Notices de familles ( 1305 entrées )

Folzer - Voltzer - Volzer

Cette famille typique du Sundgau est plus particulièrement implantée dans le secteur défini par les villages de Zillisheim, Hochstatt et Tagolsheim.

Le nom aurait comme origine le prénom germanique Volmar dont le diminutif, Volz, aurait donné VOLZER.

La forme VOLZ est attestée dès l'an 1300 en Forêt-Noire, alors que la forme VOLZER apparaît dans le Wurtemberg en 1435.

les toponymes (noms de lieux) locaux s'y rattachant sont rares.

STOFFEL, dans son "Wörterbuch" ne cite que les lieux-dits Folz et Foltzerfeld à Bendorf et Koestlach.

Les armoiries de la famille Foltzer. (dessin Pierre Ganter)  

Au niveau régional, une famille FOLZ habite Thann au début du XVIè siècle.

Elle est encore présente lors du recensement de la population thannoise exigé par FOURCADE en l'An IX de la République (recensement dépouillé par M. André ROHMER, président de la Société d'Histoire "Les amis de Thann").

La forme FOLZER, citée à Thann en 1525 (liste des gardes-ban), n'est donc probablement qu'une altération passagère.

Quelques familles FOLTZER éparses nous sont connues: à Wihr-au-Val dès 1589, et dans la seconde moitié du XVIIIè siècle à Eguisheim, Soultzmatt et Ribeauvillé.

Mais la souche importante se situe dans le triangle cité plus haut.

A Zillisheim, Thoman FOLTZER possédait des terres avant la terrible guerre de Trente Ans.

En l'an 1621, Steffan FOLTZER du même lieu verse une somme de cinq livres à la seigneurie d'Altkirch afin d'être admis comme bourgeois à Hochstatt.

Toujours à Zillisheim, en 1659 sont présents quatre chefs de famille du nom: Jacques FOLTZER le meunier âgé de 21 ans, Jean Adam FOLTZER laboureur âgé de 40 ans, Claude FOLTZER âgé de 60 ans et Jean FOLTZER manouvrier âgé de 70 ans.

Ces branches de Zillisheim se perpétueront.

A Hochstatt, une croix rappelle l'assassinat de Valentin Foltzer en 1750  

Trois prêtres Foltzer

A la fin du XVIIè siècle, Philippe FOLTZER est maire de Zillisheim.

En 1691, son fils, prénommé Roch, épousera Barbe FOLZER issue de la branche d'Illfurth (un enfant du couple, prénommé Roch comme le père, sera chapelain à Luemschwiller).

Zillisheim peut s'honorer d'avoir donné naissance à trois prêtres FOLTZER.

En plus du chapelain déjà cité, Adam-Valentin FOLZER né en 1734 sera curé de Wittersdorf et de Saint-Blaise et Antoine FOLTZER né en 1749 sera vicaire de Zimmerbach et chapelain à Steinbrunn-le-Haut (travaux de l'abbé KAMMERER).

La branche FOLTZER d'Illfurth comporte deux chefs de famille en 1698: Jean Adam FOLTZER, maire du village, et Nicolas FOLZER.

Le premier possède quatre chevaux, le second deux.

C'est de l'union de Nicolas et de son épouse Marie KNECHT que sera issu le curé de Brunstatt, Jean-Martin FOLTZER.

Quant à Jean Adam, il aura plusieurs enfants dont une fille Marguerite qui se mariera en 1703 avec le fils de Jean WILHELM, membre du Magistrat d'Ensisheim, une autre fille Anna qui s'unira en 1694 avec Jean Adam PFLIEGER de Hirtzbach (ce dernier sera maître de postes à Altkirch en 1732) et une troisième fille Catherine qui épousera en 1701 Morand BAUMLIN.

En tant que maire du village, les armoiries lui seront imposées par Louis XIV ("d'argent à trois roses de geules tigées et feuillées de sinople, mouvantes d'un mont de trois coupeaux de même surmontées de deux étoiles d'azur").

Une autre famille FOLTZER est présente à Illfurth dès 1681, date à laquelle Caspar VOLTZER prête le serment de bourgeoisie lors de la séance hebdomadaire du conseil le samedi 13 septembre.

Sur l'ancienne route d'Illfurth à Tagolsheim, une croix rappelle la mort accidentelle de Joseph Foltzer en 1845  

Enfin, en 1662, Jean Wilhelm FOLTZER paye deux livres et dix sols d'amende pour s'être pris de querelle avec le valet du meunier.

A noter qu'au siècle précédent, en 1599, un certain Gall FOLZER d'Illfurth épousera à Brunstatt Anna BRANDEBURGER.

Leur fils, Jacques, se mariera au même lieu en 1736 à Anne Marie ERHARD, tandis que leurs filles Elisabeth et Anne épouseront respectivement en 1729 et 1731 Wilhelm ZIS et Léonard HABE (ALEXSYS cahier 2).

Assassinat à Hochstatt

La branche de Hochstatt est présente au XVIIè siècle grâce au couple Jacques FOLZER, bourgeois du lieu, et Marguerite HARNIST.

Leur fils François-Joseph né en 1774 sera curé de Hochstatt, il émigrera sous la Terreur et reviendra comme curé de Leymen.

C'est à Leymen également que sa soeur, Marguerite, trouvera son époux François Joseph MOUTTET.

Hochstatt sera, en 1750, le théâtre d'une drame que rappelle une ancienne croix.

Ce drame coûta la vie à Valentin FOLTZER tué par un rival jaloux (Journal "L'alsace" du 4.9.1990 et Guide du Sundgau page 72).

La branche de Hunsbach-Hausgauen est issue de Jean FOLTZER et d'Anna RUETSCH.

Adam Foltzer de Tagolsheim fut l'un des précurseurs de l'élevage du ver à soie au début du XIXè siècle  

Elle a été étudiée par les regrettés Maurice SCHERMESSER de Paris et l'abbé BEHRA.

Jean FOLTZER, maire de Hundsbach, possédait en 1698 une charrue et quatre chevaux.

Son valet fut condamné en 1662 pour s'être battu avec un valet de Wahlbach.

Le couple FOLTZER/RUETSCH eut plusieurs enfants dont le curé de Bleichen en Brisgau Thiébaut FOLTZER et Nicolas auteur de la banche d'Illfurth déjà citée.

Culture du ver à soie

Tagolsheim vit les premières tentatives d'acclimatation de sériculture (culture du ver à soie) au début du XIXè siècle grâce à la famille FOLTZER.

Jean Adam, fils de l'aubergiste de Tagolsheim Léger FOLTZER, se lança dans cette aventure avec son fils Léger.

Un exposé du résultat de leurs travaux fut lu lors de l'assemblée générale de la Société Industrielle de Mulhouse en 1836 (voir à ce sujet le Nouveau Dictionnaire de Biographie Alsacienne et les travaux de Patrick MADENSPACHER parus dans l'Annuaire de la Société Sundgauvienne de 1989).

Autre célébrité de la famille, les DE FOLTZER issus des FOLTZER de Neuf-Brisach et implantés dans le Poitou.

La tombe de Jean Martin Foltzer (1737-1793) au cimetière Saint-Morand d'Altkirch  

Charles DE FOLTZER, né en 1721 à Neuf-Brisach, fut maréchal de camp et son fils Pierre françois sera exécuté en 1791 pour "avoir tenu des propos contre-révolutionnaires..." (Nouveau Dictionnaire de Biographie Alsacienne déjà cité et Dictionnaire Historique et Généalogique des Familles du Poitou).

Enfin, ajoutons qu'au XVIIè siècle, des FOLTZER vivaient à Franken et Walheim et que Marie Agathe FOLZER originaire de Carspach épousa en 1767 à Altenach le maître d'école Valentin ROESCH (ALEXSYS cahier 5).


RAJOUT (issu de "L'alsace" du 31/3/91)

1845: l'accident de Tagolsheim

Le long de l'ancienne route d'Illfurth à Tagolsheim se trouve une croix rappelant un drame survenu dans la famille FOLTZER.

En 1845 en effet, Joseph FOLTZER de Hundsbach périt dant un accident de la circulation.

Avant l'arrivée des véhicules à moteur, les victimes de la route existaient déjà...

"En souvenir de Joseph Foltzer de Hundsbach accidenté en l'an 1845" peut-on lire en allemand au pied de cette croix restaurée dernièrement.

La mention du décès de ce membre de la famille FOLTZER se trouve dans les registres d'état-civil de Tagolsheim:

"L'an 1845, le 13 octobre à midi, par devant nous Jean Jacques Sutter, maire officier d'état civil de la commune de Tagolsheim, canton et arrondissement d'Altkirch, département du Haut-Rhin, étant en notre maison commune, sont comparus Jean Foltzer, âgé de 64 ans, journalier (NDLR: c'est à dire paysan de condition modeste) domicilié à Hundsbach, canton et arrondissement d'Altkirch, et Antoine Herbrecht, âgé de 53 ans, cultivateur domicilié à Tagolsheim, lesquels nous ont déclarés que hier douze octobre, à sept heures du soir, est décédé dans la banlieue de Tagolsheim, sur la route départementale, numéro deux, Joseph Foltzer, âgé de 31 ans, postillon demeurant à Altkirch et né à Hundsbach (...), fils des conjoints Jean Foltzer, âgé de 64 ans, journalier, et de Madeleine Wetzel, âgée de 62 ans, sans profession, tous deux domiciliés à Hundsbach. Et à l'instant, nous sommes transportés sur les lieux pour nous assurer dudit décès, et de retour à la maison commune, nous avons dressé le présent acte (...)"

Qu'est il arrivé au pauvre homme ?

Grand spécialiste des croix du Sundgau, André MUNCK de Thann rapporte la légende d'un paysan qui se serait endormi. Tombé sous les roues de son chariot, il serait mort écrasé.

Mais Joseph FOLTZER a-t-il périt de la sorte ? Ses chevaux se sont-ils emballés ? A t-il été renversé par un autre véhicule ?

Aujourd'hui, la croix rappelant l'accident de Joseph FOLTZER garde son secret. A moins qu'un jour, un manuscrit inédit exhumé d'un grenier de Tagolsheim et rédigé par un contemporain ne relate en détail ce fait divers qui est l'un des premiers accidents de la route connus du Sundgau.


RAJOUT (issu de "L'alsace" du 2/6/91)

Grâce à un rapport de gendarmerie de 1845 - Le mystère de Tagolsheim éclairci

A Tagolsheim, la croix rappelant le décès en 1845 de Joseph Foltzer était une énigme. Maintenant, les circonstances de la mort de ce personnage sont connues grâce à un rapport de gendarmerie.  

Dans la notice sur la famille "Foltzer", parus dans "L'Alsace" du dimanche 31 mars, nous avons fait connaître la croix commémorative de Tagolsheim. Grâce à un document d'archives, le mystère est éclarici.

Cette croix rappelle la mort accidentelle de Joseph FOLTZER à cet endroit. Nous relations la légende relevée par André MUNCK quant à un accident dont aurait été victime le malheureux. L'état civil de Tagolsheim permettait de mieux connaître le défunt mais pas la cause du décès.

Melle Dominique DREYER, archiviste aux Archives Départementales du Haut-Rhin, a pu retrouver trace de cet accident, ce qui permet maintenant de lever le voile sur cet épisode tragique. La relation se trouve dans le rapport de gendarmerie du 13 octobre 1845, certifié authentique par le lieutenant de la gendarmerie d'Altkirch le 14 du mois.

Ce rapport précise que Joseph FOLTZER, natif de Hundsbach et âgé de 29 ans, était conducteur de diligence et logeait chez le sieur KELLER, maître de Poste à Altkirch.

Pour le compte de l'entreprise Reynier et Compagnie, maître de Poste à Epinal, Joseph FOLTZER assurait avec sa diligence la liaison entre Altkirch et Mulhouse.

La veille, 12 octobre, alors qu'il rentrait d'Altkirch pour rejoindre Mulhouse, il arriva vers 7h du soir par la route départementale numéro 2 au lieu dit Nargelberg, se trouvant sur le ban de la commune de Tagolsheim.

A ce moment, les chevaux prirent une mauvaise direction et la diligence se renversa. Le malheureux FOLTZER fut écrasé par la lourde charge de la voiture qui transportait sept personnes. Il mourut sur le coup, alors que les passagers n'eurent aucun mal.

On comprendra facilement la valeur de ce témoin de notre passé, et l'intérêt qu'il y a de sauvegarder ces croix rurales, chacune d'elles possédant sa propre histoire.

André GANTER