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Lichtle - Liechtle - Lichtlen

La tradition familiale veut que le patronyme LICHTLÉ provienne de la traduction du mot alsacien "Liechtla" qui est un diminutif de "Liecht" signifiant la lumière ou le phare.

Détail d'une vieille cour de vigneron à Gueberschwihr  

Mais le Dictionnaire Topographique du Département du Haut-Rhin mentionne quant à lui un lieu-dit appelé Liechtelsperg rencontré à Buethwiller, Traubach le Haut et Wolfersdorf au XVè siècle.

Une extraordinaire chronique Lichtlé

La chronique LICHTLEN, document précieux et rare, a été rédigé par Jean Jacques LICHTÉ en 1715.

Ce dernier, né le jour de la Saint Jean Baptiste 1650 à Gueberschwihr a mis par écrit ses mémoires.

Le volume a été retranscrit par Jean SCHULZE d'après l'original qui est encore aujourd'hui conservé par un membre de la famille.

La transcription est quant à elle consultable au Centre Départemental d'Histoire des Familles à Guebwiller.

Cette chronique retrace la vie de Jean Jacques LICHTÉ et de sa famille.

Ainsi, nous apprenons que ces ancêtres, alors appelés LICHTLEN, ont habité à Wettolsheim durant le XVè siècle.

L'un d'eux a quitté son village natal pour s'installer à Husseren, près du couvent de Marbach, où la famille a vécu "jusqu'à la terrible guerre des suédois".

C'est à cette époque que trois fils et trois filles sont partis de Husseren.

L'aîné des fils se prénommant Georges est devenu bourgeois d'Eguisheim où il s'est marié.

Le second fils, Michel, père du chroniqueur, a fait souche à Gueberschwihr où il a épousé Marguerite TRÄPPLER en l'année 1649. Michel fut membre du Tribunal de Gueberschwihr puis élu "Schultheiss" c'est-à-dire prévôt du village.

Il exerça cette fonction pendant quinze années. Il décéda à Rouffach en 1675 et une pierre tombale fut érigée en sa mémoire dans le cimetière des Franciscains de cette ville.

La seconde partie de la chronique est consacrée à l'autobiographie de Jean Jacques LICHTLÉ.

Ce dernier fut baptisé en l'église paroissiale de Gueberschwihr en 1650 et a grandi dans son village natal.

En parlant de sa scolarité il affirme "qu'aucun maître d'école ne m'a appris à écrire. Le peu que je sais m'a été appris par mon cher père, je lui en suis très reconnaissant car il a eu bien du mal à me l'inculquer".

Entre 1666 et 1667, Jean Jacques fit un séjour en Lorraine pour apprendre la langue française. Le 3 février 1671, il prit pour épouse Agnès MEICH, fille de l'ancien prévôt de Gueberschwihr.

Jeunes mariés "mes parents nous ont hébergé pendant un an. Puis en 1672, nous avons emménagé dans la maison de l'Untergasse, à côté de Valentin MAECHTLEN".

Ils ont habité cette demeure pendant deux années jusqu'à l'invasion des Brandebourgeois qui sont arrivés à Gueberschwihr le lundi après la Sainte Catherine 1674.

Parlant de la soldatesque le chroniqueur précisait : "Ils se sont tenus correctement depuis leur arrivée jusque presque à leur départ. Mais lorsqu'ils ont appris qu'une armée française venant de Bourgogne arrivait, les officiers ont essayé d'extorquer de l'argent et des objets de valeurs à leurs logeurs".

C'est ainsi que le père de Jean Jacques, sous peine d'être mutilé, a dû leur verser cinquante thalers. "L'adjudant major qui était cantonné chez moi avec deux serviteurs et six chevaux a voulu m'extorquer la même somme. Mais, j'ai pu m'échapper avec ma femme Agnès et nous nous sommes réfugiés à Rouffach ; il n'a pas pu nous retrouver".

Avant le départ des Brandebourgeois, le village de Gueberschwihr fut pillé et mis à sac. Le 26 avril 1676, son épouse Agnès MEICH décéda en mettant au monde son troisième enfant.

Après trois année de veuvage, Jean Jacques LICHTLÉ convola en secondes noces avec Marie Madeleine JAECKLER d'Ammerschwihr.

Pas moins de douze enfants seront issus de cette deuxième union.

Enfin, la chronique nous révèle aussi quelques faits historiques ainsi que des événement ayant marqué la vie du village et de la famille.

On apprend ainsi que l'été 1683 fut particulièrement sec. "La fontaine de l'église débitait fort peu d'eau. Pendant le mois de juillet nous avons cherché sans succès la source dans l'église.

Mais là où on pensait la trouver sous des pierres alignées on n'a retrouvé que des tombes. On dit qu'elle se trouverait sous l'autel de Saint Pantaléon".

En 1696, Jean Jacques fit refaire six fenêtres neuves dans sa maison par un maître verrier de Colmar.

Le coût de ces travaux se sont élevés à treize florins et demi.

L'année 1709 connu un hiver très froid. "Toutes les vignes ont gelé en Alsace, sur les collines comme dans les vallées. Il n'y a pas eu de vin cette année là".

La généalogie Lichtlé

Michel SCHITT, généalogiste bien connu, a publié un important travail sur la famille LICHTLÉ, travail préfacé par Françis LICHTLÉ, archiviste de Kaysersberg.

Cette publication qui rassemble plus de 1300 familles porteurs du patronyme est toujours disponible chez l'auteur à Mulhouse.

L'ancêtre de tous les LICHTLÉ est très certainement le dénommé Michel LEYCHTLIN qui décéda à Wettolsheim le 8 novembre 1609.

Bourgeois et juré de cette commune, il avait prit pour épouse Marguerite KLEIN.

De ce couple naquirent deux enfants, Jean et Catherine.

Le 8 avril 1630, un contrat de mariage fut rédigé entre Jean LICHTLÉ et Rosine WEGBECHER, jeune fille d'Eguisheim (travaux d'André GANTER).

Cet acte précise que l'époux est bourgeois de Husseren et qu'il possède une maison dans ce même village. Sa soeur Catherine LICHTLÉ épousa en premières noces Wilhelm BRUCKER en 1606 et en secondes noces Michel TSCHAENLEIN.

Les deux mariages furent célébrés en la paroisse Saints Pierre et Paul d'Eguisheim.

Jean LICHTLÉ et Rosine WEGBECHER eurent six enfants, tous nés à Husseren les Châteaux.

Les deux garçons Michel et Jacques firent souche à Gueberschwihr.

Michel y prit pour femme Marguerite TRAEPPLER en 1649.

Jean Jacques LICHTLÉ, auteur de la chronique fait partie de l'un de leurs cinq enfants.

Les 12 enfants de Jean Jacques

De sa seconde union avec Marie Madeleine JAECKLER, Jean Jacques LICHTLÉ eu encore douze enfants.

L'aîné se prénommant Jean-Jacques comme son père fut baptisé le 3 juillet 1680 en l'église Saint Pantaléon de Gueberschwihr.

Il épousa en 1706 à Porrentruy Marie Marthe MUNIER.

Elu bourgmestre de cette ville en 1730 et aubergiste à la Cigogne, il habita une maison située en la rue des Faibvres à Porrentruy avec ses onze enfants. Sa demeure "n'était pas l'une des plus belles car le terrain était trop exigu, mais c'est l'auberge la plus fréquentée actuellement" dit le chroniqueur.

Le deuxième garçon est né en 1682 fut nommé François Imier, du nom de l'ancien saint patron de la paroisse. En 1700, il accompagna le Capitaine Saint Martin à Olonzac dans le Languedoc. Suite à ce voyage, il rédigea un journal sur ses pérégrinations.

Il convola en justes noces avec Marie Thérèse MAECHTLÉ, la fille de Valentin, bourgeois de Gueberschwihr.

Le sixième enfant, Jean Michel, naquit le 6 mai 1687, "sous le signe du Verseau et de la Lune descendante" comme l'indique son père. A l'âge de 16 ans, il parti à Soleure chez Ignace Jean GERBER, beau frère de Jean Jacques LICHTLÉ, pour y apprendre le négoce des lainages.

Dès son retour, il fit un bref séjour à Strasbourg pour aller ensuite s'installer à Porrentruy. Il s'y maria avec Marie Marguerite SCHAEPPLER et "commença le négoce pour son propre compte, en draperie, étofferie, soyerie".

En 1715, il quitta Porrentruy pour se fixer définitivement à Strasbourg où il acquit rapidement le droit de bourgeoisie.

Jean Guillaume LICHTLÉ, dixième enfant du couple,vit le jour en 1695 et en 1721, le jour de la Saint Joseph, il prononça ses voeux à Mayence. Frère de la Société de Jésus du Collège d'Ensisheim il fut recteur et économe du prieuré de Froidefontaine.

Jean Joseph LICHTLÉ, onzième enfant, fit ses études à Porrentruy puis à Sélestat et devint docteur en philosophie à Strasbourg. Il entra au Noviciat de Nancy en 1717 et prononça ses voeux peu de temps après.

"Le dimanche 21 octobre 1729, Jean Joseph a célébré sa première Messe ici dans notre église paroissial et en même temps nous a donné à moi et à mon épouse Marie Madeleine la bénédiction nuptiale. Il y avait en effet cinquante ans et cinq semaines que nous nous étions mariés".

Le chroniqueur Jean Jacques LICHTLÉ décéda en 1733, laissant à sa postérité un document non seulement précieux pour la généalogie familiale, mais également riche en relation d'événements locaux et même plus lointains.

Point n'est nécessaire de détailler ici la descendance, fort nombreuse, de cette famille, le lecteur intéressé pouvant se reporter au travail de Michel SCHMITT.

Doris FREYTAG