Situé à peu de distance de la mairie de Valdieu-Lutran, ce calvaire a été érigé par la famille Barnabé en 1898

BARNABÉ est un patronyme issu du nom de baptême latin ou médiéval « BARNABA ». Il s'agit d'un surnom hébreu signifiant " fils de consolation, " donné au lévite Joseph qui se rendit à Chypre en compagnie de l'apôtre Paul pour y christianiser l'île au premier siècle après Jésus-Christ. La présence de cette famille à Lutran est attestée dès le XVIè siècle.

Un terrier des propriétés du prieuré de Froidefontaine sur le finage de Lutran dressé en 1588 mentionne la veuve de Henry BARNABÉ et son fils Etienne ou Steff (Archives Départementales du Haut-Rhin). On trouve aussi les noms de Bastien (Sébastien), Claudat et Steff BARNAMBÉ sur un état des tenanciers des biens de l'abbaye de Vaidieu de 1613. La famille était donc bien implantée à Lutran avant la guerre de Trente ans.

Claude BARNABÉ sera maire de Lutran après cette période de dévastations et de destructions, Il présidera en 1657 à la confection d'un nouveau registre des propriétés de l'abbaye de Valdieu sur le ban de Lutran.

En 1664, mourut à Vienne en Autriche Etienne BARNABÉ, bourgeois de cette ville, qui était colonger des biens du prieuré de Froidefontaine à Lutran. Il était l'oncle de Richard BARNABÉ et de soeur Marie Victorine, prieure du monastère des Annonciades à Porrentruy. Cette religieuse renonça en 1685 à sa part d'héritage de son oncle au profit de Richard BARNABÉ (Archives Territoriales du Territoire de Belfort).

Epoux de Barbe FRANCHEREZ, ce dernier fut le père de plusieurs enfants, dont Adam, marié à Agatha BOURQUARDEZ puis à Eve LABOUEBE, et Alice qui épousa Etienne GROSJEAN, laboureur et cabaretier à Lutran. En 1694, il fit un testament dans lequel il demandait qu'une pièce de pré réunie à son verger doive, conformément aux dernières volontés de son grand-père Etienne BARNABÉ, maire de Lutran de son vivant, demeurer dans la famille BARNABÉ.

Elle ne pouvait être aliénée sous aucun prétexte, mais devait continuer à appartenir à celui qui hériterait de sa demeure. Il eut un fils prénommé Richard lui aussi, marié à Marguerite BIDAU, qui mourut centenaire en 1736. Ce fut le père de Jean BARNABÉ qui exerça la profession de tonnelier reprise par son fils également prénommé Jean.

Les Barnabé ont fait un don d'une piéta au début du siècle à l'église de Valdieu-Lutran

Pendant la Révolution, François BARNABÉ demeurant à Montreux-Vieux, époux de Marguerite GROSJEAN, sera porté sur la liste des émigrés du Haut-Rhin pour avoir disparu de son domicile le jour de son incorporation dans l'armée républicaine en 1794. Il put toutefois réintégrer son foyer l'année suivante.

Suite à un désir formellement exprimé de son vivant par Denis BARNABÉ, célibataire demeurant à Chavannes-sur-l'Etang, la famille François BARNABÉ fit ériger en 1898 la croix de pierre qui se trouve au bord de la route reliant Lutran à Valdieu à proximité de l'école. Sculpté par l'entreprise Muller de Dannemarie, ce calvaire remplaça une ancienne croix de mission en bois qui était en mauvais état. C'est le curé-doyen HALM de Dannemarie qui procéda à sa bénédiction le 18 septembre de la même année en présence des paroissiens, de leur chargé d'âmes l'abbé HUMBERT et des curés des environs (Registre des annotations de la paroisse).

Après la Première Guerre mondiale, la famille Emile BARNABÉ-GAUTHERAT fit don à l'église de Lutran d'une péta qui se trouve toujours dans la partie droite de la nef (Registre des annotations de la paroisse).

Quelques membres de la famille exercèrent les fonctions de maire dans les deux anciennes communes. Citons pour Lutran Etienne et Claude BARNABÉ au XVIIè siècle, Louis BARNABÉ (1856-1857), Joseph BARNABÉ (1884- 1887) et Paul BARNABÉ (1971-1972) et pour Valdieu, Louis BARNABÉ (1851-1865) ainsi que son fils Louis BARNABÉ (1886-1896).