Le patronyme BRUN est fort bien représenté dans notre région. D'après les dictionnaires étymologiques, le nom de famille BRUN proviendrait d'un sobriquet désignant une personne brune de cheveux.

Mais au fil des recherches, d'autres explications peuvent être trouvées. Ainsi, dans les registres paroissiaux d'Issenheim, un certain Jean DUPUI, veuf, appelé dans le langage populaire BRUNN ("viduus Joannes DUPUI vulgo BRUNN") s'unit avec Christine WERNER de Thann en l'année 1721. L'origine du nom provient ici d'une traduction de puits par brunn, diminutif de brunnen, la fontaine ou le puits.

Près de l'église d'Orschwihr, le monument funéraire de François-Jacques Brun (1790-1850) et de son épouse

Disons tout d'abord qu'il existe plusieures souches BRUN, n'ayant vraisemblablement aucun lien les unes avec les autres De plus, on trouve différentes variantes à ce nom de famille, tels que BRAUN ou BRUNNER, familles que nous ne traiterons pas dans le cadre de cette notice et qui feront l'objet d'une notice spécifique.

Le "Dictionnaire Historique et Biographique de la Suisse" nous indique que le nom de famille BRUN est répandu dans les cantons de Genève, Lucerne, Neufchâtel, Vaud et Zurich. Ainsi, dans le canton de Zurich, c'était une famille de chevaliers mentionnée pour la première fois en l'an 1200. Ils portaient pour armoiries "d'or à l'étoile à six rais de gueules". Dans le canton de Vaud, Louis Auguste BRUN fit sa carrière de peintre à la cour de Louis XVI et fut admis à l'Académie de peinture de Paris.

L'ouvrage de l'historien rouffachois Theobald WALTER, "Urkunden und Regesten der Stadt Rufach", cite le nom de Fritscheman BRUNE à maintes reprises entre 1321 et 1347. Ce dernier est mentionné plusieurs fois en tant que témoin lors de la rédaction de divers actes de vente. Ainsi, il est présent lorsque le Frère HEYMANN de l'Abbaye de Lucelle donne à Wilhelm BROTBACKER de Rouffach quatorze Schatz de vignes situés au Bollenberg.

En échange, le Rouffachois promet de verser un cens annuel en nature de six mesures de vin blanc. En l'année 1347, "an dem Samstag vor der Lichtmessee" (le samedi avant la Chandeleur), Elisabeth VON SCHÄNAU de Rouffach, veuve de Fritschemann BRUNEN, vend à Henin MÜLLER de Rouffach une rente d'une livre, monnaie de Bâle. Cette redevance est garantie par une maison se trouvant près de la tour neuve à Rouffach.

Grâce aux recherches effectuées par Emile DECKER, on apprend que la famille BRUN est présente à Blodelsheim dès le XVIè siècle. L'état des impositions daté de l'année 1567, nous révèle l'existence d'André BRUN, aubergiste de profession, soumis à l'impôt sur le vin. En cette année-là, il débite environ 2450 litres de vin dans son auberge.

Ensuite, on perd la trace de cette famille pour la voir réapparaître dans les registres de la paroisse en 1663, année ou Anne BRUN s'unit avec Ours KAUFFMANN. En 1685, un contrat de mariage est passé entre Adam BRUN, fils d'Adam, bourgeois d'Eguisheim et Cécile STEINER, jeune fille de Biltzheim. Le couple s'installera à Blodelsheim et aura une nombreuse descendance. Ainsi, on relève plusieurs unions BRUN dans les registres paroissiaux : Jean BRUN et Anne Marie DECKER en 1721, Joseph BRUN et Catherine ARTZER en 1738, Joseph BRUN et Marie Anne STOFFEL en 1757 ou encore François Blaise BRUN et Anne Marie KAUFFMANN en 1774 (Répertoire des mariages de Blodelsheim réalisé par Emile DECKER).

Le nom de famille est très bien représenté dans le petit village viticole de Westhalten. Ainsi, on y note entre 1678 et 1801 une trentaine d'unions où l'époux est un BRUN. Le 21 février 1678, Lucas BRUN, originaire de Westhalten s'unit avec Anne JUNCKER. D'après le compte-rendu de L'Alsace du 30 juin 1987, relatant la grande réunion de près de 450 BRUN, cette famille serait originaire de Suisse. Daniel HAURY de Westhalten qui a étudié cette branche en a dressé un imposant arbre généalogique.

Orschwihr, village voisin de Westhalten, a également vu s'installer une famille BRUN. Ainsi, "l'inventaire des monuments et des richesses artistiques de Guebwiller" indique l'existence d'un monument funéraire daté des années 1849 et 1850. Ce monument en grès jaune d'une hauteur de deux mètres dix, se compose d'un bas relief et d'un ensemble de deux statues. Une inscription, en caractères gothiques, est gravée sur la face et le socle.

On peut y lire qu'en cet endroit reposent François Jacques BRUNN, né en juillet 1790 et décédé le 18 mars 1849, et son épouse Reine HUNOLD, née le 18 décembre 1788 et décédée le 14 avril 1850. François Jacques était fils de Jacques "BRAUN" et Marie Anne NESSEL. Issenheim fut également terre d'accueil pour une famille BRUN. En 1712, Jean BRUN de "Luttenbach" (Lautenbach) unit sa destinée à Jeanne STROBEL. En 1714, Jean Thiébaut BRUN prend pour femme Anne Marie HANNAUER.

Dans les registres de sépultures, on relèvera plusieurs décès d'enfants issus de ce dernier couple. Dans la vallée du Florival, à Lautenbach, les BRUN sont présents dès le XVIIè siècle. Jean BRUN, originaire de Guebwiller, y épousa en février 1654 Anne CLAD de Linthal. Trente ans plus tard Balthazar BRUN, également de Guebwiller, se mariait avec Barbe SCHAFFHAUSER. Signalons enfin une ancienne famille BRUN à Cernay ou Henri exerçait la profession de maréchal-ferrant au début du XVIIIè siècle.

En l'année 1714 le Curé de Hirtzfelden enregistre l'acte de sépulture de Martinus BRUNN, "pastor ovium" c'est-à-dire berger. Le 27 avril 1679, on célèbre en la paroisse de Meyenheim l'union de Valentin BRUN "ex Werentzhusen prope Pfirt" autrement dit de Werentzhouse près de Ferrette, et de Marie BOSSERT.

Le Wasserhüs de Falkwiller, magnifique ferme à colombages située dans le vallon de Soultzbach, porte gravée l'indication suivante : "JOHANES BRUN UND CADHRINA BOEGLIN ANNO 1718" (Sundgau 7 numéro 1, décembre 1990). Il faut noter que les BRUN sont nombreux dans ce secteur, et particulièrement à Guevenatten. Le 29 mars 1674, un contrat de mariage est passé entre Jean BRUN, bourgeois de Masevaux et Anne Marie SAINTE, veuve de Thiébaut JUNGERMANN. Près de la frontière Suisse, à Leymen, une famille BRUN s'installe au moulin, venant de la région de Lucerne. La famille habitera au hameau du Thannenwald.

Comme beaucoup d'autres familles alsaciennes, les BRUN ont été séduits par le Nouveau Monde et sont partis Outre Atlantique espérant y trouver une vie meilleure. Ainsi, Bernard BRUN, menuisier, né et domicilié à Ferrette, fit une demande de passeport en 1839 pour la ville de New York. Il quitta sa terre natale en compagnie de sa femme, ses quatre enfants et ses deux neveux. De même, Thérèse BRUN, âgée de 23 ans, native de Steinsoultz et demeurant à Hegenheim s'est vue délivrer un passeport pour l'Amérique le 3 avril 1849.