Notices de familles ( 1305 entrées )

Ambiehl - Zumbiehl

Armoiries des AMBÜHL du canton de Lucerne  

Une famille typiquement Suisse

Nous avons regroupé ces deux noms car leur étymologie est la même. Ils sont tous deux composés du suffixe "Biehl" ou "Bühl" signifiant la petite coline. Les ZUM et AM BIEHL étaient à l'origine des personnes vivant a proximité d'une colline.

Le nom est en conséquence un toponyme, nom géographique d'origine, comme on trouverait les DUMONT, les BIEHLER et les BIELLMANN. Les formes AMBIEHL et ZUMBIEHL sont typiquement Suisses et la quasi totalité des familles portant ces noms et habitant aujourd'hui en Haute Alsace sont arrivés, il y a deux ou trois siècles, de la proche Suisse.

La graphie en ZUM ou AMBIEHL ne s'est fixée que tardivement. Au XVIIè siècle encore il n'est pas rare de trouver tantôt l'une, tantôt l'autre, et ceci pour la même personne. Mais les branches se sont ensuite séparées pour donner, aujourd'hui, des familles bien distinctes, raison pour laquelle nous allons les traiter séparement.

Les Ambiel et Ambühl et leurs armoiries

Le Dictionnaire Historique et Biographique de la Suisse consacre une importante notice à cette famille implantée dans les cantons de Lucerne, Saint-Gall, Unterwald, Valais et Zurich.

Nous nous arrêterons plus particulièrement aux souches du canton de Lucerne, canton d'origine de la majorité des AMBIEL alsaciens. Dans le district de Willisau, l'ouvrage consulté plus haut fait mention dès l'an 1285 de Ulrich AMBÜHL.

Ce district, situé à l'ouest du lac de Sempach, comportait entre autre les communes de Willisau, Grossdietwil, Ettiswil, Altishofen et Knutwil dont il sera question plus loin. A l'exception des deux dernières localités, toutes les autres abritent toujours des bourgeois au nom d'AMBÜHL.

Dans une étude consacrée aux armoiries des familles de l'Entlebuch, région jouxtant le district de Willisau, l'auteur a retrouvé les armoiries des AMBÜHL. On y note la lettre "H" gothique "de sable" (en noir) telle qu'elle figure également dans les armoiries des AMBÜHL du canton d'Unterwald, canton qui donna naissance à Jean AMBÜHL abbé d'Engelberg en 1450. Les souches des différents cantons possèdent leurs armoiries propres, décritent dans le dictionnaire cité plus haut.

La migration vers l'Alsace

Calvaire des AMBIEL meuniers à Ste Croix en Plaine : prendre le fût cartouche avec l'inscription et l'emblême des meuniers  

Après la désolation laissée par la catastrophioque guerre de Trente Ans, la reconstruction et la remontée démographique se fit essentiellement grâce aux appports étrangers, et notamment ceux venant de Suisse.

Tant pour les ZUMBIEL que pour les AMBIEL, cette migration fut importante et menée depuis le comté de Willisau. Hans AM BIEHL originaire d'Altishoffen s'installa pendant neuf mois à Gueberschwihr en tant que boucher, et sollicita en 1654 un certificat de départ.

A Brunstatt, Barbe AMBIEL venant du même village d'Altishoffen épousa, en 1697, un converti de Sissach, près de Bâle. Des AMBIELL étaient présents dès 1693 à Manspach sans que nous en connaissions l'origine. A Lutterbach les AMBIEL sont connus avec le mariage, en 1711, de Léon et Catherine BURCKARD (travaux d'André KIENER). Le couple eu un enfant, prénommé Joseph, mais l'épouse décèda quelques temps après.

En 1714 Léon AMBIEL se remaria à Marie HERRMANN. Sans doute proche parent de Léon, Benjamin AMBIEL s'uni également en 1711 à Lutterbach avec Marie STRUB. Une autre souche, venant d'Ettiswil, se fixa à Ebersheim dans le Bas-Rhin en l'an 1665 (travaux de Charles BALLA).

Elle eu une très nombreuse descendance sous la graphie AMBIEHL, dont un rameau se fixa à Largitzen. Dans la vallée de Thann un Rodolphe AMBIEL habitait temporairement à Husseren où naquit sa fille en 1767. Nous ignorons tout de sa destinée. Notons, au débouché de la vallée, le mariage à Thann en 1808 d'une AMBÜHL nâtive du canton de Saint-Gall.

Pfaffenheim

Une famille AM BYEL apparait à Pfaffenheim dès l'ouverture des registres. Deux chefs de famille , qui étaient sans doute frères, nous sont connus : il s'agit d'Adam et de Jacques AMBIEL.

Le premier, Adam, avait épousé Agathe MEISTERMANN issue d'une ancienne famille locale. Agathe lui donna cinq enfants qui furent baptisés à Pfaffenheim entre 1664 et 1671.

Le second de ces enfants, un fils prénommé Jacques, se maria à Véronique SCHRANTZ dont il eu huit enfants. Parmi eux citons le fils Jean Thiébaut, né en juin 1669. Agé de dix ans, il reçut le sacrement de confirmation avec de nombreux autres enfants, dans l'église des Franciscains de Rouffach au mois d'aôut 1679.

Jean Thiébaut épousa fin novembre 1690 à Gundolsheim une fille de ce village, nommée Barbe MOEGLEN. Le premier enfant du couple, un fils Jean Thiébaut, naquit à Gundolsheim en 1691 (relevés d'Alain Eckes). Puis les époux s'installèrent à Pfaffenheim où sont nés leurs nombreux autres enfants.

Dans la cité voisine de Rouffach, deux porteurs du nom sont attestés au XVIIè siècle. Il s'agit de Jean Am BYHEL, qui y prit pour épouse en 1680 Anne Marie GILCHER, et Elisabeth AM BIEL, qui l'année d'avant avait uni sa destinée à celle du veuf Antoine WAGNER.

Mais dès 1653 cette cité médiévale avait vu le mariage de Michel HACK et Apollinie AM BIEL, que le curé d'alors enregistra par erreur sous le nom AM RIEL, mais dont l'origine, Ettiswil, ne laisse aucun doute sur son appartenance à cette grande famille des AMBIEL.

Non loin de Rouffach, à Raedersheim, le jeune Jean IM BÜEL épousa en 1672 Elisabeth WOLFF. Le curé nota que l'époux venait du canton de Lucerne sans donner plus de précisions.

Dans la vallée du Florival

La Société d'Histoire de Linthal, dans sa revue S'Lindeblätt, a publié sous la plume de Maurice KECH une étude traitant de l'histoire des noms de famille. L'auteur y relève le baptême, en 1686, de Nicolas, fils d'Adam AMBÜHEL et d'Agathe ROTH.

Les deux conjoints étaient des immigrés Suisses, tous deux originaires du canton de Lucerne. L'épouse venait d'Ettiswil, son mari de Grossdietwil. Le couple était déjà présent à Lautenbach en 1683, date du baptême de leur fils Joseph.

Un fille de ces conjoints, Elisabeth, épousa en 1697 à Lautenbach Jean Thiébaut KLEIN, le fils du prévôt Christian KLEIN (relevés de Thierry SCHMITT). Adam fit, en 1705, une demande de certificat de naissance et de bonne vie et moeurs auprès des autorités de Grossdietwil qui lui accordèrent (protocoles de Lucerne, travaux de J.SCHÜRMANN). Sans doute avait-il besoin de ce document pour instruire une demande de bourgeoisie auprès de la Chancellerie de Murbach.

Les AMBIEL étaient toujours présents à Lautenbach dans la seconde moitié de ce XVIIIè siècle, mais la branche venait de Buhl. Cette branche de Buhl débuta avec Jean AMBIEHL et son épouse Catherine MULLER, dont les fils Jean et Melchior avaient épousé respectivement à Buhl en 1728 et 1736 l'un une MUSSELIN de Cernay, l'autre une VOGT de Buhl.

C'est un fils de ce Melchior, prénommé Dominique, qui alla en 1764 prendre femme à Lautenbach en la personne d'Anne Marie GERRER. Dans le vallon de Wuenheim vivait une famille AMBIEL, avec Joachim qui fut reçu dans la corporation du village en 1739.

D'après l'historien GASSER cette famille était éteinte au début du siècle. Sans doute avait-elle un rapport avec les AMBIEL de Soultz, originaires de Grossdietwil et implantés dans la ville dès 1681.

Les Ambiehl de Dessenheim

Etudiés par Gérard FLESCH et Jean-Louis KLEINDIENST, les AMBIEHL du secteur de Dessenheim-Heiteren étaient nombreux et sont toujours très présents à Rustenhart. La généalogie débute avec Gaspard AMBIEHL, originaire d'Ettiswil, et ses nombreux enfants nés entre 1678 et 1694.

Cette famille de tisserands essaima dans la région. Un fils, Melchior, loua en 1707 une maison à Dessenheim. Egalement de Dessenheim, Jean AMBIEHL faisait partie, en 1720, de la confrérie Saint-Sébastien de Niederentzen (travaux de Georges BORDMANN).

Une fille, Catherine, alla épouser un CADÉ en 1782 à Wihr-au-Val. Ses frères Antoine et André AMBIEHL furent témoins à son mariage. Au début du XIXèsiècle, la fille d'Antoine AMBIEHL et de Thérèse KRETZER alla se marier à Guebwiller avec un BIEHLER.

Egalement originaires de Dessenheim, Laurent et Léger AMBIEL furent les tiges des branches d'Artzenheim dont l'une donna naissance à celle de Rustenhart. Enfin, signalons le départ pour l'Amérique en 1817 de Richard et Antoine AMBIEHL natifs de Dessenheim.

Le moulin de Niederhergheim

En 1659 on célébra à Saint Croix en Plaine les fiançailles de deux ressortissants du canton de Lucernes: Ulrich AM BÜEHL, originaire d'Ettiswil, et Véronique FREY, nâtive de Knutwil.

Quelques années plus tard, une branche AMBIEL tenait le moulin de Niederhergheim. C'est celle de Balthazard, qualifié de "molitoris in Herckheim Inferioris" dans le registre paroissial de Saint Croix en plaine qui contient les actes de mariage de ses fils Gabriel, en 1702, et Jean en 1707.

Cette famille de meuniers fit ériger au XVIIIè siècle une croix rurale près de son moulin, croix toujours conservée et portant l'emblème de leur métier : une roue à aubes (Niederhergheim au fil des âges, par Léon ROHN).

Cet important patronyme mériterait une recherche plus approfondie, même si les souches du Valais et de l'Obwald ont déjà fait l'objet de publications. Il serait en particulier intéressant de remonter à la source, à Ettiswil, d'autant que les registres de cette paroisse débutent en l'année 1585.




LES ZUMBIEHL ET LES ZUMBÜHL


Faisant suite aux AMBIEHL étudiés lors de notre précédente notice, voici la famille ZUMBIEL ou ZUMBÜHL. La quasi totalité des familles de ce nom vivant en Haute Alsace sont d'origine Suisse, où un Rodolphe ZEN BULUN est déjà attesté, à Beromünster, en 1330.

Lucerne ou Uri ?

Grand'Rue à Oberentzen (où les ZUMBIEHL possédaient leur maison)  

Ces deux cantons Suisses abritaient des ZUMBÜEHL depuis fort longtemps.

Le Dictionnaire Historique et Biographique de la Suisse leur consacre une notice qui nous apprend que la branche du canton d'Uri s'est éteinte au XVIIIè siècle.

Elle portait "d'azur à la croix de Jérusalem d'argent mouvant de trois coupeaux de sinople et accompagnée de deux étoiles d'or". Venant d'Altdorf dans ce canton d'Uri, Anne Marguerite ZUM BIEL, l'épouse de Jacques WIPFLIN, décéda en 1705 à Sainte-Croix-en-Plaine.

Quelques années auparavant, en 1699, Marie Madeleine ZUMBIEL d'Uri avait épousé à Dietwiller dans le Sundgau Thiébaut STARCK. Le canton de Lucerne, avec son voisin le canton d'Unterwald, compte toujours dans sa population de nombreux ZUMBÜHL.

Ceux d'Unterwald portaient "d'azur à une étoile d'or à six rais soutenue en pointe de trois coupeaux de sinople". Une étude sur la souche des meuniers du Nidwald portant sur quatre siècles a été publiée à Stans en 1977. Un ZUM BIEL du canton d'Unterwald, célibataire et âgé de 73 ans, fut inhumé en 1720 à Eguisheim.

Le berceau à Hochdorf

Au nord de Lucerne se trouve le district de Hochdorf, dont le chef-lieu du même nom semble être le berceau des ZUMBÜHL. Cette localité, déjà habitée à l'âge du bronze, abritait dès le XVIè siècle des porteurs du nom. En 1570 Joerg et Hans ZUMBÜHL furent des chefs populaires (Ditc. Hist. et Biogr. de la Suisse).

La localité à la chance de conserver des registres paroissiaux remontant à la fin du XVIè siècle. De Hochdorf, où plusieurs ZUMBÜHL possèdent toujours le droit de bourgeoisie, des branches ont essaimé à Lucerne et dans d'autres cantons.

Les travaux de feu Joseph Schürmann nous informent du départ de plusieurs ZUMBÜHL à la fin du seizième siècle. Si certains quittèrent leur région natale pour la Hongrie ou l'Italie, nombreux furent ceux qui se dirigèrent vers l'Alsace offrant alors terres et exemptions d'impôts aux nouveaux colons.

Ainsi Jean Jacques et Louis ZUMBÜHL s'installèrent à Ribeauvillé, Jacques à Molsheim, Gaspard en Alsace sans autres précisions, Marie Anne à Merxheim etc.. Mais nous en trouvons également à Reiningue avec le baptême, en novembre 1695, de Henri, le fils de Jacques ZUO BIEL et de Marguerite TANNER, ou à Rixheim, avec le mariage en 1774 de Gaspard ZUMBUEL originaire de Hochdorf.

Signalons aussi la présence à Bitschwiller au débouché de la vallée de Thann, de François ZUMBÜHL, venant lui aussi de Hochdorf. il fit baptiser sa fille Madeleine, en 1735, dans l'église de la paroisse-mère de Willer-sur-Thur.

Des familles bien représentées

Hirtzfelden vit arriver, vers 1687, date de son mariage avec Marie JENNY de Roggenhouse, le jeune Bernard ZUMBIEHL natif de Hochdorf. Le couple allait donner naissance à toute une lignée de ZUMBIEHL dont la descendance a été étudiée sous forme d'un grand arbre généalogique du modèle "Schevin".

Cette descendance est implantée à Oderen, Hirtzfelden, Oberhergheim, Oberentzen, Ensisheim, Mulhouse et Guebwiller (travaux HAURY). A Merxheim la tige des ZUMBIEL est constituée par le couple Louis ZUMBIHL, savetier, et Anne WEISS.

Dès 1676 nous trouvons trace des mariages de leurs enfants à Merxheim. Cette année là ce fut la fille Elisabeth qui s'unit, en février, à Mathias SCHMITT, puis sa soeur Barbe trois mois après à Nicolas BIR de Gundolsheim. Leur soeur, Marie Anne, se maria beaucoup plus tard, en 1695, avec Jean KIMPFLIN.

Les Zumbiehl de Bollwiller

Là aussi nous avons la chance de connaître le fondateur de cette lignée. Il s'agit de Jean Gaspard ZUM BÜEL, originaire de Hochdorf, qui épousa en février 1672 à Feldkirch, alors paroisse-mère de de Bollwiller, la jeune Marguerite SALOMON issue d'une ancienne famille notable locale.

Le couple eut plusieurs enfants, et quatre étaient encore en vie en 1688 lorsque l'on fit le partage de la succession au décès de leur père Jean Gaspard ZUM BIEHL. A cette occasion, les enfants mineurs étaient représentés par leur tuteur, Jean ZUM BIEHL, de Hochdorf, preuve que les rapports avec le village natal n'étaient pas rompus.

Une lettre émanant des autorités de Hochdorf accompagna l'inventaire de succession dressé le sept janvier 1688. Cette lettre indiquait que le défunt avait encore des cens à percevoir à Hochdorf. Des quatre enfants un seul garçon, Jean Michel, assura la postérité du nom.

Les filles, Anne Marie, Elisabeth et Marguerite s'unirent respectivement à Michel KOEPFLIN de Bollwiller, Jean BELLOME un francophone, et Joseph GOY receveur seigneurial à Bollwiller. Après le décès de son époux Marguerite se remaria, en 1715, à Jean Thiébaut BLESI de Ruelisheim.

Quand à leur mère, Marguerite SALOMON, elle épousa en secondes noces à Feldkirch en 1688 Jean BUTTICH. Le fils Jean Michel, savetier comme son père, épousa Apollinie RICHERT en 1707 après la traditionnelle publication des trois bans au prône de l'église paroissiale.

Il décéda en 1725 après s'être remariée à Anne Marie WALCH dont il avait eu trois enfants. De sa première femme, morte en 1712, étaient nées deux filles dont l'une mouru toute jeune, et l'autre épousa Jean Thiébaut HOLDER de Feldkirch. Jean Michel possédait sa maison au village de Bollwiller, sur la route de Cernay. Elle comportait une grange et un potager. Ce bien passa à sa fille aînée Elisabeth, épouse HOLDER.

De Niederentzen aux USA

En novembre 1857 Antoine ZUMBIEHL, laboureur d'Oberentzen, sollicita un passeport pour se rendre au Texas et s'y fixer (répertoire réalisé par Mlle DREYER).

Il allait ainsi rejoindre la communauté Alsacienne qui vivait dans le secteur de Castroville. Né en 1839 à Niederentzen il était le fils de François Joseph ZUMBIEHL, cultivateur puis cabaretier, et de Catherine JAEGY la fille de Sébastien JAEGY membre de la Légion d'Honneur.

François Joseph avait vu le jour à Oberentzen dans le foyer des époux François Antoine ZUMBIEHL et Catherine HASSENFORDER. Son père y était cabaretier et possédait sa maison, Grand'Rue. Il était né à Niederentzen le treize Messidor de l'An II de la République, c'est-à-dire le 1er juillet 1794.

Il était lui-même fils de Barthélémy ZUMBIEHL qui décéda à Niederentzen en 1809 et de Marie Agathe SCHREIBER. Barthélémy venait de Hirtzfelden où vivaient ses parents, Joseph ZUMBIEHL et Véronique SCHERLIN. Ils étaient issus de cette souche évoquée plus haut et venant de Hochdorf dans le canton de Lucerne.

André GANTER