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Grunenwald

Le nom de famille GRUNENWALD et ses variantes telles que GRUENEWALT, KRUENEWALT etc.., est composé de deux parties. La première, le préfixe grün, signifie verdoyant. La seconde, le suffixe Wald, indique la forêt. GRUNENWALD représente alors le nom d'une forêt bien verte.

Ce nom est souvent utilisé en tant que nom de lieu et plusieurs localités Allemandes le portent.

Dans le Sundgau, à Uberstrass, le pèlerinage bien connu de Notre Dame de Grunenwald remonte au XVIè siècle. Toujours dans le Sundgau, le toponyme Grünenwald est représenté à Bartenheim, Michelbach et Pfetterhouse.

Marc Grunenwald (1815 - 1881)  

Des mentions anciennes

En tant que patronyme, le nom GRUNENWALD est déjà utilisé au XIVè siècle.

Le professeur Josef Karlmann BRECHENMACHER dans son Dictionnaire Etymologique des Noms de Famille Allemands, cite dès 1365 un Jeckelinus dictus GRUNEWALD habitant dans l'Odenwald.

Les matricules de l'Université de Strasbourg nous donnent les noms d'une dizaine de GRUNEWALD et GRÜNWALD ayant étudié au cours du XVIIè siècle dans la capitale alsacienne.

Sans doute Jean-Jacques GRUENWALD, notaire à Strasbourg à la fin de ce XVIIè siècle, figurait-il parmi eux. Ce Jean-Jacques portait des armoiries dites "parlantes" c'est-à-dire en rapport avec le porteur et en l'occurence avec l'étymologie de son nom. Elles étaient "d'or à trois arbres de sinople rangés sur une terrasse de même" (Armorial de la Généralité d'Alsace).

Rappelons qu'en langage héraldique le sinople est la couleur verte: on retrouve alors la forêt (trois arbres) verte ou Grünewald.

Venant d'Autriche, un certain Zacharie GRUONEWALDT épousa en 1595 à Eguisheim une VOGLER (travaux de Jean LORETNZ). Il ne semble pas avoir eu de descendance sur place.

Curieusement, nous trouvons à Habsheim mentions de trois filles GRIENENWALT dans la seconde moitié du XVIIè siècle. Toutes trois venaient de Heitersheim, non loin de Stauffen dans le pays de Bade.

La première mention concerne le mariage, en juin 1677, de Marie GRÜNENWALT et Nicolas HUNGLER, un immigré Suisse de canton de Lucerne.

La seconde date de septembre 1685 et a trait au baptême du petit Antoine, le fils de Mathis WEISS natif de Guebwiller et d'Anne GRUENENWALDT. Le curé ajouta dans l'acte que l'enfant décéda quelques jours plus tard.

La troisième enfin est à nouveau un acte de mariage, daté du 26 avril 1688. Ce jour là le curé de Habsheim bénit l'union du cultivateur Adam RAUG et de la demoiselle Elisabeth GRIENENWALT, la fille de feu Barthélémy. Le frère de la future, également prénommé Barthélémy, était venu de Heitersheim pour assister à la cérémonie.

Le berceau dans la haute vallée de Thann

Au milieu du XVIè siècle les GRUNENWALD étaient déjà nombreux dans la vallée de Thann, et plus particulièrement à Malmerspach, Mitzach, Husseren et Fellering.

La famille a fait l'objet d'une courte notice historique parue dans L'Alsace, édition de Thann, en 1990.

Il est intéressant de noter que les GRUNENWALD possédaient des biens au ban de Koelmen, village disparu qui se trouvait entre Fellering et Wesserling. Le ban de ce village, longtemps resté en indivis, ne fut partagé qu'en 1775 entre les communes de Fellering, Husseren et Urbès.

Les GRUNENWALD tinrent souvent les rennes de l'administration communale de la haute vallée, dont les villages ne formaient alors qu'une seule "mairie" centrée à Oderen.

En 1549 déjà Gaspard GRUNENWALD, bourgeois de Fellering, assumait les fonctions de maire seigneurial de la haute vallée à Oderen. Sans doute fut-il l'ancêtre de Sébastien qui, en 1580, fit partie du Conseil de cette haute vallée et dont un fils sera maire à son tour.

Sébastien, qui décéda vers 1614, eu plusieurs enfants. Parmi eu le fils Adolphe qui nous intéresse plus particulièrement. Epoux de Catherine GRAUW, Adolphe GRUNENWALD a eu une descendance qui doit être aujourd'hui très nombreuse car nous lui connaissons quatre filles et deux fils, tous mariés.

Un fils Jean-Jacques resta à Fellering où il épousa une SIFFERLEN. Une fille Marie s'uni à un WINCKLER de Vogelbach, faubourg de Saint-Amarin. Un autre fille, Catherine, épousa un ARMSPACH de Wattwiller. Les trois autres enfants du couple se fixèrent dans le Florival.

Partition de musique dédiée à Mme Grunenwald née Chiappini  

La branche Guebwilleroise

Adolphe GRUNENWALD décéda vers 1636, en pleine guerre de Trente Ans. Sa veuve vînt alors habiter Guebwiller où deux de ses filles et le fils Sébastien s'étaient établis. Elle décéda en 1665 à Guebwiller et le curé indiqua qu'elle avait atteint l'âge canonique de cent sept ans !

Sa première fille, Véronique, avait épousé Henri PFULB de Guebwiller. La seconde, Eve, s'était mariée à Nicolas ROTH le meunier de Lautenbach. Ils furent les parents de Nicolas ROTH, baptisé en 1643 à Lautenbach, qui, après des études théologiques à Fribourg-en-Brisgau, fut curé à Ungersheim, Gundolsheim, Lautenbach et Lautenbach-Zell.

Le fils d'Adolphe et de Catherine GRAUW, prénommé Sébastien, donna naissance aux GRUNENWALD du RAUW. Il avait épousé Claire HORY dont il eu plusieurs enfants.

En février 1651 il acheta une maison à Guebwiller. En 1657 il était membre de la corporation des vignerons de la ville haute. Sa descendance patronymique fut assurée par son fils Guillaume qui épousa, en 1688, Marguerite JEHLEN issue d'une ancienne famille locale que nous avons déjà traitée ici.

Six enfants firent la joie du couple. Les fils Dominique et Henri, le cordonnier, donnèrent de nombreux petits-enfants à leur père Guillaume, alors remarié à Dorothée ANSTETT.

Enfin il convient de noter qu'avant l'arrivée des GRUNENWALD de Fellering une branche de ce nom vivait déjà à Guebwiller. Nous en avons la preuve avec le baptême, en mars 1593, d'Adolphe GRUNENWALD, fils de Gaspard.

L'identité du prénom permet de supposer un proche lien de parenté avec ceux de Fellering. Les archives nous permettent également de savoir qu'en avril 1624 un Adolphe GRUNENWALD (le même ?), devant faire un voyage en Italie, confia la gestion de ses biens à son frère Gaspard.

Ce Gaspard, encore vivant en 1630, possédait des vignes et une maison à Bergholtz, maison qu'il vendit en 1624 pour la somme rondelette de mille huit cents livres bâloises.

Toutefois cette autre souche ne semble pas avoir laissé descendance du nom à Guebwiller.

La branche de Roderen et les meuniers

Issue de celle de Mitzach, une branche GRUNENWALD se fixa à Roderen avec le mariage de Blaise GRUNENWALD et Elisabeth BOSSLER. Le couple eu un fils, prénommé Simon qui fut baptisé à Roderen en 1662.

Simon épousa en 1686 dans l'église du couvent de l'Oehlenberg Catherine STEPHAN et le couple s'établi à Roderen. Suivant le dénombrement de 1698 Simon possédait en propre deux boeufs et une vache.

Son fils, Joseph, se maria en 1719 à une JUNG de Wattwiller. La même année Jean GRUENENWALD de Fellering épousait également une fille de Wattwiller, au patronyme compliqué de FRICKHELLSCHERER.

Toujours à Wattwiller nous trouvons le meunier Antoine GRUENENWALD, dont le fils également prénommé Antoine épousa à Cernay en 1785 la fille du meunier de Cernay: Anne Marie MEYER.

A Cernay les GRUNENWALD étaient meunier et avaient eu en charge, tout au long du XVIII ème siècle, différents moulins comme le Carlen Mühle, le Herren Mühle et le Matten Mühle.

Jean Ulrich GRUENENWALD fut même expert en meunerie puisqu'on le qualifie de "Mühl Artz" dans un document daté de 1753. Cette pièce d'archive, réglant la succession du meunier Balthazard SCHNEBELEN le cite comme créancier pour travaux réalisés par lui au moulin nommé le Herren Mühle.

Le recensement des paroissiens de Cernay effectué en 1787 et publié par Luc LARUEL mentionne encore le meunier Jean Thiébaut GRUENENWALD, demeurant alors rue du faubourg, et dont l'épouse, une WEBER, était originaire de Saint-Amarin.

Notons que la ville de Cernay donna naissance en 1833 à Etienne GRUNENWALD qui, horloger, s'illustra à Paris dans le domaine du télégraphe avec son beau-frère Bernard MEYER (Nouveau Dictionnaire de Biographie Alsacienne).

Soultz, Rouffach, Ensisheim

A Soultz deux branches GRUNENWALD sont à distinguer.

La première, issue de celle de Roderen, concerne le boulanger Jean Thiébaut GRUENENWALD et son épouse Barbe DURR la fille du boucher. Mariés en 1772 ils eurent douze enfants.

La seconde, sans doute originaire de la haute vallée de Thann, est celle d'Antoine et de son épouse Anne Marie GSTALTER. Ce couple habitait Jungholtz dès 1756. Rouffach abritait des GRUNENWALD dès 1617, année où fut baptisé un enfant de Georges GRIENWALDT, venant du pays de Bade, et de Barbe EICHENBESCHER de Rheinfelden.

Toujours à Rouffach, entre 1643 et 1651 les conjoints Jean GRUENENWALD et Claire Anne FOLTZER firent baptiser quatre enfants. Il semblerait toutefois qu'il n'y ai pas eu descendance sur place.

Notons enfin la présence à Ensisheim, en 1624 et 1627, d'un nommé Antoine GRUNENWALD dont nous ignorons l'origine et la destinée.

Les Grunenwald-Chiappini

Les GRUNENWALD de Kruth, étudiés par le curé François Antoine BEHRA qui en a dressé l'arbre généalogique en 1923, ont donné naissance en 1773 à un enfant prénommé Wendelin.

Meunier à Kruth et époux de Catherine HEINRICH, Wendelin quitta son village natal pour s'installer à Geishouse où naquit, en 1815, son fils Marc. Parmi les enfants de ce dernier citons le fils Joseph, facteurs de pianos et propriétaire d'un magasin de musiques à Mulhouse. Il épousa Marie Victoire Lucie CHIAPPINI, la fille du peintre Antoine CHIAPPINI et de son épouse Victoire MALZACHER.

Une importante étude sur cette famille, son origine italienne, ainsi que sur l'ascendance GRUNENWALD a été réalisée par Mme France TARDON-APPRILL.

Cette étude est agrémentée de nombreuses reproductions de portraits et photos tant du côté CHIAPPINI que du côté GRUNENWALD. L'exemplaire que l'auteur a bien voulut nous offrir est consultable au CDHF.

Les GRUNENWALD ont également fourni un fort contingent de candidats à l'émigration.

Les différents listings, réalisés essentiellement à partir des souches des passeports pour l'étranger et des listes d'embarquement, montrent que la plupart d'entre eux venaient de la vallée de Saint-Amarin alors fortement touchée par la crise textile.

Mais le nom est toujours bien représenté en Haute Alsace et son extinction n'est certainement pas pour demain.

André GANTER