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Antony - Anthony - Antoni - Anthoni

Des Anthoni, originaires de Haute-Savoie, ont fait souche à Blodelsheim en 1705, ainsi qu'en témoigne un acte d'état civil enregistré à la paroisse Sainte-Colombe  

Une famille typiquement Suisse

Le patronyme ANTONY est issu du nom de baptème "Antoine".

Il existe de nombreux Saints qui portaient ce prénom. Mais ne citons que les deux les plus connus.

Le premier, Antoine l'Hermite appelé aussi Antoine l'Abbé ou encore Antoine l'Egyptien est fêté le 17 janvier et est le patron des animaux domestiques. Il est honoré à Appenwihr, Fellering, Bourtzwiller, Valdieu et Retzwiller.

Le second connu sous le nom d'Antoine de Padoue est fêté le 13 juin et la tradition veut qu'en l'invoquant, on retrouve les objets perdus.

Toutefois, pour ne pas alourdir cette notice, nous ne traiterons que la forme ANTONY (et variantes) bien que la forme romane Antoine est très présente en Haute-Alsace et tout particulièrement dans le Val d'Orbey.

Les formes dialectales et diminutives locales, telles que Tenig, Donius ou Tony, seront également traités ultérieurement.

Certains toponymes comportent le préfixe Antoni, tels que "l'Antonimatten" à Heimersdorf ou encore "l'Antoniweglein".

Le dictionnaire topographique du Haut-Rhin nous indique que cet "Antoniweglein" correspond à une ancienne route allant de Rixheim à Petit-Landau en passant par la Hardt. A l'époque, on avait érigé un "Antonistock" comportant la photo de Saint Antoine, dans la forêt, au bord de ce chemin, d'où la dénomination de cette voie.

L'importante souche de Blodelsheim

La première mention du patronyme dans ce village de la Hardt date de l'année 1705.

André Muller, qui était à ce moment-là curé de la paroisse Sainte-Colombe de Blodelsheim bénit l'union de Jacques ANTHONI et d'Anne Marie WEISS en présence des deux témoins Jacques WEGBECHER et Jacques DECKERT.

Grâce à cet acte, on connait l'origine de Jacques ANTHONI. Ce dernier exerçait la profession de marchand et venait de Nancy-sur-Cluses en Haute-Savoie.

Nombreux étaient les Savoyards qui, de par leur profession de marchand ou de colporteur arrivaient en Alsace pour y "trafiquer", c'est-à-dire pour exercer leur commerce.

Il s'agissait de saisonniers, quittant leurs hautes montagnes durant la mauvaise période. Ils disposaient souvent d'un petit dépôt de marchandises dans les pays où ils se rendaient, comme la Suisse, l'Allemagne et l'Alsace. Du fait des grandes distances, le retour au pays ne se faisait pas toujours.

Les études magistrales produites sur le sujet, en particulier par les époux Maistre, mettaient à l'évidence ce phénomène migratoire. Il se décompose habituellement en trois étapes: la première génération est saisonnière, la seconde reste sur place et la troisième coupe définitivement les ponts avec le lieu d'origine.

Jacques fit donc partie de cette vague migratoire à l'instar de nombreux autres habitants de Nancy-sur-Cluses. Il eut avec son épouse de nombreux enfants nés à Blodelsheim entre 1706 et 1723.

Citons Jean Jacques qui s'unit avec Catherine HANKER et Jean qui prit pour femme Ursule HAAS.

De nombreux Antoni ont gravité autour de Rouffach, dont on voit l'église Notre-Dame, notamment un messager de la ville et contrôleur des caves  

Les enfants de Jean Jacques et de Catherine firent aussi souche sur place: Blaise ANTONI épousa Catherine RIETSCHLIN en avril 1776, Jacques convola en justes noces avec Marie Anne DIEMERT et Joseph se maria avec Anne Marie SALTZMANN, jeune fille native de Kembs.

Le relevé des actes notariés de Blodelsheim réalisé par Emile DECKER, l'historien local bien connu, donne davantage de précisions sur cette famille.

On apprend ainsi q'un contrat de mariage fut rédigé en l'année 1745 lors de l'union de Jean Jacques ANTHONI avec Catherine HANCKER. L'acte précise que le nouvel époux fit promesse d'éduquer comme son propre enfant, Marie Barbe, la fille issue de la première union de Catherine HANCKER avec Martin HEMMER.

Comme le voulait le droit coutumier alors en vigueur (coutume de Haute-Alsace), du fait de sa viduité, c'est l'épouse qui promit le don matutinal (ou morgengaab) à son futur époux. Ce don matutinal ou douaire s'élevait à la somme de cent livres tournoises (livres françaises), somme relativement élevée démontrant une certaine aisance du couple.

Ce contrat nous apprend également que les parents de Catherine la fiancée, toujours en vie, promirent à leur fille l'usufruit de leur maison d'habitation à Blodelsheim.

Une visite de cave à Rouffach

Plusieurs mariages dont l'époux portait le patronyme ANTONI furent célébrés en l'église Notre-Dame de Rouffach avant la Révolution.

C'est en juillet 1667 qu'un certain Claude ANTONI épousa Marguerite SCHROETTER de Rouffach.

L'acte rédigé en latin précise que Claude est dit natif de "Hornberg ex Lotaringia". Ce Hornberg n'est autre que la traduction littérale de Cornimont (horn = corne et berg = mont) dans les Vosges.

Le glissement d'ANTOINE à ANTONI est tout a fait logique si on a à l'esprit qu'à cette époque, seul le dialecte alsacien était pratiqué ici.

En l'année 1673, toujours à Rouffach, Christophe ANTONI, fils de Sébastien, bourgeois de Soultzmatt s'unit avec Eve MURÉ, la fille de Jacques.

Quelques années plus tard, Antoine ANTONI venant de "Caesare Montanus", qui n'est autre que la forme latine de Kaysersberg, épousa la veuve Marie Madeleine STEFF.

C'est sans doute ce même Antoine qui, en février 1733, remplissait la fonction de messager de la ville de Rouffach. C'est à ce titre, en compagnie de Pierre REISSER, chef de la corporation dite "A l'Eléphant", qu'il procéda à l'inspection de la cave de Marie Catherine RICHSTEINER l'épouse de Wendling SPECK, bourgeois du dit lieu.

Ils étaient tous deux mandatés pour constater la qualité du vin rouge conservé dans cette cave. Probablement les protagonistes ne tombèrent pas d'accord quant à cette qualité puisque des injures fusèrent, ce qui poussa Marie Catherine à faire une déposition auprès du greffe du bailliage de Rouffach (inventaire d'actes divers du notariat ancien de Rouffach-Campagne par André GANTER).

A Cernay et à Thann

Le 15 avril de l'année 1684, on procéda à l'inventaire et au partage des biens après le décès de François ANTHONY, bourgeois de Cernay. Cette succession comportait en particulier une maison sise à Cernay près du "Rathstuben" qui fut estimée à 375 livres monnaie de Bâle.

Les biens furent partagés entre la veuve et ses trois enfants prénommés Jacques, Pierre et Philippe.

Une cinquantaine d'années plus tard, un décompte fut passé entre Jean Georges SCHOTT, bourgeois de Wittelsheim et les cinq enfants de Pierre ANTHONY et de Eve SCHOTT, conjoints décédés. Pierre Anthony est certainement le fils de François cité plus haut.

Parmi ses cinq enfants procrés avec Eve SCHOTT, citons Marie Anne ANTHONY épouse de Georges MIESCH, Madeleine ANTHONY épouse d'un certain Jean demeurant à Richwiller et dont le patronyme nous demeure inconnu, ou encore Michel ANTHONY exerçant son métier de cordonnier à l'étranger.

C'est dans la Collégiale Saint-Thiébaut de Thann que furent bénit les unions de plusieurs porteurs du nom. Parmi eux, mentionnons Baltasar ANTHONI qui épousa Anne LOTZ d'Aspach-le-Haut dès juillet 1629, Mathias ANTHONI qui prit pour femme Marguerite WIGENT en l'an 1640 ou encore Jean Jacques ANTHONI qui se maria avec Jacobée NICA le 18 novembre 1669 (travaux d'André ROHMER, archiviste de Thann).

François ANTONI, mort noyé dans l'Ill

Dans les registres paroissiaux de Sainte-Croix-en-Plaine, le curé nota le décès d'un certain François ANTONI, marchand savoyard, qui s'est noyé dans l'Ill au mois de mai 1683. Ce marchand malchanceux a sans doute un lien de parenté avec notre savoyard de Blodelsheim.

A pied ou à cheval, ces marchands itinérants, souvent lourdement chargés, passaient les rivière à gué. On peut imaginer que l'accident survint suite à une crue de l'Ill consécutive à la fonte des neiges.

Un autre marchand savoyard du nom de Claude ANTONI décéda à Sainte-Croix-en-Plaine en 1703. Il était veuf de Françoise, du nom typiquement savoyard de "Cucuat".

Comme le voulait la loi, le couple ne laissant aucun descendant, les biens furent partagés entre leurs collatéraux.

L'inventaire et partage de Claude est fort utile au généalogiste, car il cite des collatéraux qui ne sont autre que Jacques ANTONI de Blodelsheim, Pierre ANTONI d'Ottmarsheim, François ANTONI encore célibataire et Jacques Cucuat, le fils de Joseph, frère de la veuve.

A Ruelisheim, après le décès de Philippe ANTHONI survenu à la fin de l'année 1720, on procéda à l'inventaire et au partage de ses biens. Les héritiers furent sa veuve Anne Marie WEISS et leurs sept enfants: Jean, Philippe, Jean Jacques, Antoine, Anne Marie, Marguerite, Barbe, Catherine.

Le relevé des baptèmes catholiques de Colmar, consultables au C.D.H.F., mentionne plusieurs enfants ANTONI baptisés dans le courant du XVIIIè siècle. Ces enfants sont issus des unions de Claude ANTONI et d'Anne Marie PFISTER et de Jean ANTONI et de Barbe DEYBACH.

Un dénombrement global de ces savoyards serait à mener de manière exhaustive. Cela permettrait de repérer toutes les imbrications familiales et de mieux mesurer le poids de ces migrants dans les ascendances haut-rhinoises.

Doris Freytag