Le nom de famille PFAFFENZELLER, typiquement guebwillerois, est aujourd'hui pratiquement éteint.

Cette famille a pourtant joué un rôle non négligeable dans l'histoire de la capitale du Florival.

Elle doit son nom au préfixe PFAFF que l'on retrouve dans de nombreux toponymes comme par exemple Pfaffenheim. Ce mot Pfaffe désignait, en vieil allemand, le monde ecclésiastique.

Quant au suffixe ZELLER on peut lui attribuer plusieurs sens, et dans le cas présent il correspondrait au céllerier, l'économe ou le responsable de la cave.

L'ancêtre des PFAFFENZELLER aurait alors occupé la fonction de céllerier pour le compte de l'autorité religieuse, en l'occurrence le Prince Abbé de Murbach.

Un document daté de 1530 et conservé au Archives Départementales à Colmar précise les revenus que le prieuré de Goldbach possédait au ban de Guebwiller.

On y trouve mention de vignes situées près du château d'ANGRETH et qui appartenaient aux héritiers PFAFFENZELLER.

L'inventaire des archives de la ville de Guebwiller, réalisé en 1928 par M. GINSBURGER alors bibliothécaire à la Bibliothèque Universitaire de Strasbourg, nous donne plusieurs références de documents citant des PFAFFENZELLER.

En 1567 Thiébaut et Jean PFAFFENZELLER, tous deux tanneurs à Guebwiller, durent verser leur redevance annuelle pour l'utilisation de l'eau nécessaire à leur métier.

Forts querelleurs, les guebwillerois ont souvent alimenté les finances de la ville en payant des amendes suite à rixes.

En 1586 par exemple Thiébaut PFAFFENZELLER fut frappé par le boulanger Richard HUGLIN qui se vit infliger une amende.

Vers 1600 le violoniste Jean PFAFFENZELLER fut blessé par le sieur GARTNER, le tenancier de l'auberge "Au Bouc".

La seconde moitié du XVIè siècle vit la montée de l'obscurantisme et les procès pour sorcellerie furent nombreux.

Aucune famille n'échappa à ce phénomène et malheur à celui qui était soupçonné, souvent à tord, de s'adonner à de telles pratiques.

On interrogea sous la torture et on livra aux flammes des centaines de personnes.

De nuit, au retour de la kilbe de Murbach, des tireurs qui avaient probablement abusé des bienfaits de la vigne, virent un animal étrange qu'ils prirent pour le diable.

Comme ce fait se passait devant la maison de Brigitte PFAFFENZELLER cela suffit pour l'accuser de sorcellerie.

Le violoniste Jean PFAFFENZELLER fut quant à lui exécuté, de concert avec Marguerite WILLER, tous deux convaincus de sorcellerie.

Cette triste période pris fin dans les atrocités de la guerre de Trente Ans.

Cette dernière, qui vit son début en Bohême en 1618, sera sans conteste une des périodes les plus sombres de notre histoire.

En 1633 les suédois avaient envahi la quasi totalité de l'Alsace et rançonnaient les populations.

Le 14 mai de cette année-là une troupe de près de 350 soldats avec leurs officiers investit Guebwiller.

On exigea des autorités le versement quotidien d'une importante somme d'argent. Cette somme fut répartie entre les bourgeois et Jos PFAFFENZELLER dû y participa à hauteur de deux livres.

De 1732 à 1760 Thomas PFAFFENZELLER fut secrétaire de la Chancellerie de Murbach alors qu'en 1689-90 Jacques PFAFFENZELLER était bourgmestre de la ville (travaux de Jean-Marie SCHMITT).

Au XVIè siècle déjà un Jean PFAFFENZELLER avait été bourgmestre et, en 1633, le prévôt de la cité fut Jos PFAFFENZELLER.

En 1652 son descendant, Jean Michel PFAFFENZELLER rappela au tribunal que son ancêtre le prévôt avait fait un prêt de mille livres à la commune de Buhl et il en exigea les intérêts échus.

Jean Michel fut également prévôt de Guebwiller en 1651.

Il figure souvent dans les actes notariés de cette époque comme vendeur et acquéreurs de divers biens.

C'est lui qui vendit par exemple en 1651 une maison en ruine à Bergholtz à Germain SIMON, ancêtre des SIMON de Bergholtz que nous avons eu l'occasion d'évoquer dans la notice consacrée à cette famille.

La veuve de Jean Michel PFAFFENZELLER est citée dans le dénombrement des bourgeois de 1657.

Un listing relevé en 1985 par Margot RICHERT de Steinbach donne l'état des chefs de famille de la ville de Guebwiller en 1633 et en 1657.

Dans la première liste nous trouvons cinq familles PFAFFENZELLER, dans la seconde il n'en reste que trois.

Cette seconde liste est intéressante car elle précise la corporation d'appartenance des chefs de famille.

Ces corporations, au nombre de cinq, regroupaient les différents corps de métiers qui existaient alors à Guebwiller.

Les PFAFFENZELLER se retrouvent dans la corporation des forgerons et dans celle des boulanger.

Il y avait en outre à cette époque la coproration des tailleurs ainsi que les deux corporations des vignerons (celle de la ville haute et celle de la ville basse).

Si les PFAFFENZELLER étaient essentiellement des tanneurs, certains furent cordonniers comme Jean, l'époux d'Anne Marie BIEHLER, dont l'inventaire de succession fut réalisé en 1713.

Au XVIIIè siècle ils eurent plus de filles que de garçon et le nom périclita.

Après la Révolution les registres de l'Etat Civil de Guebwiller ne comportent plus que sept mariages où l'un des conjoints est un PFAFFENZELLER: trois garçons et quatre filles.

Les garçons s'unirent aux JUNG, KING et JACOBERGER, les filles aux SISSON, BAECHLE, BIGO et BRANTAUER (relevé des mariages de Guebwiller réalisé en 1993 par Laurence HASSENFORDER).

En pleine guerre de Trente Ans des PFAFFENZELLER de Guebwiller étaint à Thann, peut-être en tant que réfugiés. Jos PFAFFENZELLER, sans doute le prévôt, y décéda en août 1638,suivit en janvier 1639 par Jean PFAFFENZELLER.

A Oberhergheim le veuf Laurent PFAFFENZELLER de Guebwiller pris femme en 1714 en la personne d'Apolinie OBERLIN.

Dans ce même village Jean Georges PFAFFENZELLER épousa neuf ans plus tard Anne Marie OBERLIN.

Soultz, abrita également une importante branche PFAFFENZELLER, et ce dès 1643.

L'ancêtre en est Jean Guillaume, originaire de Guebwiller, qui eut une nombreuse descendance.

Parmi elle citons Henri PFAFFENZELLER né en 1710 à Soultz, cistercien de Lucelle qui aura charge d'âme des paroisses d'Attenschwiller, Michelbach le Haut puis Kientzheim où il décédera en 1773 (répertoire du clergé d'Alsace par Louis KAMMERER).