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Rebischung - Robischung - Robischon

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Rebischung, Robischung, Robischon - ces trois familles alsaciennes sont des branches parties d'un même tronc : les Rebischung, cités pour la première fois à Husseren en 1630, les Robischung, verriers mentionnés depuis 1700 à Wildenstein, et les Robischon, forgerons attestés depuis 1812 aux forges d'Oberbruck.

L'ancêtre du Dauphiné

Leur ancêtre commun est Jacques Robichon, fondeur et marteleur, né vers 1520 dans le Dauphiné. Mentionné pour la première fois en 1552 à Séprais, dans le Jura Suisse, il décrocha en 1555, du canton de Soleure, le bail pour l'extraction et la fonte du minerai de fer dans le bailliage de Falkenstein. C'est donc au fourneau de Herbetswil que commença l'histoire d'une famille qui, faisant preuve d'une mobilité hors du commun, essaima bientôt en Suisse, en France, en Allemagne et au Canada.

Le nom français Jacques Robichon fut bientôt germanisé en Jakob Robischon, et ses descendants virent leur nom écrit Rubischung à partir de 1600. À cette époque déjà, de premiers Rubischung cherchèrent du travail loin de chez eux. Au cours des siècles, leurs successeurs du métier du fer parvinrent dans les forges du Jura et des Alpes Suisse, puis celles de France (France-Comté, Lorraine, Bourgogne, Aquitaine) et d'Allemagne (sud-ouest, Hesse, Sarre, Palatinat, Eifel).

Le travail à la forge, selon une gravure contemporaine de Jacques Robichon.  

Des branches dans le monde entier

Dès 1740 émergea un rameau canadien, avec Nicolas Robichon, et en 1753, le forgeron Claude Robichon trouva un travail à Saint-Maurice, dans l'Océan Indien. Mentionnés jusqu'en 1856 dans plus de 130 forges (« Eisenhütten »), les Robischon étaient dans leur vaste région la plus grande famille de cette branche. Hans, l'un des quatre fils de Jakob Robischon, fonda en 1575 la branche des verriers. Non moins mobiles que les forgerons, ceux-ci migrèrent après 1600 vers les verreries (« Glashütten ») du Sundgau, de la Franche-Comté, de la Forêt-Noire et du Hegau, du Lyonnais, de la Provence et, enfin, de Choisy-le-Roi près de Paris.

Loin de chez lui, le nom de famille complexe de Rubischung fut inscrit sous plus de 400 graphies différentes dans les registres paroissiaux. 26 branches avec 22 noms différents - de Rubitschon à Rudischum en passant par Rubenschuh - formèrent finalement l'échafaudage généalogique de cette famille internationale. Sa riche histoire fut consignée dans un livre intitulé « Unterwegs in der eisernen Welt » (« en chemin dans le monde de fer », Zurich, 2009). Les recherches poussées dans les dépôts d'archives permirent de faire de la saga familiale un livre pointu sur la vie des travailleurs du fer et sur leur mobilité. Des 3100 personnes étudiées jusqu'en 1880 environ, 623 sont nées en Suisse, 744 en Allemagne et 598 en France. À elles s'ajoutent les 874 Rebischung et Rabischung alsaciens, les Robichon du Canada, les Rubenschuh qui émigrèrent au XVIIIe siècle de Hesse en Hongrie, et les R. issus de pratiquement toutes les branches qui gagnèrent à partir de 1830 l'Amérique. Entre 1891 et 1990, en France 315 autres Rebi-/Rabischung vinrent au monde, de même que 6 Robischon (de la branche des forgerons) et 81 Robischung (de la branche des verriers).

Les Rebischung et Rabischung d'Alsace

Le fondateur de cette branche, Michael Rebischung, vint aux alentours de l'an 1600 à Husseren où il épousa une veuve du nom de Wissling puis, vers 1606, une Margarethe N. En 1630 et 1632, il est mentionné dans le notariat de Saint-Amarin comme bourgeois de Husseren. Il n'existe plus de sources plus anciennes. Les registres paroissiaux de Mollau commençant en 1675 ne permettent de retracer l'histoire familiale qu'à partir de la troisième génération locale. Faute de traces écrites, le lieu d'origine des Rebischung ne peut guère se déduire que de leur patronyme lui-même. La forme aujourd'hui usitée de Rebischung n'apparut qu'à partir de 1792, avec les registres d'État civil. Le procès-verbal du notariat de 1630, à Saint-Amarin, comporte trois fois la version Rebuschun et quatre fois celle de Rebuschon. Les terminaisons renvoient phonétiquement à un -chon français (Robichon). À l'époque où Michael se fixa à Husseren, vers 1600, le nom de famille se montrait également hésitant entre Robischon (français) et Rubischung (allemand) dans le canton de Soleure.

La remarquable similitude des noms, la proximité géographique, la grande répartition des forgerons et verriers du canton de Soleure dévolus à la protection des forêts de l'État, vers 1600, l'activité minière à pareille époque dans la haute vallée de Saint-Amarin et dans les alentours, la langue et la religion communes, de même que l'inexistence d'une alternative au niveau de la filiation, parlent en faveur d'une immigration alsacienne en provenance du canton de Soleure.

Michael, le fondateur de la branche, avait, en plus de ses trois filles, des fils prénommés Anton (* ca. 1605, X Christina Ehlinger) et Claude (* ca. 1610). Anton figure dans le recensement de 1654, sous Husseren. Il avait quatre fils : Matthäus (* ca. 1635, X Anna Munsch) fut le fondateur de la lignée de Mitzach, Johann le Jeune (* ca 1647, X Maria Peter) poursuivit celle de Husseren. Les autres fils n'ont engendré qu'une descendance peu nombreuse : Claude (* ca. 1640, X Margaretha Ehlinger, puis Klara Schermann) et Johann l'Ancien (* ca. 1644, X Maria Lamblé). Dans le recensement de 1665, nous retrouvons Matthäus à Mizach et Johann le Jeune à Husseren. Les deux lignées émirent bientôt des rameaux dans les villages des alentours, puis, plus tard, en dehors de la vallée : en 1658 à Mitzach (Matthäus, de Husseren), en 1697 à Ranspach (Johann, de Mitzach, X Agatha Meny), en 1701 à Fellering (Johann, de Husseren, X Anna Maria Lutter), en 1703 à Roderen (Josef, de Mitzach, X Lukrezia Kunz), en 1709 et 1723 à Urbès (Johann, de Husseren, X Anna Maria Ruesch, puis Elisabeth Munsch, de même que Simon, de Husseren, X Maria Wilhelm, puis Anna Maria Bluntzer, enfin Barbara Gissy), en 1771 à Thann (Meinrad, de Fellering, X Magdalena Wally, puis Ursula Nehr), en 1779 à Bitschwiller (Georg, de Mitzach, X Barbara Freyburger), enfin en 1820 à Cernay (Jakob, de Ranspach, X Katharina Nehr).

La variante Rabischung apparut pour la première fois à Thann en 1771, à Cernay en 1792 et à Fellering en 1797. Pratiquement tous les Rebischung étaient agriculteurs, avant que l'industrie textile nouvellement créée ne fournisse à plus de 50 d'entre eux du travail dans ses usines. Mais plusieurs porteurs du nom échappèrent à cette corvée en émigrant, à partir de 1830, en Amérique. Mentionnons ici trois de ces émigrants ayant des descendants jusqu'à ce jour : Joseph Rebischung, de Mitzach (* 1813, X Maria Ott), connu à partir de 1833 sous le nom de Robischung (!) dans l'État de New York et depuis 1860 dans celui du Michigan ; Theobald Rebischung, de Roderen (* 1813, X Rosina Tschirhart), dans le Minnesota depuis 1870 ; Paul Rebischung, d'Urbès (* 1846, X Anastasia Andres), en Pennsylvanie depuis 1880. Dès avant 1872, la branche alsacienne du nom comportait 220 familles ! Les descendants actuels de Michael Rebischung appartiennent aux 16e et 17e générations familiales.

Les verriers Robischung

Le fondateur de cette branche, Hans (* ca. 1550, X Agnes von Büren), apprit son métier à la verrerie de Simon Hug à Gänsbrunnen, dans la paroisse de Welschenrohr. Pour ses descendants, les « Glashütten » du Sundgau devinrent les destinations finales de leurs déplacements vers Wildenstein sur la crête des Vosges et Givors dans le Lyonnais. Son petit-fils Christoph (* ca. 1625, X Anna Müller) vint à la verrerie de Raedersdorf, puis à celle de Ligsdorf.

Son fils puiné Konrad (* ca. 1660), qui avait épousé en 1684 à Ligsdorf Anna Kohler, fonda vers 1696 la verrerie peu connue de Montingaut, près de Levoncourt, dont l'existence fut de courte durée. Le fils Michael de Konrad Robischung (* 1693, X Anne Marie Crevoiserat, puis Anne Marie Raspiller) devint le représentant le plus éminent de la grande dynastie à laquelle il appartenait. À l'établissement qu'il fonda à Givors, il devint le pionnier de l'industrie verrière. C'est lui qui parvint à alimenter pour la première fois dans l'histoire son four avec de la houille en lieu et place du bois. Grâce à cette technique, Givors devint en l'espace de 20 ans la plus grande fabrique de verre de France. Les successeurs de Michael appartinrent, en tant que riches fabricants, à la bourgeoisie. La lignée de Givors essaima en Provence, tandis qu'en 1891 encore, des Robichon verriers étaient évoqués à Choisy-le-Roi, près de Paris.

À la verrerie Montingaut, dans le Sundgau, travaillait également le fils aîné de Christoph Robischung, Kaspar (* vers 1655, X N. N ?, puis Maria Schluraff). Après 1700, il rejoignit la verrerie de Wildenstein où les Robischung avait été à l'oeuvre pendant cinq générations en tant que verriers et vendeurs de produits en verre ; le dernier d'entre eux était Josef (* 1801, X Maria Anna Koch). C'est à sa mémoire que François Antoine Robischung (* 1847, X Maria Beltzung), écrivain populaire et pédagogue bien connu, érigea un monument dans « Mémoires d'un guide octogénaire » (1883). Les actuels Robischung originaires de Wildenstein appartiennent aux 12e et 13e générations.

Les forgerons Robischon

Les Robischon alsaciens ont, pour leur part, un passé très différent. Cette branche émergea des forges d'Oberbruck, où avait déjà été à l'oeuvre en 1629 un premier Rubischung soleurois. C'est ici qu'arriva, vers 1810, suivant les traditionnels chemins migratoires de sa profession, le forgeron Nicolas Robichon (* 1763, X Marie Thérèse Débiez). Il était un petit-fils de Jacques Robichon (* ca. 1686, X Claudine Bredmestre), qui partit avec deux de ses frères d'Undervelier, dans le Jura Suisse, vers les forges de Franche-Comté et fit étape en 1718 à Oberbruck pour y travailler quelque temps. La forge d'Undervelier était en 1607 le premier tremplin des Robischung soleurois partis au loin. Nicolas Robichon-Débiez repartit d'Oberbruck après 1818 et mourut à Xertigny, en Lorraine, berceau de sa branche. Mais son fils Jean-Baptiste (* 1791, X Barbe Maré), né à Champagnole (Franche-Comté), resta à la forge d'Oberbruck jusqu'à sa mort en 1856. Il devint le fondateur de ce rameau, le plus jeune des 26 rameaux familiaux. Avant son mariage en 1818 à Oberbruck, il se retrouva en 1813, comme soldat de l'armée napoléonienne, dans la Bataille des Nations de Leipzig, où il fut grièvement blessé. Il réussit néanmoins à reprendre ensuite le travail au gros marteau. Par ses fils Jean Baptiste (* 1822, X Philomena Walgenwitz) et Nicolas (* 1828, X Christine Franchebois), la branche alsacienne des Robischon se répandit pour moitié en Alsace et en Suisse où, là aussi, elle fleurit toujours après 200 ans d'existence.

Alexander Roth, Zurich