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Fluhr

Depuis le XVe siècle près de la Flühe...

Les Fluhr d'Alsace ont beaucoup de chance : ils bénéficient de la compétence, de la patience, du dévouement et deux ou trois autres qualités encore de l'un des leurs : Laurent Fluhr. Depuis ses onze ans, ce trentenaire passionné traque le moindre de ses ancêtres, la croustillante anecdote, l'ultime aïeul, quelque part près de Sewen, sans doute au début du XVe siècle. Et Laurent ne trouvera l'apaisement que le jour où il saura enfin où son patronyme est né. Car pour cela, plusieurs pistes se croisent, certes, mais pour ne converger, au fond, que vers une seule étymologie du nom : Fluhr vient sans doute de « Flühe », désignation générique d'une paroi rocheuse abrupte. « Oui, mais laquelle ? » demeure la question de notre féru généalogiste.

Un toponyme « Flühe » existe à Sewen même et y est mentionné dès le XVe siècle. Il pourrait être à l'origine du nom des Fluhr, dont le plus vieil ancêtre connu à ce jour, Hans Flüher, vivait à pareille époque (mais le nom de la famille est bien sûr plus ancien). Reste qu'il existe d'autres endroits au nom proche : le petit village suisse de Flüh, juste en face de Leymen et à l'ombre du Landskron, pourrait entrer en ligne de compte lui aussi, le dénommé Flüher pouvant fort bien avoir désigné celui qui est venu de Flüh, au Moyen Âge. En Allemagne, le nom est également connu très tôt, par exemple par le boulanger Hans Flüher, cité à Constance dès 1379. Les pistes ne manquent donc pas, d'où un certain embarras du choix.

Toujours est-il que, dès le XVe siècle, le nom apparaît à Sewen ; en 1515, on y trouvait Petter Fluer, Cunratt Flür et Hanß Flüer, tandis qu'Oberbruck abritait alors Velten Flür. Voilà sans doute les ancêtres des actuels Flur alsaciens que l'on trouve aujourd'hui pour l'essentiel dans la vallée de Sewen, leur berceau, certes, mais également à Mulhouse, dans le bassin potassique, du côté de Cernay et Uffholtz, dans le Bas-Rhin, les Vosges aussi et, après Rimbach-près-Masevaux, à Rimbach-Zell.

La voyelle au milieu !

La piste préférée de Laurent Fluhr demeure néanmoins celle de la Flühe de Sewen, tant il est vrai que c'est dans ce village-là qu'apparaît d'abord la famille : en 1450, Hans Flühr en était l'un des jurés avant que Jorg Fluher, entre autres, n'y apparaisse en 1494 comme paroissien. C'est sans doute de là que la famille s'est agrandie, gagnant les villages voisins. Un bon siècle plus tard, les Fluhr avaient, en effet, investi largement le secteur, puisque Michael, Andreas et Paul sont cités comme chefs de ménages à Dolleren dès les années 1580 ; ils sont d'ailleurs les ancêtres des actuels Fluhr, les branches initiées à la même époque par Diebolt et Heinrich à Sewen (vers 1590), Hans à Kirchberg (avant 1584), Jacob et Diebolt à Rimbach-près-Masevaux (avant 1590), notamment, n'ayant aujourd'hui plus aucun descendant porteur du patronyme.

Avant de se stabiliser dans sa version actuelle, Fluhr a connu de nombreuses variantes ! À Sewen, à la fin du XVIe siècle, on relève les graphies Fleür, Fleüer, Fliehr, Fleüher, Fleyher... Pas étonnant que ce nom ait intrigué quelques-uns des professeurs de Laurent qui ne savaient jamais où il convenait de mettre le « h ». Raison de plus pour Laurent d'être à son tour intrigué et de vouloir en saisir la raison d'être, voire, au-delà de cette lettre énigmatique, la signification même de ce nom « avec la voyelle au milieu ! », selon le conseil qu'il donnait à ceux qui n'arrivaient pas à l'orthographier convenablement... Est-ce ainsi que naissent, parfois, les vocations de généalogistes ? Assurément...

Une rencontre des Fluhr s'est tenue à Sewen en 2005.
Photomontage Denis Dubich  

Sewen et Masevaux

Parmi les alliances les plus précoces, on repère des noms anciens du sud du département, par exemple ceux des Naegelin et des Ringenbach, deux familles remontant elles aussi au XVe siècle, ou encore ceux des Hug, Lautenschlager, Erhart ou Kuder. Mais de sa famille, qui a également donné un maire à Thann en la personne de Xavier Fluhr (1850-1923), Laurent attend surtout un avenir, afin d'ajouter au moins cinq siècles supplémentaires à son histoire déjà longue !

N.B. : une version plus longue et plus richement illustrée de cette notice figure dans le volume II de Nos vieilles familles de Denis Dubich. Elle se prolonge par un chapitre sur les cousinades. Pour découvrir ce livre, suivez ce lien.

Denis Dubich