Notices de familles ( 1305 entrées )

Wioland - Violand - Volland - Weilandt - Wyland - Weylant

Voisi un cas typique de noms de famille qui, par leur similitude phonétique, sont homonymes bien qu'étant distincts au départ. Histoire de destins séparés, presque réunis par l'orthographe...

Les Wieland

Du point de vue étymologique, le nom WIELAND provient de l'ancien prénom germanique Wieland. La légende du forgeron Woeland est connue au Moyen-Age et est à rapprocher de celle de Vulcain.

A noter également qu'en ancien alsacien, weiland signifie décédé, défunt, feu.

Le nom Wieland est attesté en Allemagne dès le début du XIVè siècle, et en Suisse au siècle suivant.

En Haute-Alsace, nous trouvons mention de Clawin WIELANT, entre 1478 et 1487, dans le secteur de Guebwiller, période où il verse un cens en vin au profit de l'abbaye de Lure.

Les armoiries de Jean VIOLAND, marchand à Thann  

La ville de Mulhouse est, dès le début du XVIè siècle, le siège d'une famille WIELAND. Cette famille est mentionnée dans la chronique mulhousienne parue au bulletin du musée historique de Mulhouse en l'an 1895.

Nous y retrouvons deux frères: Conrad WIELAND, bourgmestre à Rouffach et Ulrich WIELAND, greffier de la ville de Mulhouse après avoir exercé les mêmes fonctions à Munster dans le val de Saint-Grégoire.

Ce dernier transmettra sa fonction à son fils, Daniel, qui l'exercera de 1564 à 1575 et sera capitaine d'une enseigne de Suisses au service de la France.

Daniel aura deux fils: Hans Jacob, orfèvre à Mulhouse et Hans-Conrad, greffier du Petit-Bâle en 1626. Hans Conrad est l'auteur de la branche bâloise de cette famille qui porte comme armoiries "d'azur à une rose de gueules boutonnée d'or, pointée de sinople, à la bordure d'or" (Dictionnaire Historique et Biographique de la Suisse).

Des personnages importants naîtront de cette branche helvétique. A noter que la similitude d'armoiries et de prénom avec Jean Ulrich WIELAND, maître chirurgien à Riquewihr à la fin du XVIIè siècle, qui portait "d'argent à une rose de gueules" (Armorial de la Généralité d'Alsace).

Le blason des WIELAND de Bâle  

En Suisse, d'autres sosuches WIELAND sont connues (Baden en Argovie, Savagny près Fribourg, etc...).

De la souche d'Argovie émigre à Sigolsheim au début du XVIIè siècle Frédéric WIELAND, manant de Wittnau (recherches de Louis TSCHAEN).

Une branche établie dans les Grisons est une ancienne famille noble du Tyrol. Elle portait "d'azur à un aigle de sable couronné empiétant un poisson d'argent".

Enfin, au niveau local, citons Jean WEYLANDT, maître d'école à Lautenbach dont la fille, Maria Ursula, épousera en 1699 le fils du prévôt ANDRES de Lautenbach-Zell.

Les Violand

Ce patronyme est-il à mettre en rapport avec un ancêtre vindicatif ou, comme l'indique le poète Frédéric MISTRAL, repris par Denis INGOLD, avec le verbe provencal "vioula", c'est-à-dire jouer de la vielle ?

Quoi qu'il en soit, nous sommes bien renseignés sur cette famille savoyarde grâce aux remarquables travaux du couple MAISTRE d'Albertville et de Denis INGOLD de Cernay.

Originaire de Nancy-sur-Cluses, dès le début du XVè siècle, la famille s'y développe très vite à tel point qu'il faut en distinguer les homonymes par des surnoms.

Les ressources très limitées de cette région montagneuse obligera très tôt ces Savoyards à effectuer des migrations saisonnières pour complèter les revenus familiaux, ces migrations se transformant souvent à la seconde génération en départ définitif, et à la troisième génération coupait les ponts avec la terre natale.

La croix érigée en 1820 à Traubach-le-Haut par Joseph Wioland  

La Suisse, l'Allemagne et l'Alsace seront les destinations privilégiées de ces marchands ambulants.

Plusieurs articles de Denis INGOLD et J. F. CARTIER sur ce thème ont agrémenté les colonnes du bulletin du Cercle Généalogique d'Alsace.

Ces merciers et chaudronniers faisaient parfoit fortune et s'orientaient alors vers le commerce des ornements d'églises dont ils firent leur spécialité.

On retrouve ces marchands savoyards dans toutes les villes de moyenne importance et celles abritant une garnison ce qui permettait un débouché à leur commerce; Soultz, Neuf-Brisach, Thann et Huningue, mais aussi Landser, Bellemagny, Belfort seront autant de points de chute de ces ambulants.

Pour donner valeur juridique aux différents contrats commerciaux qu'ils passaient, ces Savoyards faisaient enregistrer leurs actes dans les greffes seigneuriaux ou auprès des notaires royaux.

Facilement repérables parce qu'écrits en français, alors que les autres actes étaient passés en allemand, ces contrats sont nombreux dans les actes notariés de Thann, Landser, Altkirch, etc...

Une des plus vieilles maisons de Traubach-le-Haut, où la famille Wioland a particulièrement été représentée  

Comme il se doit, les altérations du scribe nécéssitent la lecture de la signature pour pouvoir identifier ces familles.

Ainsi, en 1694, dans le fonds notarial de Landser, la quittance donnée par Claude VIOLAND à son frère Jean indique comme nom VOLANT, alors que le témoin, Maurice VOLANT, signe VIOLLAND !

On aura l'occasion de revenir sur ce phénomène pour d'autres familles sundgauviennes.

La marque des Savoyards était souvent le chiffre 4 dont la symbolique a été étudiée. Ce chiffre 4 était généralement accompagné des initiales du détenteur. Ce sceau servait à sceller un contrat, mais probablement aussi à cacheter des ballots de marchandises.

Mais, dans l'armorial rédigé par les DE HOZIER sous Louis XIV, figurent les armoiries de deux VIOLAND: François VIOLAND, bourgeois de Belfort, qui porte "d'azur à une fasce ondée d'argent" et Jean VIOLLAND, marchand à Thann, qui porte "d'argent à un cerf de gueules, passant devant un arbre de sinople".

Les Wioland de Traubach

Cette famille qui a fait l'objet de la sollicitude de plusieurs généalogistes (André FINK, Pierre TEXIER, Louis TSCHAEN...) vient seulement, grâce aux recherches intensives de Denis INGOLD, de trouver ses racines.

"Jos-Wio, 1844": l'oratoire élevé à Traubach-le-Haut, par le marin Joseph WIOLAND, parce qu'il avait échappé à une tempête en mer  

Longtemps considérée comme issue des VIOLAND savoyards, elle est en fait originaire de Suisse.

Bénédict WIOLAND, premier de la lignée de Traubach-le-Haut, a été baptisé le 11 novembre 1621 à Schüpfen dans le canton de Berne comme fils de Hans WIELANDT et de Sara MOSER.

Des decendants habitent toujours Schüpfen et ont adopté les armoiries des WIELAND de Bâle (voir partie 1). Il serait donc logique que ceux de Traubach fassent de même.

Une plaquette très instructive sur cette famille de Traubach a été réalisée par Monsieur INGOLD à l'initiative de Monsieur FINCK et publiée par la section de Mulhouse du Cercle Généalogique d'Alsace.

Elle a été exécutée dans le cadre de l'exposition commémorant le tricentenaire de la mort de Benedict WIOLAND en juin 1988. Ce dernier, repris dans le recensement de 1659 comme manouvrier, sera le père d'une impressionnante descendance toujours bien vivante.

Une partie demeure aux Etats-Unis et a fait l'objet d'un panneau présenté par André FINCK lors de l'exposition généalogique de Thann. Les registres de la chancellerie de la principauté de Murbach renferment la demande de bourgeoisie pour Uffholtz, datée du 26 juin 1764, de Jacques VIOLANT, natif de Traubach.

Ce droit de bourgeoisie lui sera accordé contre versement d'une somme de dix livres au profit de la seigneurie plus un florin au profit de la communauté villageoise d'Uffholtz.

A Traubach-le-Haut se trouve un oratoire daté de 1844 et portant les initiales IOS-WI. C'est Joseph WIOLAND, marin, qui fit le voeu de l'ériger s'il réchappait d'une tempête en mer où tout semblait perdu. Son voeu exaucé, il tint parole (voir "Les croix rurales du Sundgau" par André MUNCK).

Enfin, document rare, la famille WIOLAND possède un "Handsbuch" tenu par Jacques WIOLAND de 1780 à sa mort en 1836, puis par ses descendants jusqu'à la fin du siècle dernier.

Ce livre de comptes est toujours entre les mains des WIOLAND qui le conserve avec tout le respect dû à ce vénérable témoin de notre passé.

André GANTER