La famille FRANCK est très bien représentée dans la Vallée du Florival et tout particulièrement dans le village de Lautenbach-Zell. On pourrait penser que son origine provient du prénom FRANCK. Mais, ce nom de baptême, récent, date du XIXè siècle.

Vue de Lautenbach-Zell

Or, la famille FRANCK est déjà bien implantée dans notre région avant la Guerre de Trente Ans. Certains dictionnaires étymologiques nous indiquent que c'est une forme étrangère de François, d'autres l'associent aux Francs, peuple germanique qui habitait anciennement près du Rhin.

Des recherches plus approfondies pourraient peut-être élucider ce mystère. Notons aussi, que le suffixe Frank est très utilisé dans les toponymes, c'est-à-dire les noms de lieux. Mentionnons par exemple le village de Franken dans le Sundgau, le Fränkelbach à Soultzmatt cité dès 1511, le Frankengraben à Walbach ou Landser, ou encore le Frankenthal au Honeck, commune de Stosswihr.

Le Nouveau Dictionnaire de Biographie Alsacienne fait état de plusieurs personnalités porteurs du patronyme.

Il cite par exemple l'importante famille du patriciat de Strasbourg attestée depuis le XIVè siècle. Simon FRANCK fut le premier de ses membres à se distinguer car il fut élu ammeistre (ou échevin) en 1543. Il est l'ancêtre d'une famille de négociants-banquiers.

Sébastien FRANCK, qui vit le jour en Souabe vers 1500, fut un célèbre historien et théologien laïc, connu sous différents pseudonymes (Eleutherius Augustinus, Frey Félix...).

Il épousa en secondes noces Barbara BECK, la fille de Baltazar imprimeur strasbourgeois.

Plus près de nous, citons Charles FRANCK, industriel et conservateur du Musée historique de Mulhouse issu de l'union d'Alexandre FRANCK, manufacturier et Marthe SCHLUMBERGER.

Le Dictionnaire Historique et Biographique de la Suisse nous indique que la famille FRANCK est présente dans les cantons de Berne, Fribourg, Lucerne, Saint-Gall, Soleure, Thurgovie, Unterwald et Zürich.

Dans ce dernier canton, elle est mentionnée en 1443 dans l'ancien Oberstrass, commune disparue devenue un quartier de la ville de Zürich, où elle posséda pendant plusieurs siècles la ferme du Vogelsang.

On apprend également que c'est une famille éteinte de la Ville de Saint-Gall. Un certain Konrad FRANK fut vassal du couvent de Saint-Gall en 1388.

Enfin, c'est aussi une famille de la Ville de Berne dont elle acquit la bourgeoisie en 1636.

Pour ce qui touche à la famille FRANCK de Lautenbach-Zell, on relève, dès l'ouverture du registre des baptèmes, la naissance de Marie Madeleine, fille de Georges FRANCK et de Marie FRANCKLER, baptisée le 5 janvier 1655.

Un an plus tard, le curé de la paroisse, Hartmann ROTH, baptisa le fils de Jean FRANCK et de Marie GUTSCHENRIETER, lequel eut pour prénom Jean Georges. Le registre des mariages de ce village permet également d'affirmer que la famille FRANCK était déjà bien implantée à ce moment là.

Citons l'union d'Odile FRANCK de Sengern avec Pierre GALLIATH le 2 juin 1659, les noces d'Anne FRANCK, également de Sengern avec Mathieu RITTER de Schweighouse en 1663 ou encore le mariage de Barbara FRANCK et Dominique WEXLER, originaire de La Bresse, en l'année 1673.

L'ancêtre commun de cette famille n'est à ce jour pas connu, malgré des recherches entreprises par certains généalogistes tels que Anne Marie FRANCK de Guebwiller et Guy FRANK de Wintzenheim, lequel prépare une "cousinade" FRANCK.

Mais grâce à des documents notariés, nous pouvons retrouver des mentions plus anciennes encore et avoir de plus amples renseignements sur cette famille. Une partie des protocoles des contrats du bailliage de Guebwiller ont été dépouillés par André GANTER et publiés dans le Bergha, le bulletin trimestriel du C.D.H.F.

Nous apprenons ainsi qu'à la Saint Mathieu de l'année 1623, une obligation fut passée entre Adam LORENTZ, bourgeois de Lautenbach-Zell au profit de Gangolff FRANCK, bourgeois du même lieu pour une somme de quarante livres, monnaie de Bâle.

En 1624, un pouvoir fut donné par Gangolff FRANCK, probablement le même que précédemment, à Laurent SONTAG pour encaisser le solde d'une créance due par un bourgeois d'Ensisheim pour la vente de cent chevaux.

Enfin, mentionnons également qu'un certificat d'apprentissage fut délivré par Nicolas BECH à Jean FRANCK en 1626, après trois années d'apprentissage du métier de fabricant de pâtés (Pastetenhandtwerck).

Nous retrouvons également des descendants des FRANCK de Lautenbach-Zell dans le village voisin de Lautenbach où Nicolas FRANCK épousa le 30 juin 1763 Anne Marie STUDER de Linthal.

De même, à Buhl, Jean FRANCK de Lautenbach-Zell convola en justes noces avec Anne Marie HILDENBRANDT en 1748.

Le 3 juin 1671, un inventaire et partage fut établi au décès de Jean Georges FRANCK, Docteur en médecine, décédé et inhumé le 2 avril 1671 à Guebwiller.

Ces biens furent partagés entre sa veuve Anne Marie MEYER et ses quatre enfants : Symphorose, épouse de Jean ENG, Anne Thérèse, Cunégonde et Joseph, enfants mineurs. Le partage se fait également avec sa fille Catherine FRANCK, issue d'un premier lit et épouse de Jean Thiébaud PFULB, ancienne famille guebwilleroise.

Ce document nous indique qu'un testament avait été rédigé par le défunt le vendredi avant Simon et Jude de l'année 1669. Il y ait fait référence à un contrat de mariage avec Anne Marie MEYER dont le douaire s'élevait à cent florins.

Par ce testament, Jean Georges FRANCK demande qu'après son décès soit lues trente trois messes pour le Salut de son âme. Il précise même qu'elles devaient être réparties de la manière suivante : onze dans l'église paroissiale de Guebwiller, onze chez les Capucins et onze chez les Dominicains.

L'inventaire et partage nous renseigne également sur les biens que possédait la famille. La propriété était située dans la ville haute de Guebwiller, mais la famille possédait également des terres au ban d'Issenheim. Grâce à la liste des créanciers et des débiteurs, nous voyons les relations sociales du défunt et en particulier ses contacts avec l'apothicaire de Rouffach.

Le Livre d'Or de Soultz indique que le patronyme FRANCK y est cité dès 1513. A Rouffach, le 13 juin 1616, fut célébré le mariage de Beat FRANCK et d'Elisabeth MULLER, tous deux enfants de la cité médiévale.

A Thann, André FRANCK, fils de Melchior, unit sa destinée avec Anne Marie MANN en 1686. Dans le répertoire du Clergé d'Alsace de Louis KAMMERER, on relève la mention de Charles FRANCK baptisé en 1633 à Ensisheim. Fils de Joseph FRANCK et Marie VOEGTLER, il fut ordonné prêtre le 31 mars 1657. Tout d'abord, curé d'Ottmarsheim, Charles fut ensuite nommé à Ammerschwihr où il décéda en l'année 1701.

La petite localité de Wihr-au-Val, située dans le Val de Saint Grégoire, habrita également une famille FRANCK. En effet, le 2 février 1592, fut baptisée Marguerite FRANCK par le curé du village Bartholomé GEIGER.

Comme d'autres familles alsaciennes, les FRANCK ont émigré aux Etats-Unis.

Ainsi, Jean Baptiste FRANCK, âgé de 24 ans, tailleur d'habits de profession, natif de Rimbach-Zell et domicilié à Lautenbach fit une demande de passeport en 1848 pour la ville de New York.

Joseph FRANCK, originaire de Soultz s'en alla pour la Nouvelle Orléans en 1864 afin de pouvoir y exercer son métier de tourneur en fer. Citons également Xavier FRANCK, fils de François Joseph FRANCK et Françoise FRANCK, petit fils de Joseph FRANCK et Anne Marie SYREN, cultivateur à Lautenbach-Zell qui quitta son village natal pour New York, accompagné de sa jeune épouse Thérèse ZINDEL.

En effet, l'année précédant leur départ, ils se marièrent à Lautenbach Zell. En 1847, année du mariage, Xavier était déjà veuf de la défunte Anastase FRANCK.