Notices de familles ( 1305 entrées )

Cuenin

Représentés dès le XVIè siècle à Montreux-Vieux, les membres de cette famille se retrouvent un peu partout dans la partie romane de la porte de Bourgogne et d'Alsace.

 

Le patronyme CUENIN est à l'origine un prénom de baptême. Il pourrait provenir de l'allemand "Kuhn" (courageux) qui a aussi donné naissance à CONRAD. L'autre origine est une transformation du prénom Hugues, qui se retrouve alors sous la forme Huguenin. Les porteurs de ce prénom se faisaient appelés GUENIN puis CUENIN.

La première mention dans la région date de 1495; un certain CUENIN habite Belfort. Il est dit valet de Jacquot HOUGNEY, qui réside alors dans la ville. Toujours dans la cité du Lion, le registre de réception des bourgeois mentionne les prestations de serment de Jacques CUENIN en 1574.

Ce registre cite également des CUENIN originaires du Sundgau haut-rhinois. Le 29 novembre 1623, Guillaume CUENIN de Montreux manifeste le désir de devenir habitant de Belfort (le premier stade de l'intégration sociale dans la ville avant l'accession à la bourgeoisie). Il prête serment le 20 mars 1624 devant le maître bourgeois et paye 56 livres bâloises. En 1654, son fils Gaspard CUENIN est reçu bourgeois dans la ville.

L'abbaye de Valdieu

Une liste des hommes d'armes de Bourogne, dressée en 1621, mentionne six CUENIN, âgés de 20 à 42 ans (Belfort-Généalogie numéro 5). Les CUENIN sont par ailleurs connus depuis longtemps dans le Jura Suisse à Porrentruy, Soubey, Epiquerez...

A Montreux-Vieux, le patronyme est cité dès 1598 dans un livre-terrier de l'abbaye de Valdieu, avec Blaise et Huguenin CUENIN; Gérard HIMMELBERGER, de Morschwiller-le-Bas, s'est particulièrement intéressé à cette famille. L'essentiel des éléments qui suivent proviennent de ses travaux.

Après la guerre de Trente Ans (1618-1648), trois couples sont identifiés à Montreux-Vieux; Pierre CUENIN et Elisabeth, Maurice CUENIN et Jeanne BORON, Henri CUENIN et Jeanne JEANPIERRE. Henri, maire seigneurial de Montreux, prit en location une propriété rurale appartenant à l'abbaye de Valdieu comprenant des bâtiments d'habitation et d'exploitation, un potager, une chenevrière et un verger. Sa redevance annuelle: trois boisseaux et demi d'avoine. Il mourut en 1682 et son épouse deux ans plus tard.

Deux des fils Henri, Jacques et Jean Pierre avaient épousés deux soeurs, Mauricette et Anne Eve BOURQUARD de Frais, alors que sa fille Elisabeth s'était mariée avec Henri BOURQUARD du même village.

Onze familles

La famille prospéra au point de devenir l'une des plus importantes de Montreux-Vieux au XVIIIè siècle. Conservées aux Archives Départementales du Territoire de Belfort, les archives notariales de Foussemagne comprennent un nombre impressionnant d'actes concernant les CUENIN.

A noter que ces documents sont actuellement l'objet d'un dépouillement par le Cercle Généalogique de la région de Belfort, qui devrait publier tous les contrats de mariage s'y trouvant en 1994. Une statistique établie par le curé NOBLAT à la veille de la Révolution (1787) apprend que la paroisse ne comptait pas moins de 11 ménages CUENIN sur 47.

Montreux-Vieux n'était alors qu'une communauté de 232 âmes (240 en 1790). De ce village, plusieurs CUENIN partirent s'installer dans les environs: Jean épousa en 1734 Anne BEUGLET à Lutran, Louis Elisabeth BIDAUX à Chavannes-sur-l'Etang la même année Jacques qui se fixa à Novillard.

Prêtre à Courtavon

Quelques membres ont exerçé les fonctions de maître d'école à Montreux-Vieux: Jean-Pierre (1705), Pierre (1724), Jean Pierre (1734, 1748, 1749), Louis (1742), Joseph (1758), François (1764). D'autres se sont mis au service de l'église, ainsi que l'ont révélé les recherches de Louis KAMMERER. Gérard fut curé de Courtavon, et Levoncourt de 1646 à 1654. Jacques devint chanoine cistercien de Lucelle en 1713 et prit le nom de père Marcel. Il fut curé de Michelbach-le-Haut puis de Lutterbach et mourut à Lucelle en 1733, dans sa quarantième année.

Originaire de Montreux-Vieux, Jacques CUENIN fut ordonné prêtre en 1739. Vicaire à Grosne, il prit en charge la paroisse de 1741 à sa mort en 1772, à l'âge de 61 ans. Il décéda à Porrentruy où il était allé consulter un médecin. Le curé CUENIN fut enterré au pied du maître-autel de l'église de Grosne. D'une générosité sans limite, il ne laissa aucun héritage. BEHRA (Les Trois Montreux) affirme qu'il avait distribué tous ses biens aux pauvres.

Chassé de son couvent à la Révolution, Jean Baptiste CUENIN trouva refuge à Montreux-Vieux, son village natal. Avec le père Henri BEROUD, il y célébra une messe en cachette et conféra le baptême aux nouveaux-nés après le départ en exil en 1792 du curé NOBLAT qui avait refusé de prêter le serment révolutionnaire.

Soldat émigré

La liste des émigrés du Haut-Rhin, établie le 27 août 1793, comprend quelques CUENIN: Gaspard, charpentier à l'armée du Nord, Joseph, Henri et son frêre Jean-Baptiste, tous de Montreux-Vieux, et Jean-claude, soldat au Régiment Royal de Nassau, originaire de Lutran (Félix SCHAEDELIN: "L'émigration révolutionnaire du Haut-Rhin").

Après la Révolution, des CUENIN ont exercé des responsabilités municipales dans les localités où ils vivaient: Jacques a été maire de Chavannes-sur-l'Etang de 1809 à 1813 et Joseph a exercé les mêmes fonctions de 1813 à 1818 à Montreux-Vieux, commune où le nom y est aujourd'hui encore représenté.

Rubrique conçue et réalisée par Chritophe GRUDLER et André GANTER