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Ringenbach - Rinckenbach

Dans les méandres du ruisseau

Le début de l'histoire de l'une de nos familles Ringenbach remonte à l'an 1450 avec Claus Ringgenbach qui nous fait le plaisir d'être mentionné dans le livre des revenus et des actes paroissiaux des curés de Sewen. Le plus ancien des Ringenbach connus à ce jour dans cette vallée se prénommait donc Nicolas et faisait partie des jurés de la vallée de Sewen et Kirchberg.

L'histoire ne dit pas si Claus est l'ancêtre de Hemman Ringenbach, époux d'Elsin Capeller, dont nous trouvons l'inscription, en 1494, dans le livre des anniversaires de la paroisse de Sewen. Le même ouvrage contient les noms de Dorothea, Claus et Katherin Rinckenbach, avant que nous ne relevions, en 1504, celui d'Andres Rinckenbach. Force est donc de constater que, dès les premières mentions connues, le patronyme était manifestement prononcé Rinckenbach, au moins occasionnellement. On ne s'étonnera par conséquent guère d'apprendre que les facteurs d'orgues Rinckenbach, d'Ammerschwihr, sont issus de la même famille, comme nous le verrons plus loin.

Petit ruisseau

D'un point de vue étymologique, Ringenbach et Rinckenbach reposent sans doute sur « rinke », « petit » en vieil allemand (cf. « gering », en allemand moderne), plutôt que sur un improbable mouvement circulaire (Ring) d'un cours d'eau : nous aurions donc pour signification : « celui qui vit près du petit ruisseau ». Et les petits ruisseaux ne manquant pas, il restera sans doute impossible de déterminer lequel d'entre eux donna, jadis, son nom à la famille.

Une autre souche encore que celle de la vallée de la Doller est connue, et ce dès 1423, puisque le nom d'un certain Henni Ringkenbach, de Wintzenheim, figure alors sur un parchemin rédigé par Claws Breitenhein, sous-prévôt de Colmar. Il s'agit d'un « Urphed », une promesse de ne pas récidiver après que Henni eut menacé le Colmarien Böldelin.

C'est peut-être à cette souche-là qu'appartenait Peter Rinckenbach qui vivait au XVIe siècle dans la rue de la fontaine à Ribeauvillé et dont la veuve est citée en 1574. D'ailleurs, il est bien probable que Henni et Peter soient originaires de la vallée de la Doller et tout simplement partis s'établir un peu plus loin, ce qui était beaucoup plus courant, au Moyen Âge, que nous ne le pensons parfois : nos ancêtres faisaient alors preuve d'une grande mobilité, allant s'établir là où ils trouvaient du travail ou tombaient amoureux !

Longtemps après toutes ces vieilles mentions, nous trouvons aujourd'hui de nombreuses familles du nom, et non uniquement en Alsace. L'un des fiers porteurs du patronyme en question s'intéressant de près à l'histoire de sa famille est né à Thann, donc tout près du berceau familial, vit à Ungersheim où nous l'avons rencontré : pour Yves Ringenbach tout est parti d'une photographie et d'un livret de famille, ceux de ses grands-parents Eugène Jacques Ringenbach et Marie-Georgette Wagner unis pour la vie en 1908 à Guewenheim. Intrigué par ces vieux souvenirs de famille, Yves Ringenbach a décidé de remonter le fil des générations, un travail de longue haleine dont il n'a pas encore entrevu la fin. Mais, sportif et d'une nature optimiste, Yves prend son temps et, entre deux entraînements de tennis, part à la recherche de quelques ancêtres supplémentaires.

Yves Ringenbach, d'Ungersheim, s'est mis en quête de ses ascendants et est fier de la vieille horloge héritée de sa famille.
Photos et montages Denis Dubich  

À Soultz en 1600

Que la famille soit établie près de Guebwiller n'est du reste pas aussi récent que l'arrivée d'Yves Ringenbach à Ungersheim au XXe siècle ! Dès l'an 1600, en effet, nous relevons dans les registres paroissiaux de Soultz le baptême de Georgius, fils de Wolfgangus Ringenbach et de son épouse Barbara Frey. La mention suivante, à Soultz, date de 1650, lorsque Martin Rinckhenbach, de Bergholtz, épouse Ursula Hach, de Guebwiller. Depuis quelques décennies, en effet, des Ringenbach vivaient dans ce village où était cité en 1623 un Burckhart, à nouveau mentionné en 1628 en même temps qu'un Heinrich, engagés tous les deux dans des procédures judiciaires à l'ordre du jour du Tribunal local et les opposant à Michel Rueff, Hans Schermesser, Stoffel Dirr et Claus Kuelman.

Mais revenons, pour finir, dans le berceau des Ringenbach, où ils se sont notamment unis aux familles Luttringer, Erhart et Ehret, Steger, Gasser, Diemunsch, Behra, Herrgott, Iltis et Robischung, autant d'autres vieilles lignées bien connues entre Thann et l'amorce du Ballon d'Alsace. Voilà qui promet encore quelques belles années de recherches à Yves Ringenbach.

Facteurs d'orgues

Nous avons précisé plus haut déjà que les Ringenbach et Rinckenbach alsaciens avaient un début d'histoire commune : les Rinckenbach d'Ammerschwihr viennent, en effet, de la vallée de la Doller. Dès 1666, Johann Adam Rinckenbach, fils de Melchior, de Masevaux, épouse à Ammerschwihr Ursula Schwartz. Le couple aura neuf enfants entre 1669 et 1689.

Mais il faudra attendre 1742 pour qu'un nouveau membre de la famille arrive dans ce charmant village viticole : le maréchal-ferrant Johann Rinkenbach, de Sentheim, convole alors à Ammerschwihr avec Maria Anna Hecht, puis avec Elisabeth Frieh en 1745.

Les familles suivantes, alliées elles aussi aux Rinkenbach, dont le nom sera bientôt écrit Rinckenbach, sont au XVIIIe siècle les Bergäntzle, Madamé et Blank, puis, au XIXe, les Bernhart, Ebenrecht, Schneider, Noll, Salzmann (Sigolsheim), Klein et, en 1903, les Immelé (Herrlisheim), pour ne citer que les premières.

C'est une prodigieuse dynastie de facteurs d'orgues que connaîtra la famille entre 1828 et 1931. Elle commence avec Valentin (1795-1862), neveu du grand facteur d'orgues Joseph Bergæntzel, qui se lance dans ce métier en impliquant toute sa famille : son frère Jacques Rinkenbach, ses fils Valentin (1831-1870) et Charles (1834-1869), ainsi que son neveu Martin (1834-1917), puis Joseph (1876-1949), fils de Martin (c'est avec Martin qu'est réapparu le « c » de Rinckenbach) et enfin Théophile (1868-1925). Les différentes générations construiront ou répareront des dizaines d'instruments dans la région, comme celui d'Ensisheim, ainsi qu'à l'étranger (Willisau, Olten, Rohrbach, Lucerne...).

Denis Dubich

N.B. : une version plus longue et plus richement illustrée de cette notice figure dans le volume II de Nos vieilles familles de Denis Dubich. Elle se prolonge par un chapitre sur les anciennes familles de Sewen et ses alentours. Pour découvrir ce livre, suivez ce lien.