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Balliff

BALLIFF.

Le livre d'or des familles du Jura nous apprend que, dès le XIVème siècle, les Baillif sont connus à Porrentruy. La tige de cette famille est représentée par Jean Bailli. originaire de Vernois, dont le fils Huguenot Baillif fut reçu bourgeois de Porrentruy en l'an 1399. Un Jean Balliff semble avoir été bourgeois de Porrentruy en 1553. J'en descends par trois branches : Elisabeth, épouse Fautsch, Suzanne, épouse Hildenbrand, Marie-Anastasie, épouse Augustin, et Anne-Marie, épouse Augustin.

Jean BALLIFF.

Boucher de Porrentruy, il devient boucher de Masevaux en 1582. Le baumestre de Masevaux, nommé Jean Walther, et qui fut en exercice de la Sainte Catherine 1582 à la Sainte Catherine 1583, tint scrupuleusement ses livres de comptes. Parmi les recettes il inscrivit pour cet exercice une somme d'une livre et cinq sols (monnaie de Bâle) payée par "Hans Balif von Bruntraut der Metzger". Cette somme d'argent avait été perçue comme droit d'admission à la bourgeoisie de Masevaux. Egalement originaire de Porrentruy, son épouse Catherine Peterhalter lui donna cinq enfants: Jean, né à Porrentruy, puis à Masevaux Jean-Louis (juin 1585), Hugues (1587), Catherine (1589) et Suzanne (1590). Elle mourut en 1591 à Masevaux. En deuxièmes noces, Jean Balliff a épousé Catherine Roessler à Masevaux en 1592, qui lui a donné Martin (1592), Jacques (1593), Sébastien (1596) et Georges (1598).

-Son fils Jean-Louis (né en juin 1585) épousa Pétronille Jelsch et ils eurent cinq enfants, tous nés à Masevaux entre 1610 et 1620: Michel (1610), Suzanne (1612), Louis (1614), Matthias (1618) et Anne-Marguerite (1620). En 1617 Louis fut sommé de verser une amende de dix sols à cause de son cheval. La bête avait causé des dégâts dans le pré appartenant à l'église Saint Martin de Masevaux.

-La soeur de Louis, Suzanne Ballif (née en 1590), se maria à Rouffach en 1616 avec Valentin Maulbeck.

Jean BALLIFF.

Fils de Jean, il est né vers 1580 à Porrentruy. Il fut boucher de Masevaux. Le 9 février 1604, il épouse à Masevaux Catherine Summervogel, fille de Peter, native de ce lieu. Il en aura deux enfants, nés à Masevaux, Henri (1604) et Michel (1606). Jean Balliff a aussi une fille qui épouse de Matthieu Kern. Veuf, il se remarie en 1615 avec Suzanne Wissanda à Masevaux. Cette Suzanne Wissanda était la fille d'un Savoyard, Martin, qui avait épousé une fille de Masevaux, Ursule Bischoff, le 19 septembre 1584. Ce Martin Wisonder est en procès contre le chapitre de Masevaux le 26 novembre 1623, qui l'a dupé en jouant sur la différence de valeur des espèces monétaires, dans le remboursement d'une somme de 800 florins qu'il avait prêtée en 1611. Wisanda est en procès aussi en 1621, contre son beau-frère, un Lenglin. En 1618, Jean quitte Masevaux et s'installe comme boucher à Cernay. Il y est cité le 7 juillet 1618. Comme elle avait acquis le droit de bourgeoisie local, la famille acheta des biens fonciers. En 1620, il reçoit l'héritage de feue sa belle-mère Catharina Roessler. Il est créancier de feu Blässi Meder le 18 novembre 1622 à Cernay. En 1623, contrat de mariage passé entre Hanns Stümplein, bourgeois de Didenheim, et Suzanne Weissantor, veuve de maître Hanssen Balliff, le boucher de Cernay, assistés d'Anthoni Keller, baumestre à Cernay, Claus Stümpfle, père du marié, Diebolt Stumpfle, frère du marié, tous deux de Didenheim.

Jean-Michel BALLIFF.

Fils de Jean, il est né en 1606 à Masevaux. Ses parents s'installent à Cernay en 1618. Orphelin de père, il est lui aussi boucher. Il a épousé en premières noces Agnès Schultheiss le 16 juin 1631 à Cernay, dont il a eu trois enfants: Jean-Théobald, Elisabeth, et Jean-Martin. Il s'est remarié le 1er février 1639 à Cernay avec Anne-Marie Winter (contrat de mariage le 30 mai 1639), qui fit entrer dans la famille Balliff un riche patrimoine constitué notamment de l'Auberge Au Lion et des bâtiments annexes, auberge située alors au faubourg de Cernay, au sud de la Thur. Cette auberge était exploitée jusque là par son beau-père Mathias Winter.

Volumineux inventaire et partage au décès d'Anne-Marie Winter le 5 juin 1657, entre son veuf et leurs enfants, Amélie, Marie-Anastasie, Catherine et Jean. L'acte est dressé devant le bourgmestre Blaesen Barth. La succession reçoit plusieurs maisons, dont une située dans la Hintergassen, à côté de Sébastien Roesch le " quartiermeister ". Une autre maison est située dans la Pfarrgaesslin, elle a été vendue il y a longtemps. L'auberge Au Lion (" Zum Leuwen ") est estimée 750 lbs, avec le jardin situé au cimetière juif près du chemin d'Uffholtz et des biens du damoiseau Hanns-Georg Kempf d'Angreth. De nombreux bijoux et objets de valeur sont détaillés et répartis entre les enfants. Parmi les débiteurs, on cite : Balthazar Stueber, héritiers de Fridlin Goepffert, de Friderich Vischer, de Martin Fautsch, de Peter Bruckher, d'Ulrich Heyloss, de Paul Wachter, d'Adam Leimbach, les sieurs Bapst de Staffelfelden, et Hanns Fritsch le meunier. Parmi les créanciers, on cite Diebolt Balliff, son fils du premier lit, le sieur Gusset de Villiers en Bourgogne pour du bétail, le forgeron Hans Melchior Bopp, le charron Michel Eigenher, le boulanger Gabriel Pappeirer, le boulanger Hans-Martin Zeheläder, le sieur Furstenberger de Mulhouse pour marchandises et le sieur Théobald Tschob de Thann pour marchandises, le boucher Hans-Conrat Fautsch. Voilà Jean-Michel Balliff alors boucher et aubergiste, et bientôt échevin de Cernay.

Le 5 mai 1655, Michel Balliff est le voisin d'Hans Ehrenburger, bourgeois et cordier de Thann, au faubourg de Cernay. Anne-Marie Winter lui a donné quatre enfants : Marie-Anastasie, Amélie, Catherine et Jean. Enfin, en troisièmes et dernières noces, il a épousé en 1657 Anne-Barbe Ihler, qui lui a donné deux filles, Hélène et Agathe. Dès 1657 Michel fut admis au magistrat de la ville, preuve de sa réussite sociale. Dans le dénombrement de 1659 il est désigné comme " Hoste ", c'est-à-dire aubergiste. Mais en 1660 il tomba gravement malade. Dans l'espoir de lui apporter la guérison son beau-frère, Matthieu Kern, fit pour lui un pèlerinage à Mariastein , puis un autre à Einsiedeln. Mais le sort en avait décidé autrement et Michel décéda en octobre 1660. Les autorités procédèrent alors à l'inventaire exhaustif de tous ses biens. Ce document est particulièrement intéressant puisqu'il reprend, entre autre, les ustensiles utilisés à l'auberge. Comme le voulait la coutume successorale appliquée en Haute-Alsace c'est le plus jeune fils, prénommé Jean, qui hérita de la maison. Inventaire après décès, le 16 décembre 1660, entre sa veuve, Anne-Barbe Ihler, et huit enfants: Jean-Théobald et Elisabeth (d'Agnès Schultheiss), Amélie, Catherine, Anastasie et Jean (d'Anne-Marie Winter), Hélène et Agathe (d'Anne-Barbe Ihler). La maison se trouve près de la porte basse: sa fille Catherine en hérite. Il lègue l'Auberge Au Lion ("Zum Leuwen"), ainsi qu'un jardin "in Juden Kirchhoff", le tout estimé 850LBS à son fils Jean. La maison de Jean-Michel Balliff est à côté de celle du cordier Hans Ehrenburger, au faubourg de Cernay. Parmi les créanciers : Matthieu Kern, son beau-frère, suite à la part d'héritage reçue à Masevaux, et Jean-Conrad Fautsch, son gendre, le damoiseau von Bodeckh, bailli de Wattwiller, le sieur du Lanson au sujet d'une dette en Lorraine, le "roi" Mazarin pour admodiation de l'année 1559, Agnès Tschupp pour avoir porté des cierges à l'église pendant la maladie du défunt. Parmi les débiteurs: Valentin Oberlin, l'orfèvre, Hans Stutz, d'Uffholtz.

-Son fils Jean-Martin (cc.1635) n'est pas cité dans l'inventaire du 16 décembre 1660. Il a pourtant eu le temps de se marier : sa veuve Madeleine Fuchs est citée parmi les créanciers de Melchior Dangel en 1687, pour du fer. Il est témoin au décès de Thoman Surkopff, le maréchal-ferrant de Cernay, le 28 juillet 1661, créancier de feu Benoît Koenig le 3 juillet 1671, créancier de feu Pierre Schnebelen le 10 juillet 1675. Il est créancier de feue Christine Foelcher et de feu Jean Hoffmann de Cernay le 13 juin 1676. Il a eu quatre enfants: Marguerite, Catherine, Anne-Marie et Georges-Louis, tous vivants lors de l'inventaire après décès de leur mère le 13 avril 1698.

-Son fils Jean, né en 1653, lui succéda aux commandes de l'auberge "zum Leüwen" (Au Lion). L'importante route reliant Belfort à Colmar passait devant l'auberge et proposait aux hommes et aux chevaux un peu de repos. Epoux de Barbe Lysch le 17 août 1673 à Cernay, il fut tout comme son père aubergiste, boucher et membre du magistrat de la ville. Sans doute très pieux on le trouve également à la tête de la confrérie de la Bienheureuse Vierge Marie à Cernay. Mais il décéda jeune, à peine âgé de 33 ans. De ses cinq enfants, une fille Christine lui survécut. L'auberge passa alors à sa soeur Amélie Balliff, l'épouse de Jean-Georges Lorentz, natif de Soultz. Le 20 février 1687, inventaire et partage au décès de Jean Balliff, conseiller à Cernay, entre sa veuve Barbe Lysch et sa fille Christine. La maison et l'auberge "Zum Leüwen" sont au faubourg de Cernay, à côté de l'auberge au Saumon.

-Sa fille Amélie a hérité de son grand-père Matthieu Winter le 6 février 1648, elle épouse donc Jean-Georges Lorentz, de Soultz, avec qui elle tient l'Auberge " Au Lion ", qui passe ensuite, vers 1665, à la sœur d'Amélie, Catherine, épouse de Jean-Adam Hinderpfath.

-Sa fille Catherine épouse notre ancêtre Jean-Adam Hinderpfath, fils d'Adam et de Marie Strohmeyer, le 8 novembre 1665, et lui apporte en dot l'Auberge " Au Lion ". Veuf au printemps 1672, il se remarie le 18 juin 1672 avec Marguerite Keller.

Marie-Anastasie BALLIFF.

Fille de Jean-Michel, elle a hérité de son grand-père Matthieu Winter le 6 février 1648, elle épouse notre ancêtre Jean-Théobald Augustin en 1667, qui veuf, se remarie le 23 janvier 1676 avec Anne-Marie Schott, d'Aspach. Elle est mère de Jean-Théobald Augustin, né le 3 janvier 1670, et de Jean, notre ancêtre.

Elisabeth BALLIFF.

Fille de Jean-Michel et d'Agnès Schultheiss, elle épousa Jean-Conrad Fautsch avant 1660.

Jean-Thibaud BALLIFF.

Fils de Jean-Michel et d'Agnès Schultheiss, il est né le 15 juillet 1633 à Cernay, et décède le 9 février 1680 à Soultz. Comme son père, son grand-père et son arrière-grand-père, il est boucher, à Cernay puis à Soultz. C'est qu'il a épousé en premières noces, le 10.11.1659 à Soultz, devant les témoins Jean-Michel Balliff, son père, et Pierre Lorentz, maire de Soultz, Agathe Beich, héritière d'une riche famille de bouchers de Soultz. Outre son commerce en dot, elle lui donne aussi neuf enfants, entre 1661 et 1679, dont six garçons. Quatre fils se marient à Soultz: l'aîné Jean-Georges, époux d'Anastasie Immelin, Pierre, Michel et Jean-Thibaud. Veuf, il épouse le 2 janvier 1679 à Cernay la jeune Marie-Eve Meyer, fille du maître d'école de Cernay. Elle lui donne une fille, Anne-Marie, née le 20 octobre 1679 à Cernay. Inventaire après décès le 22 avril 1683 de Marie-Eve Meyer. Il a deux filles d'Eve: Anne-Barbe et Anne-Marie. Il s'est remarié à Marguerite Miesch, de Wittelsheim fin 1683, et est décédé avant le 22 avril 1686.

-Son fils Michel épouse Elisabeth Wintzer, d'une vieille famille de Soultz.

-Son fils Pierre, né le 13 janvier 1668 à Soultz, épouse Salomé Frey, fille d'André, le prévôt de Soultz, le 28.7.1692. Il est père d'Agathe, née le 14 mars 1693 à Soultz, qui épouse le soldat Michel Million à Labaroche le 15 novembre 1723, où elle meurt le 2 juillet 1780, presque nonagénaire.

-Son fils Jean-Thibaud, né vers 1670 à Soultz, épouse Anne Landonet, dont la sœur Elisabeth avait épousé Jean-Jacques Dreizenjahr, docteur à Guebwiller, et le neveu Marin-Humbert Dreizenjahr fut prévôt de Buhl. Jean-Thibaud est cité comme boucher de Soultz en 1698, il est bourgmestre de la ville en 1732. Son fils et homonyme, Jean-Thibaud Balliff, (cc.1700) boucher et aubergiste au Cerf (" Zum Hirtz "), épouse en 1729 Anne-Barbe Durrwell (15.2.1706-19.11.1783). Ce Jean-Thibaud Balliff, sixième génération de la corporation, marie sa soeur Marie-Eve à Jean-Bernard Jux le 14 août 1738. Un frère de ce dernier Jean-Thibaud, Jean-Michel Balliff (cc.1700), épouse Elisabeth Schmutz, veuve de Nicolas Bollinger, vers 1718, puis Anne-Marie Laucher le 22.11.1723.

Anne-Marie BALLIFF.

Fille de Jean-Thibaud et de Marie-Eve Meyer, née le 20 octobre 1679 à Cernay, elle épouse notre ancêtre Jean-Thibaud Augustin. Inventaire après décès le 13.2.1715 d'Anne-Marie Balliff. Elle laisse six enfants: Anne-Marie, Christine, Marguerite, Anne-Barbe, Catherine et Jean Augustin.

Jean-Georges BALLIFF.

Fils de Jean-Thibaud et d'Agathe Beich, né le 4 octobre 1665 à Soultz, il épouse Marie-Anastasie Immelin le 3.7.1691 à Soultz. Il décède le 15 février 1715 à Soultz. Il a eu onze enfants, qui se sont alliés aux Laub, Hildenbrand, Ziegler, Bernou, Baumlin et Durrwell. Sa fille Agathe (1693-20.12.1750 à Soultz) épouse le 26 juillet 1712 Bernard Ackermann, fils de Jean-Jacques et d'Agnès Herold, meunier et aubergiste Au Lion, " Zum Leuwen ". Elle a eu huit enfants.

Suzanne BALLIFF.

Née le 3 avril 1696 à Soultz, elle a épousé Jean-Balthazar Hildenbrand, puis, par contrat du 4 avril 1739, la cérémonie se déroulant deux jours plus tard, Sébastien Ziegler, de Buhl.

NOTES:

-Trois filles Balliff se marient encore à Thann ou Cernay: Marguerite, dès le 28.8.1666, avec Jean-Jacques Strobel, à Cernay, puis Anne-Marie, le 25.9.1685, avec Nicolas Weichmann, à Thann, et enfin Elisabeth, le 7.2.1689, avec Joachim Weichmann, aubergiste au Boeuf.

Nicolas GHERSI