en médecine.

Deux autres fils seront écuyers et officiers du roi louis XV. Un quatrième se vouera à la prêtrise et aura charge d'âmles de la paroisse d'obersaasheim.

Lors du décès de Catherine JEHL, épouse de Jean Jacques, les inventaires de succession laissent apparaître une belle fortune. De nombreuses terres à Roggenhouse, Chalampé, Bantzenheim, Habsheim, Rixheim, Dietwiller et Bergheim complètent leurs propriétés de Blodelsheim. La famille possède onze chevaux, ce qui est considérable.

L'ensemble des biens se monte à près de cinquante mille livres dont une propriété vallant à elle seule six mille livres. Cette maison à colombages, actuellement propriété REITHINGER, est située au carrefour de la mairie en face de l'école. Sur l'imposant escalier intérieur en chêne se trouve une date, 1753, et une initiale, W, qui pourrait correspondre à Wegbecher.

Catherine JEHL décèda en 1765 et son époux en 1768.

Un monument funéraire, actuellement scellé dans le mur de la nef de l'église paroissiale, rappelle le souvenir de ce couple.

Le monument est surmonté des armoiries bourgeoises des deux conjoints.

André GANTER