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Winterhalder - Winterhalter

De l'ombre au soleil d'Alsace

Du nord au sud de l'Alsace vivent des familles Winterhalter, mais elles semblent cependant avoir toutes leur origine allemande en commun. C'est en effet de l'autre côté du Rhin que nous trouvons les plus anciennes mentions de ce patronyme, et ce dès le XVe siècle : à Fribourg-en-Brisgau vivaient en 1460 déjà des Winterhalter, à Hügelheim est connu dès 1479 un Gilgmann Winterhalder, une famille dont le nom désignait jadis celui qui vivait sur, ou peut-être fauchait, le côté ombragé de la montagne. « Winter », comme on le sait, signifie hiver, renvoyant ainsi à la température fraîche de l'ubac, et « Halde » signifie coteau planté de vignes, pente de la colline. Au Winterhalder s'opposait tout naturellement le Sommerhalder, à savoir celui que l'on trouvait sur l'adret, le coteau ensoleillé.

Les Winterhalter sont donc très anciennement attestés sur la rive droite du Rhin, même si l'on trouve aussi un étudiant à l'université de Bâle nommé Heinricus Winterhalder : inscrit en 1473-1474, il venait d'Aarau, donc d'Argovie, en Suisse, ce qui témoigne de la multitude de souches ayant pu exister. À Soultz, un lieu-dit « Winterhalde » est cité dès le XVe siècle aussi, mais il ne semble pas avoir donné son nom à une famille Winterhalder alsacienne.

En Allemagne, les porteurs du nom se retrouvent dès le XVIIe siècle, voire avant, dans les paroisses badoises de Fribourg, Neukirch, Gutenbach, Ettenheim, Furtwangen, Kirchheim, Hufingen, Wettelbrunn, Schollach, Kirchzarten, Waldau, Endingen, Schönwald, Breitnau et Staufen, notamment.

Des artistes

Nés à Kirchzarten (Pays de Bade) en 1667 et 1668, Philipp et son frère Clemens Winterhalter, de même que le fils de Clemens, né en 1712, deviennent des sculpteurs réputés exerçant notamment leur art en Alsace (Dambach, Molsheim, Ebersmunster). Quant à Franz Xavier Winterhalter, né en 1805 à Menzenschwand (à 15 km au sud-est de Fribourg), il fera une belle carrière d'artiste peintre, fréquentant même Napoléon III, avant de décéder en 1873 à Francfort-sur-le-Main. Certaines de ses oeuvres sont exposées au Musée du Louvre.

Pour repeupler l'Alsace

Au milieu du XVIIe, lorsque les canons qui ont tonné pendant trente ans se sont enfin tus, les premiers Winterhalter arrivent en Alsace. Le premier, à notre connaissance, est Jacques qui, en juin 1667, épouse Catherine Fuchs. D'abord installé à Geiswasser, il gagne Obersaasheim où il possèdera des terres, selon un terrier de 1694. Si son origine n'est pas explicitement indiquée dans les documents anciens, son « cousin » François Antoine Winterhalter, également installé à Obersaasheim, est né vers 1725 à Staufen. Cela donne à penser que Jacques pouvait également être venu de ce village du Brisgau, précisent Gilles et Béatrice Bataille-Winterhalter, généalogistes passionnés, à l'origine d'études poussées sur les Winterhalter et les autres vieilles familles d'Obersaasheim.

En tout cas, Jacques Winterhalter, décédé en 1699 à Obersaasheim, est, avec Catherine Fuchs, à l'origine d'une famille toujours existante, grâce à leur fils Jean, né en 1670 à Algolsheim, qui s'unit en premières noces à Elisabeth Walter, puis à Catherine Brogler. Le fils Jean Jacques de Jean et Catherine, né en 1722 à Vogelgrun se mariera en 1746 avec Catherine Klem qui lui donnera six enfants.

Ainsi est bien engagée l'histoire familiale, de notre côté du Rhin, pour les Winterhalter, généralement cultivateurs ou cordonniers, qui s'uniront par la suite aux Kueny (1773), Diringer (1794), Schaedelin (1797), Fulhaber (1825, 1859), Seiler (1856), Marx (1893), Hertzog (1920)...

Une branche a également gagné au XIXe siècle Guebwiller où s'est installé le cordonnier Jean-Baptiste Winterhalter, fils de Jean-Baptiste et de Marie Madeleine Fulhaber, d'Obersaasheim. Nous y reviendrons.

Plusieurs souches

Plusieurs porteurs du nom Winterhalter apparaissent en Alsace au milieu du XVIIe siècle. En 1682, la famille apparaît à Altkirch où elle s'unira aux Thum (1682), Witmer (1730), Beltz (1777, 1781), Zmmermann (1788), Albrecht (1805, 1826), Kalt (1821), Seltzer (1840), Stoffel (1854), Bellinger (1859), Wermuth (1861), Kieffer (1862)... Une autre souche, originaire de Zährigen, est à Ohnenheim jusqu'à ce jour, tandis que les Winterhalter de Blodelsheim étaient venus de Tunsel, ceux de Colmar de Constance et Rottweil, ceux de Mulhouse de Wettelbrunn, Triberg et Wolterdingen, ceux de Wittenheim de Triberg, là encore...

Au XIXe siècle, le patronyme était représenté à Balgau, Widensolen, Bergheim, Pulversheim, Issenheim, Guebwiller, Murbach, Hartmannswiller, Reiningue, et, bien entendu, à Obersaasheim, Ohnenheim et Altkirch. Sans compter les branches bas-rhinoises !

Citons ici Roger Winterhalter, maire de Lutterbach (canton de Wittenheim) de 1977 à 2001 et conseiller régional de 1992 à 1998. Dans le Bas-Rhin, c'est Alice Winterhalter, née en 1931 à Sélestat, qui est entrée en politique : elle aussi avait siégé au Conseil régional, de 1980 à 1983. Bien avant, Antoine, né en 1775 à Obersaasheim, devint quant à lui maire de son village en 1822.

L'aventure américaine

Jean-Baptiste Winterhalter (1863-1927), natif d'Obersaasheim, s'installe à Guebwiller où il tombe amoureux de Catherine Marx. La ruée vers les États-Unis bat alors son plein, et les jeunes tourtereaux décident de partir eux aussi tenter l'aventure, d'abord Jean-Baptiste, puis, en 1892 ou 1893, Catherine. Deux enfants naissent ainsi à Buckingham (Pennsylvanie), et tout irait bien pour la petite famille, si la mère de Catherine ne leur écrivait pas pour leur signifier combien elle se sent malheureuse, abandonnée de tous à Guebwiller. N'écoutant que son coeur, Catherine, enceinte du grand-père de Béatrice Winterhalter, rentre en Alsace avec Jean-Baptiste et leurs enfants... Le couple se réinstalle à Guebwiller où la famille est toujours représentée : c'est ici que vivait il y a quelques années encore ladite Béatrice (qui a donc failli être américaine !), avant de décider d'aller revivre avec son époux Gilles Bataille à Obersaasheim, dans une maison qui, par la suite, s'est révélée avoir été habitée, voilà quelques générations, par une famille Winterhalter.

La famille Winterhalter de Guebwiller a failli faire souche aux États-Unis, en Pennsylvanie (cercle).  

Denis Dubich

N.B. : une version plus longue, et plus richement illustrée de cette notice figure dans le volume II de Nos vieilles familles de Denis Dubich. Elle se prolonge par un chapitre sur les familles d'Obersaasheim. Pour découvrir ce livre, suivez ce lien.