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Un personnage illustre originaire de Blodelsheim
Nous voulons présenter cette fois un personnage méconnu, originaire de notre localité qui a fait un parcours et une carrière remarquable à l'évêché de Bâle au milieu du 18ème siècle.
Il s'agit de François DECKER né le 25 février 1691 à Blodelsheim, 6ème enfant d'une fratrie de quinze, fils de Michel et Maria HERTZOG qui, elle était originaire de Eguisheim. François était aussi petit-fils d'un certain Philippus et d'une Maria HANCKHER couple qui apparaît à Blodelsheim dès 1662 ; ce Philippus étant le premier DECKER mentionné à Blodelsheim. (Après la guerre de trente ans)
François DECKER est resté célibataire toute sa vie, dix de ses frères et soeurs se sont mariés, quatre sont décédés en bas âge. On ne connaît rien de son enfance, ni de sa jeunesse, ni même de sa scolarité, études ou formation. Ce fut probablement un garçon intelligent, aux capacités intellectuelles exceptionnelles. L'enseignement religieux catholique a sûrement contribué à son cheminement. Comme on peut le constater par la suite, il s'exprimait aussi bien en français qu'en allemand, ce qui pour l'époque était rarissime en Haute Alsace.
Nous avons découvert ce personnage à travers des recherches aux archives épiscopales de Bâle conservées à Porrentruy en Suisse. Il vécu les deux tiers de sa vie à Porrentruy comme Conseiller à la cour du Prince Evêque de Bâle. Au début du 18ème siècle le siège de l'Evêché de Bâle se situait à Arlesheim, région bâloise ; vers le milieu du siècle le siège fut déplacé à Porrentruy.
D'après les archives François DECKER était d'origine régent d'école ou maître d'école de village. Il avait donc fait des études pour en arriver là. Puis le voici à la Cour du Prince-Evêque grâce au coadjuteur Jean François de REINACH, grand chanoine de Bâle, comme homme de génie capable de bien servir.
Il eut l'occasion de servir quatre Prince Evêque en commençant par Jean Conrad de REINACH-HIRTZBACH, Jacques Sigismond de REINACH-STEINBRUN, Joseph Guillaume Rinck de BALDENSTEIN et Simon Nicolas de MONJOIE.
Pour sa première fonction à la Cour, en 1721 à l'âge de 30 ans, il fut chargé de l'organisation et de l'administration de la régale des sels dans les bailliages de la région bâloise de langue allemande de l'évêché. La régale où grenier à sel était à l'époque un organisme d'une grande importance vu les revenus de la fiscalité qui revenait au gouvernant.
En 1725, âgé de 35 ans, on le retrouve comme directeur de la régale et en même temps il est nommé conseiller intime et conseiller financier auprès de la Haute-Cour de l'Evêché de Bâle à Arlesheim. Le conseil restreint du Prince-Evêque comprenait huit personnalités de la haute société et des confidents sérieux et digne de foi dont curieusement ce François DECKER. A son arrivée, des troubles agitaient sérieusement l'Evêché et par son sens du dialogue a su maîtriser la situation économique et démographique.
Par la suite, François DECKER, sans doute fin diplomate, habile négociateur est chargé par la cour épiscopale de traiter avec le royaume de France de différents problèmes. De nombreuses troupes suisses furent recrutées et mises au service de la royauté de France sous Louis XV. Ces troupes suisses générèrent des revenus important à l'Evêché. Il fut également un remarquable négociateur avec les pays limitrophes, voir l'Empire d'Autriche, les pays germaniques et les différents cantons Suisse.
En 1743 l'évêque Jacques de REINACH-STEINBRUN décéda. Il fut remplacé par le Prince Joseph Guillaume Rinck de BALDENSTEIN, fils d'une famille noble suisse. François DECKER homme de grande sensibilité et d'un esprit clairvoyant et minutieux mis toute sa compétence au service de Son Altesse. Cet évêque fixa le siège de l'évêché au Château de Porrentruy, c'est là que DECKER fixa son domicile.
En 1744, le roi de France Louis XV visita l'Alsace par Sélestat, Colmar etc... Le Conseiller DECKER participa activement à l'élaboration du plan de rencontre entre le roi de France et le Prince Evêque. Cette rencontre eut lieu le 10 août 1744 à Sélestat. En tant qu'observateur, il assista de près à un événement historique entre dirigeants souverains.
Par son sens de l'organisation et son esprit d'ouverture il planifia de nombreux voyages et déplacements de l'Evêque. Sous ce Prince Evêque, DECKER fut nommé directeur des ponts et chaussées, ingénieur des mines, des forêts, de l'industrie en plus de sa situation de conseiller particulier et financier. Il se distingua surtout comme constructeur de routes nouvelles à travers les montagnes jurasiennes de l'Ajoie.
Des documents nous attestent que DECKER, conseiller et cheville ouvrière à la Cour, sur le plan économique, fit une oeuvre immense. L'évêché de Bâle lui doit une bonne partie de son rayonnement qu'il a connu au 18ème siècle. Par sa volonté il a aussi développé l'agriculture, contribué à l'essor de l'industrie, l'exploitation forestière et surtout l'aménagement des voies de communications pour favoriser le commerce.
En 1762, l'évêque Joseph Guillaume Rinck de BALDENSTEIN décéda et fut remplacé par Frédérique de WANGEN. C'est à ce moment que DECKER âgé de 71 ans pris du recul avec ses nombreuses fonctions et se retira. Il quitta le Château de Porrentruy pour établir son domicile en ville.
Par la suite, il allait subir quelques revers personnels qui durent le perturber, c'est en tout cas ce qui ressort de son testament écrit en 1775 qu'on a découvert. Il scella ses documents et son testament de son cachet personnel, à savoir un blason. Ces armes personnelles que nous avons découvertes.
C'est un ensemble de choses qui nous a apprit à découvrir un sacré personnage.
Toute sa vie durant, malgré ses fonctions de haut niveau, il n'a jamais oublié les proches de sa famille à Blodelsheim. Ainsi il est resté toute sa vie, en contact avec ses frères et soeurs et ses neveux. Aussi a-t-il avancé des fonds à deux neveux pour l'acquisition d'un moulin. Il a payé les études effectuées en Suisse à l'un de ses neveux.
Dans son testament de 1775, il légua différentes valeurs en monnaie à ses frères et ses soeurs, étant resté célibataire il n'eut pas d'héritiers directs.
Le 14 décembre 1776 âgé de 85 ans il décéda à Porrentruy. Inhumé au cimetière Saint Germain où sa pierre tombale est toujours visible, scellée dans le mur de l'enceinte du même cimetière sur laquelle on peut lire le texte suivant :
Cy gît celui des humains
Qui nous à fait des grands chemins
Il vient de finir sa carrière
Accordons-lui nos prières
L'église étant pour les vivants
Il a demandé en mourant
Qu'on le porta au cimetière
Et qu'on le mit sous cette pierre
F. D.
Résumé extrait à partir de
Nombreux documents
Conservés aux archives
Episcopales de Porrentruy / Suisse
Emile DECKER - Blodelsheim